Ten | Newtmas FR

vingt-neuf

Durant la semaine et demie qui suit, les jours se suivent et se ressemblent.

Lors de mon rendez-vous avec lui, Janson m'a dit qu'il avait décidé que je ne devrais plus reprendre contact avec mes parents. J'ai protesté, bien sûr, mais en vain. La sérénité sur son visage pendant qu'il me regardait fulminer et m'expliquait pourquoi j'avais tort de penser que j'avais besoin de parler à mes parents était suffisante pour me donner envie de lui mettre mon poing dans la figure. Je ne l'ai pas fait, mais m'imaginer le faire m'a aidé à faire passer le moment plus facilement.

Il m'a aussi posé toutes les questions auxquelles je m'attendais de sa part, et je lui ai expliqué que je n'ai pas bougé devant la voiture parce que c'est allé trop vite. Mais bon, il semble que les patients psychiatriques ne sont pas ceux qui inspirent le plus confiance ici, parce que j'étais aussi crédible aux yeux de Janson qu'un enfant de cinq disant à ses parents que c'est son chien qui a dessiné sur le mur. Peu importe le nombre de fois où j'ai insisté sur mon histoire, ça n'a pas fonctionné.

Depuis, mes séances de thérapie sont devenues bizarres. Il me demande comment je me sens par rapport au divorce de mes parents, et je pleure ou je le regarde froidement. Je lui ai dit que je coopérais, mais quand je le regarde, mon envie de rébellion refait surface. Peut-être que je tiens ça de Thomas.

En parlant de lui, nous n'avons jamais continué notre conversation. J'étais un peu impatient, en voyant comment il m'a fait parlé d'Alby et moi sans jamais me dire pourquoi. On s'est souvent vus depuis, mais il n'a jamais reparlé de ça, alors moi non plus. Souvent nous passons du temps ensemble dans la salle de récréation, le reste du temps il retourne dans sa chambre.

Comme je m'y attendais, la plupart des conversations à table concernent le procès. Ils ont reçu une lettre d'un avocat aujourd'hui, et ils ont chacun un entretien avec lui prévu pour bientôt. Ils ont tous l'air nerveux, surtout Chuck. Mais la bonne nouvelle, c'est qu'ils ont de grandes chances de ne pas aller au tribunal. Ils seront simplement utilisés pour les informations qu'ils détiennent. Etant donné qu'ils sont ici, ils ne sont pas considérés comme assez fiables.

Thomas n'a pas l'air aussi inquiet qu'il devrait l'être, mais au petit-déjeuner et à midi aujourd'hui, il semble particulièrement agité. Je lui ai demandé s'il allait bien, et il a levé les yeux de son assiette, m'a souri, et m'a répondu "bien sûr" comme si c'était la chose la plus évidente au monde. C'était un peu trop forcé, mais je n'ai rien dit.

Après le déjeuner, Thomas s'est précipité dans sa chambre et Chuck m'a proposé de pousser mon fauteuil roulant jusqu'en thérapie. Je lui ai dit que je pouvais le faire, mais il ne s'est même pas donné la peine de répondre. C'est mon chauffeur personnel à TIMI, et je suis constamment en train de le remercier. Je ne mérite vraiment pas la gentillesse de cet enfant.

La thérapie s'est déroulée comme d'habitude. Il m'a demandé comment je gérais le fait de ne pas parler à mes parents, et je lui ai dis que c'était horrible. Bien sûr il m'a demandé pourquoi, et j'ai presque levé les yeux au ciel. Je lui ai dit que j'étais inquiet pour eux, et il m'a répondu que j'avais peut-être des troubles de l'attachement. Toute cette saleté de thérapie est en train de tourner au fiasco, comme je m'y attendais. Je sais que j'ai dit que j'essaierais, mais clairement ça n'apporte rien. Apparemment maintenant, mes TOC sont apparus parce que j'aime trop mes parents.

Avant que je ne parte, il m'a dit que je commencerai à prendre un nouveau médicament à partir de demain, "compte tenu des récents événements". Je n'ai même pas réagi ou demandé ce que c'était. J'ai l'habitude, et honnêtement, je m'en fiche.

Maintenant, je suis assis dans ma chambre en train d'écrire dans mon journal, parce que c'est à peu près la seule chose que je sais faire correctement ces derniers temps. Presque chaque moment passé ici, je l'écris. Chuck l'a remarqué, mais il ne me dit jamais rien. J'avais peur qu'il me demande constamment ce que je suis en train d'écrire, mais il me laisse juste continuer ce que je fais.