vingt-quatre

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Aujourd'hui c'est le jour de la cérémonie de Winston, ce qui veut dire que nous sommes tous autorisés à sortir.

Ce n'est pas avant quatorze heures cependant, et maintenant nous sommes tous en train de manger notre petit-déjeuner. Je n'ai pas dit un mot ou touché à ma nourriture —ce qui m'a valu un avertissement de Frypan—, choisissant plutôt de la partager au reste de la table pendant que j'agite ma jambe par cycles de dix.

Je suis à peine conscient de Thomas assis en face de moi et de son regard inquiet. Il sait ce qui s'est passé hier. Ils le savent tous. Mais je ne leur ai pas dit.

Non, ils savent parce que ce matin, avant que je sois autorisé à aller manger, ils m'ont fait aller voir le docteur Janson pour parler de ce qui s'était passé. Il m'a suggéré une autre séance de thérapie familiale, je lui ai dit que je n'étais pas du tout d'accord. Il l'a quand même programmée.

Je pensais à coup sûr qu'il me retirerait mon autorisation pour la commémoration aujourd'hui, mais il a dit que ça pourrait me faire du bien de sortir un peu. Les mots sonnaient comme si Winston n'avait aucune importance dans tout ça, mais je n'ai pas relevé.

Ils ont tous entendu quand Janson m'a raccompagné à la cafétéria. C'était une horrible marche, et chaque fois que je m'arrêtais, il m'observais comme un rat de laboratoire. J'ai presque fondu en larmes.

Quand nous sommes arrivés à la table, tout le monde a levé les yeux et il m'a laissé avec ces mots, "nous pouvons te mettre dans le groupe de soutien des enfants de parents divorcés."

La plupart du groupe a tenté de me dire des mots réconfortants, mais je n'ai rien entendu. Leur conversation maintenant ne sont pour moi que des murmures distants. Je ne peux qu'entendre mes dix.

Je suis paralysé. Je suis paralysé de partout, sauf ma poitrine qui semble irradier de douleur d'une certaine manière, me donnant inexplicablement froid. Il n'y a rien que j'aie envie de faire à cet instant. Je n'ai pas envie de bouger, de manger, ou de penser.

Un tapotement sur la table en face de moi me sort brusquement de ma transe, mais je ne veux pas lever les yeux. Je sais déjà qui c'est. Je sais déjà ce qu'il va dire.

"Newt, s'il-te-plaît. Tu n'es pas obligé d'en parler. Mais si tu ne manges pas, il t'enlèverons des privilèges," me dit Thomas. D'accord, peut-être que je ne savais pas ce qu'il allait dire.

Ma voix est enrouée et inaudible quand je me mets à parler. "Je n'ai pas faim."

"Je sais. Je suis passé par là, d'accord ? Mais tu dois manger. Je l'ai appris de la mauvaise manière."

Je lève les yeux vers lui maintenant. "Pourquoi est-ce que je devrais le faire ? Qu'est-ce qu'ils pourraient me faire ?" Qu'est-ce qui pourrait être pire que ça ?

Les yeux de Thomas sont emplis de sympathie. Je me sens presque mal de lui avoir parlé comme ça, mais je ne peux pas supporter plus de culpabilité. Je suis déjà la raison pour laquelle mes parents ne sont plus ensemble.

"Newt," dit-il plus doucement, en se penchant vers moi. "Tu sais que j'ai raison. Je sais que maintenant tu as juste envie de te faire du mal, mais te mettre en colère contre moi ou ne pas manger ne t'aidera pas."

Je n'ai rien à répondre à ça.

Je me force à manger ce qu'il y a dans mon assiette, passant le reste du repas sans jamais relever les yeux vers Thomas.





Nous avons tous le droit de nous habiller normalement aujourd'hui. Jusque-là, c'était seulement ce qu'ils jugeaient 'sans danger' ; des baskets sans lacets, des pantalons simples, des t-shirts et des hauts à manches longues.

Ten | Newtmas FROù les histoires vivent. Découvrez maintenant