cinquante

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La menace de l'école plane au-dessus de ma tête, et honnêtement, je préférerais encore revenir à TIMI. Je déteste cet endroit, et si ce n'était pas ma dernière année, je trouverais sûrement un moyen d'arrêter le lycée. J'y retourne un vendredi, au moins, mais c'est toujours sept heures piégé là-bas avec des personnes que je n'aime pas qui savent peut-être où est-ce que j'étais tout ce temps.

"Si tu te sens trop dépassé par les événements, va simplement voir l'infirmier et appelle-nous, d'accord ?" me dit ma mère, se tournant sur son siège pour me faire face tandis que je descends de la voiture.

"D'accord," je réponds. Elle n'aurait probablement pas dû dire ça, parce que la tentation va être forte à partir du moment où je franchirai les portes. Mais j'ai quelque chose à faire aujourd'hui.

"Je t'aime," dit-elle avec un sourire.

Je suis trop fatigué pour sourire en retour, alors je lui fais un signe de la main en fermant la portière. "Moi aussi."

Elle hoche la tête avant de redémarrer la voiture et de partir, me laissant seul à grelotter dans le froid. Je voulais porter le pull de Thomas, mais je ne voulais pas le salir ici, parce que je ne vais jamais le laver. Ma mère l'a presque fait hier, et j'ai failli hurler dessus de panique. Inutile de dire que maintenant, elle sait qu'elle ne doit plus y toucher.

Je commence à boitiller vers le bâtiment. Mon pied est assez guéri pour que je n'ai plus besoin d'avoir un plâtre, mais apparemment ce n'est pas encore parfait. Dans tous les cas, ça ne me fait pas très mal, c'est juste légèrement inconfortable.

La seule chose qui me dérange est l'envie urgente de faire mes dix. J'ai l'impression que je fais une grosse erreur en ne les faisant pas, et je n'arrive pas à me débarrasser de cette impression que le monde entier me regarde. Ma nouvelle thérapeute m'a donné quelques conseils pour ça, et nous avons fait quelques exercices d'EPR durant notre dernière séance. Je l'aime bien. Elle s'appelle Rachel, et elle est spécialisée en TOC. Elle s'est aussi récemment fiancée à une femme, alors parler avec elle est assez facile. Si je pouvais aller la voir tous les jours, je le ferais.

En marchant dans le lycée, je prends quelques instants avant de me rappeler où se trouve mon premier cours. Techniquement je n'ai pas rattrapé tout le retard que j'ai accumulé depuis que je suis parti, mais j'ai jusqu'à environ cet été pour terminer tout ce qui est important. Ils ont dit qu'ils voulaient que ma transition soit la plus simple possible pour moi, ce que j'apprécie vraiment.

J'arrive dans ma classe, et ma vieille habitude de croire que toute le monde me regarde essaie de refaire surface, mais je tente de penser à n'importe quoi d'autre pour l'éviter. Je ne fais pas mes dix, alors ils n'ont rien à juger, n'est-ce pas ? Sauf s'ils savent que je suis allé à TIMI, dans ce cas, je sais qu'ils me fixeraient. J'ai parlé de ça au docteur Rachel quand nous avons abordé le sujet de l'école, et elle m'a dit de vraiment regarder les gens. En faisant ça maintenant, je me rends compte qu'effectivement personne ne me regarde. Même si je ressens cette sensation.

Je m'assois, posant mon sac à côté de moi. Après ça, je me demande comme ça serait si Thomas était au lycée avec moi. Ce serait tellement bien de l'avoir à côté de moi en classe. Peut-être même que j'apprécierais être ici. Ce serait parfait. Mais au lieu de ça, il est toujours coincé à TIMI.

Ça fait officiellement une semaine depuis mon audience. Demain, ça fera une semaine depuis que je suis parti, et tous les jours depuis que suis rentré, j'ai appelé Chuck. Les nouvelles d'hier étaient que Thomas n'est toujours pas de retour parmi les Normaux. Le seul changement, c'est que Jeff a vu Thomas dans le couloir, encadré par deux infirmiers, tout comme la fois où j'avais vu Gally. Mais c'est tout ce que je sais.

Ten | Newtmas FROù les histoires vivent. Découvrez maintenant