vingt-cinq

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AVERTISSEMENT : Les pensées de Newt vont devenir assez sombres à un moment donné. C'est très court, mais faîtes attention si vous y êtes sensibles. Vous pouvez m'envoyer un message privé si vous souhaitez plus d'informations.


La petite zone sur notre chemin vers le bâtiment qui consiste à traverser une rue est une grande source d'inquiétude pour les infirmiers qui nous accompagnent. Il semble que faire avancer un groupe de patients psychiatriques au milieu d'une route n'est pas vraiment une tâche facile.

Le groupe du premier bus et le nôtre sont rassemblés à présent, et nous sommes tous péniblement entassés sur le trottoir, les infirmiers répartis autour de nous pour empêcher qui que ce soit de faire quoi que ce soit. Ils se parlent nerveusement entre eux, en majorité pour élaborer un plan pour nous faire passer de l'autre côté sans égratignures.

En ce qui me concerne, je suis à la fin du groupe avec Thomas. Nos mains ne sont plus liées, mais il est toujours avec moi. Avant que je ne puisse devenir trop anxieux à la pensée qu'il est simplement gentil avec moi, je me rappelle que Gally est devant. Il a ses propres raisons d'être derrière.

Il ne fait ni trop chaud ni trop froid, mais je serais incapable de dire si c'était le cas de toute façon. J'ai cette espèce de liaison entre la tristesse et le froid. A chaque fois que je suis triste —du genre, vraiment triste, cette tristesse qui te donne la sensation de te faire écraser par un poids énorme—, je ressens des frissons. Les frissons partent de ma poitrine, se répandent dans mes bras, dans mes doigts, et même dans mon estomac et dans ma gorge, s'installant partout et me paralysant l'espace d'un instant.

Quand la tristesse se prolonge, comme ce que je ressens maintenant, j'ai la sensation de plonger dans de l'eau glacée.

Mais tout de même, à part ça, c'est étrange d'être dehors après en avoir eu l'interdiction pour un long moment. Ce n'est pas quelque chose dont je pensais me préoccuper, et je ne l'ai pas du tout fait, trop occupé avec ce qui se passait. Mais néanmoins, ça fait du bien de sentir l'air frais remplir mes poumons.

Un des infirmiers se met à crier depuis le devant du groupe, et je comprends seulement les mots "c'est parti" et "dépêchez-vous" à travers mon état de semi-conscience. Avant que je ne le sache, tout le monde se met à bouger devant moi, et je suis forcé de les suivre, comptant les chiffres dans ma tête en essayant de ne marcher sur les pieds de personne. Dieu sait quel genre de crise je pourrais faire si je trébuchais sur quelqu'un.

Quand nous arrivons sur la route, j'ai à peine posé un pied sur le bitume que j'atteints dix, m'arrêtant pour claquer mes doigts rapidement. Je suis tout à fait conscient que Thomas me fixe avec des yeux inquiets pendant ce temps, faisant monter l'anxiété en moi comme un ballon prêt à exposer.

"Dépêche-toi,"me parviens le grognement agacé de l'infirmier derrière moi, n'améliorant pas ma situation.

Heureusement, il y a écart entre moi et les autres suffisamment large pour que je puisse traverser la fin de la route en dix grandes enjambées, Thomas accélérant à mes côtés. Mais au moment où j'atterris sur le trottoir d'en face, je dois à nouveau m'arrêter pour claquer mes doigts, les yeux douloureux.

"Tu n'es pas obligé de faire ça, tu sais," dit Thomas. Ses mots sont gentils mais son expression est étrange, elle n'est même par dirigée vers moi mais plutôt vers ce qui nous entoure. Ses yeux jettent des regards aux alentours, dans la rue.

"J'en ai envie," je réponds en me remettant à marcher. Thomas me suit, mais son regard est toujours perdu. En temps normal, je ne demanderais pas ça, mais si ça permet de diminuer l'attention portée sur moi, alors ça en vaut la peine. "Tu vas bien ?"

Ten | Newtmas FRWhere stories live. Discover now