vingt-huit

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J'ai rencontré Alby lors de ma première année au collège.

J'avais onze ans à l'époque, et plus ou moins, j'étais un enfant normal. Peut-être un peu timide, mais normal. Je plaisantais avec les autres avec le sarcasme que j'avais l'habitude d'avoir —et que j'ai peut-être encore— et je riais aux éclats jusqu'à avoir mal au ventre. Je courais normalement, et être bousculé par quelqu'un ne me posait pas de problème. Alors dans tous les sens du termes, excepté un peu d'anxiété, j'étais normal.

Alby avait les mêmes cours que moi cette année-là. Nous n'avions pas parlé tout de suite, à cause du stress des premiers jours d'école. Mais quand nous avions été placés à côté en première heure de cours, nous n'avions pas eu d'autre choix que nous lier d'amitié.

Il était gentil, il avait le même sens de l'humour atypique que moi, et il adorait lire et écrire. Typiquement tout ce que j'aurais pu demander d'un ami. C'est allé très vite à partir de là, j'ai rencontré quelques uns de ses amis au déjeuner —Jack, Jorge et Clint— et ils m'ont immédiatement intégré dans leur petite bande.

Nous avons rapidement commencé à nous voir en dehors des cours, que ce soit dans les maisons des uns ou des autres ou ailleurs dans la ville. On jouait au football —en tout cas on essayait— ou aux jeux vidéos, et on s'amusait à embêter les parents de celui chez qui on se retrouvait. C'était une période géniale.

Lors de ma dernière année de collège et que j'avais treize ans, j'avais invité le groupe chez moi. Ma maison n'était pas un point de rendez-vous récurrent parce que mon père ne supportait pas la bruit, mais si nous restions la majeur partie du temps dans le jardin, il ne se plaignait pas beaucoup. Je pense qu'il était aussi simplement content que j'aie des amis.

Tout le monde était resté dans le jardin pendant que je suis rentré pour dire bonjour à mes parents comme j'avais l'habitude de le faire en rentrant de l'école, et je me suis paralysé sur le pas de la porte. Ils étaient tous les deux placés sur deux côtés opposés du salon, les larmes dévalant les joues de ma mère tandis que mon père criait. J'ai ressenti ce poids familier dans ma poitrine et cette fissure dans mon cœur, et ils ne m'ont même pas remarqué jusqu'à ce que je ferme la porte.

"C'est à propos de quoi, cette fois ?" je leur ai demandé, m'avançant jusqu'à être pile au milieu de mes deux parents collés contre les murs. C'était important —ne pas avoir l'air de choisir un côté ou un autre.

Ils m'ont expliqué leur dispute avec de la colère dans la voix, et il a fallu quelques minutes pour qu'ils soient assez calmes pour me raconter ce qui s'était passé avec clarté. Mais une fois que j'ai eu toutes les cartes en main, je les ai fait asseoir et leur ai dit à tous les deux quels étaient leurs problèmes. Nous avons tous criés. Nous avons tous pleurés. Mais à la fin, j'ai réussi à tout arranger.

Et c'est à moment que je me suis souvenu de mes amis dehors.

Je me suis levé du canapé et me suis précipité dehors, demandant déjà mille fois pardon. Mais ils étaient tous occupés. Occupés à parler avec Teresa.

Elle se tenait là sur ma pelouse, dans une robe bleue qui faisait ressortir ses yeux, son habituel sourire éclatant sur le visage tandis qu'elle parlait à mes amis. Tout particulièrement, elle parlait beaucoup à Alby, qui essayait de manière vraiment gênante de la faire rire. Peu importe à quel point ses tentatives étaient mauvaises, elle riait quand même. Bien sûr qu'elle riait.

Quelque chose en moi s'est enflammé en moi à cette vision. Je ne sais pas ce que c'était, de la colère peut-être ? Ça n'avait pas de sens d'être en colère, mais quoi que c'était, c'était fort. Assez fort pour me faire descendre les escaliers pour me placer en face d'Alby.

Ten | Newtmas FRWhere stories live. Discover now