cinquante-cinq

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Le conduit d'aération ne nous emmène pas directement dans la pièce. Je regarde autour de moi, et nous sommes dans une pièce que je n'ai jamais vue auparavant. De ce que je peux vois dans l'obscurité, ça ressemble à une salle d'archives. Je me retourne vers le conduit après avoir inspecté les alentours, et je me baisse rapidement pour aider Thomas à sortir.

Il grogne en se cognant le genou contre le haut du conduit avant de s'en extirper complètement, atterrissant en position assise sur le sol. "J'étais plus doué pour ça avant," dit-il.

"Je n'en doute pas," je réponds avant de l'aider à se relever sur ses pieds, les mains de Thomas s'accrochant aux miennes comme si sa vie en dépendait. "Où sommes-nous ?"

Thomas regarde autour de lui en plissant les yeux. "Avec un peu de chance, au bon endroit."

"C'est rassurant," je plaisante, même si je le pense à moitié en considérant que nous pourrions littéralement sortir d'ici et nous retrouver n'importe où. Pour ce que je sais, nous avons atterris à côté d'une salle de pause, ou de la salle des infirmiers.

"Si j'ai raison, et que les directions que Vince t'a données sont exactes, alors ça devrait être bon," continue Thomas, tâtonnant à l'aveugle avant de trouver la porte sur notre gauche. "Je vais sortir en premier, et si j'ai tort, sors d'ici."

"Tu penses vraiment que je t'abandonnerais ici ?" je demande sérieusement.

Les lèvres de Thomas se tordent un peu après ça. Un de ses fameux sourires tristes. "Espérons juste qu'on n'aura pas à en arriver là. Reste ici."

J'ai presque honte d'obéir, faisant un pas en avant quand Thomas ouvre la porte dans un grincement. Est-ce qu'il croit vraiment que je m'enfuirais s'il avait des ennuis ? Mon visage commence à me brûler en me souvenant de mes antécédents —couronnés par ma fuite de TIMI avec Thomas quand j'étais encore ici. Mais si quelque chose arrivait maintenant, il est hors de question que je le laisse derrière moi. Plus jamais.

Quand Thomas ouvre la porte en grand, je reviens à la réalité. "La voie est libre," chuchote-t-il. Je le suis à l'extérieur l'instant d'après, encore si abasourdi par son commentaire que, l'espace de quelques secondes, je n'essaie même pas de comprendre ce qui m'entoure. Mais quand je manque de me cogner à une table, je regarde enfin.

"Est-ce que je devrais prendre le risque d'allumer la lumière ?" demande Thomas, sa voix comme une explosion dans la pièce résonnante.

"Non," je réponds rapidement. Il n'y a pas de fenêtre sur la porte, mais je suis toujours inquiet que quelqu'un nous remarque. La porte donne sur le couloir le plus fréquenté ici.

Je sors mon téléphone et allume la lampe-torche. En relevant l'appareil, je me retrouve nez-à-nez avec Thomas balayant la pièce des yeux. Je peux pratiquement entendre les neurones s'activer dans son cerveau.

"C'est ici que je vois le docteur Randall," dit Thomas à voix basse. "Je... attends." Il s'approche de quelque chose, et j'éclaire son chemin, me rapprochant de lui sans vraiment savoir où il va.

La destination finale se trouve être un tiroir sur le côté droit de la pièce, placé en dessous d'un comptoir sur lequel est disposé du matériel médical. Il l'ouvre, et je place la lumière au-dessus. A l'intérieur, il y a l'air d'avoir encore du matériel. Mais en y regardant de plus près, je comprends pourquoi Thomas a ouvert ce tiroir.

"C'est ici qu'il le range ?" je demande à Thomas.

Il fouille l'intérieur avec attention. Des lingettes hydroalcooliques, du coton, des tubes, des sachets plastiques blancs qui je sais pour avoir suffisamment été chez le médecin contiennent des aiguilles. "D'habitude c'est ici d'ici qu'il le sort, où est-ce qu'il est ?" demande désespérément Thomas. Il commence à s'agacer, et j'attrape sa main sans réfléchir. Il soupire de colère en se relevant. "Il doit y avoir quelque chose ici. C'est ici qu'ils nous amènent Gally et moi, c'est ici que Randall– je... je sais qu'il y a quelque chose."

Ten | Newtmas FRWhere stories live. Discover now