Ten | Newtmas FR

trente-deux

J'ai embrassé un garçon.

C'est ma première pensée quand mon esprit reprend conscience. Avant même que mes yeux ne s'ouvrent, ma journée commence avec une bonne dose d'anxiété. Me rejouer la nuit dernière dans ma tête ne m'aide pas vraiment.

Je suis complètement étalé sur le lit, et ça me prend un moment pour me rappeler que quelqu'un devrait être ici aussi. Je me suis endormi à côté de Thomas, n'est-ce pas ?

J'ouvre enfin les yeux, et mon anxiété augmente un peu plus à la vue de Thomas assis au bord du lit. Il est dos à moi, et je présume qu'il est en train de regarder la télé. Il porte aussi des vêtements différents, alors il est probablement réveillé depuis beaucoup plus longtemps que moi. C'est un peu embarrassant en quelque sorte, mais je suis trop fatigué pour y penser.

Quand je me redresse pour m'asseoir, Thomas se retourne avec un léger sourire.

"Salut," me dit-il. "J'étais sur le point de te réveiller, justement. Comment tu te sens ?"

Effrayé ? Anxieux ? Fatigué ? "Bien," je réponds. Je me tourne vers la gauche pour regarder l'heure, et il est presque dix heures.

"J'ai tes médicaments dans ma valise," dit Thomas en se levant du lit. "Tu veux les prendre maintenant ?"

"Euh," je commence, mon cerveau toujours embrumé par le sommeil. "Ouais, laisse-moi juste... me préparer d'abord."

"Bien sûr," dit Thomas en hochant la tête. Il a l'air étrangement énergique. "Est-ce que je peux t'apporter quoi que ce soit ? Je peux t'aider à marcher ou faire rouler ton fauteuil jusqu'à la salle de bain, aussi."

"Ça va aller, merci," je dis en me frottant les yeux. J'ai pour habitude de me lever bien plus tôt, mais hier soir, nous nous sommes couchés à une heure incroyablement tardive.

Je me déporte sur le bord du lit, puis je fixe ma valise du regard. Elle assez éloignée de moi. Est-ce que je ne pourrais pas tout simplement me lever, marcher jusqu'à elle, et m'habiller comme une personne normale ? Au lieu de ça, j'ai mes dix et une cheville cassée.

Comme si Thomas venait de lire dans mes pensées, il attrape ma valise et la pose sur le lit à côté de moi avant que je n'ai le temps de protester. Je lui offre un sourire de remerciement avant de me tourner vers mes affaires pour prendre des vêtements. Un jean et un tee-shirt bleu à manches longues, quelque chose que je n'ai jamais porté à TIMI.

Je me lève et compte mes pas jusqu'à la salle de bain, mes vêtements dans les bras. J'y arrive en six pas, puis je me tourne pour fermer la porte avec un septième pas. En me retournant de nouveau pour me regarder dans le miroir, j'arrive à huit.

Pour une raison que j'ignore, j'ai l'air différent. Je n'arrive pas à mettre le doigt sur quelque chose de spécifique, mais j'ai l'air... plus vieux ? Les mêmes yeux marron, les mêmes cheveux blonds. Je suis fatigué, alors mes joues sont rougies par le sommeil et mes paupières sont un peu tombantes. Mais ce n'est pas ça qui me perturbe —je me sens différent aussi.

Quand je sors de la salle de bain, mes anciens vêtements dans les bras, Thomas a le regard tourné vers moi. Il est assis sur le bord du lit avec deux petits contenants sur les genoux.

"Tu peux le garder si tu veux," me dit Thomas. Je fronce les sourcils sans comprendre, alors il s'explique. "Je parle du pull. Tu peux le garder."

"Oh," je laisse échapper, l'embarras intensifiant le rouge de mes joues. Après la nuit dernière, la proposition fait entrer mon cerveau en suractivité. Est-ce que ça a une quelconque signification, ou est-ce que c'est simplement un gentil geste ? "Je ne, euh–"