vingt-et-un

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Je me suis presque habitué à ne plus voir Thomas à la table pour le petit-déjeuner. Je peux à peu près tenir une conversation normale avec chacun des Normaux maintenant, si l'envie de parler leur prend. Frypan est gentil, il me parle un peu de ses progrès. Il peut sûrement sentir que j'ai aussi envie d'aller mieux.

Lui et Aris sont en unité TCA (Troubles du Comportement Alimentaire, ndt), mais ils mangent et traînent avec nous comme ils ont une autorisation médicale et que les deux ailes de nos unités sont juste à côté l'une de l'autre. Frypan est là depuis quelques mois, mais il est censé partir bientôt. A ce stade, il a plus un statut de travailleur que de patient ici. Il a de la chance, il est venu ici en sachant exactement quel était son problème et comment le régler. Certains d'entre nous n'ont pas ce privilège.

Je bavarde avec lui et Chuck à propos de ma séance de thérapie familiale demain quand la porte s'ouvre, nos regards se tournant tous vers elle. Sans que je ne le veuille, mes yeux s'agrandissent et ma mâchoire tombe un peu alors qu'il rentre dans la salle, se rapprochant timidement de la table.

"Salut les gars," dit Thomas, ses yeux détaillant nos visages. Quand il s'arrête sur le mien, je referme rapidement la bouche, essayant de cacher ma surprise.

Chuck se lève d'un coup de sa place en me faisant sursauter, et je le regarde courir pour se jeter dans les bras du plus vieux. Il a l'air fatigué et un peu malade, son t-shirt trop large pendant vaguement sur son corps. Tout en prenant Chuck dans ses bras, il lui frotte le dos et lui parle doucement.

"Comment tu vas, mon pote ?" il lui demande, Chuck s'écartant un peu.

"Comme d'habitude, tocard," lui répond l'enfant. "Et toi ?"

"Je vais bien," dit Thomas, Chuck le faisant venir avec lui pour s'asseoir.

Bien sûr, Thomas s'assoit juste à côté de moi, Chuck à sa gauche et moi à sa droite. Le reste du groupe le salue, mais je n'y prête pas attention, essayant de ne pas me concentrer sur le coude frôlant mon avant-bras.

Il les salue en retour, Frypan se levant pour aller lui rapporter son repas. Il n'y a pas l'air d'avoir une once de l'hostilité qu'il craignait recevoir, même si l'ambiance est assez étrange. Ils n'ont pas l'air en colère contre lui, toutefois. Je leur en suis reconnaissant, en particulier pour le bien de Chuck.

"Alors, Newt, comment s'est passé ta première semaine ?" demande Thomas, se tournant vers moi. Son ton est à moité sarcastique, mais il est sincère, et son visage est un peu trop près du mien.

Je ris presque à l'entente de la question, mais je me dis que ce n'est peut-être pas la meilleure idée. "Je peux te dire sans hésiter que ç'a été la semaine la plus inhabituelle de toute ma vie."

"Tu n'es pas ici pour garder tes habitudes," me dit-il, cognant légèrement mon genoux avec le sien. En temps normal ça me dérangerait, mais j'oublie rapidement ce geste quand il se remet à parler. "Est-ce que tu as fait quelques progrès ?"

"Je ne suis pas sûr. Je fais toujours mes cycles, je n'ai pas l'impression que mes problèmes aient disparu," je réponds. La seule chose que je veux lui demander, c'est où est-ce que diable il était passé toute cette semaine.

"Donc, pas encore de grande révélation ?" demande-t-il. "Laisse-toi du temps, et reste près de moi."

Je déglutit discrètement. "D'accord."

Thomas me lance un petit sourire discret, puis se retourne vers les autres, commençant à rattraper le temps perdu avec eux. Le salto que viens d'effectuer mon cœur est plus que consternant. Apparemment, l'anxiété ne sera jamais un mauvais souvenir du passé.






Ten | Newtmas FROù les histoires vivent. Découvrez maintenant