cinquante-sept

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Noël a une saveur douce-amère. Le dîner se déroule chez Teresa, et bien que je n'apprécie pas vraiment être entouré d'autant de personnes, elle me fait me sentir mieux. J'aimerais pouvoir lui parler de mes retrouvailles avec Thomas, mais je suis presque certain que sa mère le découvrirait et le dirait à la mienne, et je n'ai pas envie d'avoir ce genre de problèmes.

A part ça, mes parents ont l'air très soucieux de faire en sorte que rien n'ait l'air bizarre. Même mon père a insisté pour que nous passions le matin de Noël ensemble. Mes parents m'ont offert quelques cadeaux —quelques jeux vidéos pour que je puisse y jouer avec Alby, des livres, des vêtements, et un pins arc-en-ciel qui simultanément me fait soupirer et me réchauffe le cœur—, puis se sont offert un cadeau l'un à l'autre avant de se prendre dans les bras. Je ne me rappelle la dernière fois que c'était arrivé.

Nous avons aussi regardé un film ensemble, mais mon esprit ne pensait qu'à une chose. Thomas. Que fait-il ? Est-ce qu'il est en sécurité ? Est-ce qu'ils continuent à faire des tests sur lui ?

Nous sommes mercredi maintenant, et je n'ai pas arrêté de penser à TIMI. Sur le chemin du retour après cette nuit-là, Alby et moi avons à peine échangé un mot. Il m'a seulement demandé si j'avais assez de preuves, et j'ai secoué la tête, les larmes dévalant mes joues de plus en plus vite en pendant à mon échec.

Je n'ai pas réussi à voir Alby depuis à cause des fêtes, mais je n'arrive pas à me réjouir des festivités avec tout ce qui se trame. Je passe tout mon temps à relire les documents que j'ai pris en photo et à essayer de comprendre l'utilité du médicament. Je crois que je comprends celui qu'a rédigé le docteur Randall maintenant, et pourquoi c'est si secret. C'est une étude sérieusement sous-développée, et au lieu de faire des expériences légales, ils utilisent des enfants pour tester leurs théories.

Cela explique aussi pourquoi ils ont essayé de me le donner. Apparemment, les niveaux de glutamate affectent aussi les personnes avec des TOC —ou du moins c'est ce qu'ils pensent.

Nous sommes en vacances scolaires, et je n'ai pas pu voir le docteur Rachel lundi comme elle n'était pas ouverte la veille de Noël, alors j'utilise mon journal. Il est rempli de toutes les petites choses qui se sont passées depuis vendredi après-midi, et ça m'aide de pouvoir écrire tout ça.

Je suis d'ailleurs en train d'écrire quand mon téléphone se met à vibrer. C'est Alby, et je décroche aussitôt. "Allô ?"

"Salut, mec. Désolé d'avoir été aussi occupé cette semaine. Comment s'est passé ton Noël ?" demande Alby. Je ne suis toujours pas habitué à l'entendre s'inquiéter pour moi.

"Plutôt bien, et le tien ?"

"Pareil pour moi," répond Alby. Il y a un moment de silence qui me fait grimacer. "Comment est-ce que tu tiens le coup ?"

Il a l'air préoccupé. "Je suis inquiet," je réponds sincèrement. J'ai appelé Chuck le matin de Noël, et il n'était heureusement plus en isolement, mais il n'avait aucunes nouvelles de Thomas. Il voulait juste savoir si j'avais que ce dont j'avais besoin. Ce n'était pas un appel agréable.

"Tu veux qu'on sorte aujourd'hui ? Je suis libre, et il y a beaucoup trop de monde chez moi pour que ce soit confortable," me dit Alby. Avant qu'il commence à fréquenter des fêtes, je me souviens qu'Alby détestait la foule autant que moi. J'aurais pensé que ça lui avait passé.

Il est seulement dix heures, alors je pensais retourner dormir, mais je pense que j'aurais bien besoin de compagnie. J'ai passé trop de temps dans mon esprit, et ce serait bien de parler de toutes ces choses avec quelqu'un. "Oui, avec plaisir."

"Super, je passe te chercher dans quinze minutes," dit Alby avant de raccrocher rapidement. C'est comme ça qu'est ma vie à nouveau. Traîner avec Alby quand l'occasion se présente. En me préparant, j'ai la bonne surprise de me rendre compte que je souris.

Ten | Newtmas FRWhere stories live. Discover now