trente-et-un

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L'hôtel est bâtiment presque en ruines avec seulement deux ou trois lettres encore illuminées sur l'enseigne, situé entre deux immeubles délabrés. Je n'ai jamais été ici, et je n'ai aucune idée de l'endroit où nous sommes, mais Vince avait l'air de savoir où il allait.

Il arrête la voiture, et je regarde Thomas. Il m'a expliqué quelques choses que j'avais besoin de savoir —du moins quand nous n'étions pas silencieux ou que je n'étais pas en train de lutter contre mon anxiété— durant le trajet. Des choses comme le fait que Vince m'a pris les affaires dans ma chambre dont il pensait que j'aurais besoin, et a même récupéré certaines d'entre elles qui étaient gardées dans la salle des infirmiers. Je leur ai dit que Vince pourrait se faire virer sur-le-champ à cause de ça, mais ils m'ont juré que tout était sous contrôle.

"Est-ce que cet endroit est ne serait-ce qu'un peu sécuritaire ?" je demande.

"Plus que TIMI, ça c'est certain," répond Thomas, avant de se pencher vers l'avant de la voiture. "Merci encore, Vince."

"Ne me remercie pas encore, je vous dénoncerai si ça me cause des ennuis," réplique Vince.

Thomas rit étonnamment à sa remarque, malgré le ton sérieux de Vince. "On reste en contact, d'accord ?"

"Bien sûr," acquiesce Vince. Thomas sort de la voiture avant même que Vince n'ait fini de répondre, et il se retourne vers moi quand je me mets à parler.

"Attendez, vous ne venez pas avec nous ?" je demande.

Vince secoue la tête. "Pas question, j'ai seulement donné mon accord pour vous amener jusque là. En plus, j'ai ma part du travail à faire de l'intérieur. Vous allez devoir vous débrouiller tous seuls à partir de maintenant."

Pour une raison que j'ignore, ses mots m'effraient. C'est une chose d'avoir un infirmier avec nous, mais être complètement seul dans un quartier inquiétant sans même connaître le plan ?

Ma portière s'ouvre, me faisant sursauter, et Thomas se tient devant moi. "Newt, passe-moi ton fauteuil si tu peux," me dit-il. Il a l'air totalement détendu, comme s'il faisait ça tous les jours. A chaque seconde j'ai l'impression qu'il va craquer, mais il reste calme.

Je l'aide à sortir le fauteuil de la voiture, puis il m'aide à y m'installer, me tenant fermement la main pour que je puisse garder l'équilibre. Je n'ai fait que deux pas pour m'asseoir, et Thomas me laisse finir mon cycle pendant qu'il referme la portière. Une fois que j'ai fini, il me déplace jusqu'à l'arrière de la voiture et ouvre le coffre, attrapant deux grosses valises.

"Je peux les prendre," je propose.

Thomas fronce les sourcils. "Je pense que je peux le faire," dit-il en fermant le coffre. Nous regardons la voiture s'éloigner, nous laissant tous les deux seuls sur un parking à presque trois heures du matin.

Je fixe mes genoux tandis que j'entends Thomas s'affairer avec les valises pendant une minute, avant d'enfin s'arrêter.

"Tu abandonnes ?" je demande, mes doigts jouant avec le bas de mon pull pour essayer de me distraire.

"Juste pour cette fois," répond Thomas en me tendant ma valise. Je la dépose sur mes genoux, et tends la main pour attraper l'autre, mais Thomas secoue la tête. "Je te laisse seulement porter la tienne, la mienne a une anse."

L'anse en question se révèle inutile au bout de trente secondes, et tout ce que j'entends quand Thomas arrête de me pousser, c'est le bruit des roues en plastique dérapant sur le sol et des gestes maladroits de Thomas.

"Tu en as déjà marre ?" je demande, sans réussir à dissimuler le petit sourire qui se forme sur mes lèvres. Peut-être que c'est juste mes nerfs, mais son entêtement est une distraction agréable face à ma panique.

Ten | Newtmas FRWhere stories live. Discover now