douze

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"Chuck," je souffle, presque trop précipitamment alors qu'il rentre dans la pièce. Son visage est terne et fatigué.

"Salut Newt." J'ai l'impression qu'il a pleuré avant de venir ici, et honnêtement je ne peux pas lui en vouloir. Après avoir passé plus d'une heure à faire la même chose, je ne peux qu'imaginer ce qu'il a dû ressentir à l'extérieur, sans venir se réfugier dans la chambre. Il y a des sirènes, des cris, des hurlements même, des voitures de police et des ambulances qui se succèdent depuis un bout de temps maintenant. Le pauvre enfant ne devrait pas avoir affaire à ce genre de situation. Ce n'est pas juste. Aucun d'entre nous ne devrait avoir à assister à ça.

Je ne trouve aucun mot rassurant à lui dire. Est-ce qu'il y a quelque chose à dire, en même temps ?

"Je ne sais pas s'il est vivant, si c'est ce que tu te demandes," dit Chuck en reniflant. Je ne sais pas quoi répondre à ça non plus.

"Je suis désolé," je finis par dire, à court d'autres mots. "Est-ce qu'un câlin t'aiderait ?" Je n'aime pas vraiment les câlins, mais à cet instant, j'ai l'impression que Chuck en a vraiment besoin. Et il se trouve que j'ai raison, parce qu'il se rue instantanément vers moi et s'assoit sur le lit avant de m'envelopper de ses bras. Je lui rend son étreinte, et nous restons dans cette position pendant cinq bonnes minutes.

"Thomas et les autres sont en train de se faire interroger actuellement. Je suis passé en premier. Ils n'étaient pas vraiment aimables," reprend-il. Bien sûr, pourquoi le seraient-ils ? Ce n'est pas comme si nous étions des êtres-humains, n'est-ce pas ?

"Qu'est-ce qu'ils ont fait ?" je demande.

"Ils m'ont traité comme... comme si j'étais stupide, je suppose. Ils m'ont crié dessus." Mon cœur se brise à ses mots. C'est juste un enfant.

"Qu'est-ce qu'ils t'ont demandé ?"

"Si je savais quelque chose à propos de ce que Winston a fait," me répond Chuck, en larmes. "Je leur ai dit que je ne savais rien. Je voulais juste que ça s'arrête."

"Tu n'as pas besoin de me le dire. Je suis vraiment désolé, Chuck, je suis désolé qu'ils t'aient traité de cette manière." Chuck hoche la tête avant de frotter ses yeux.

Mon anxiété a été à son paroxysme pendant toute la durée de ce calvaire. J'ai hâte que la journée se finisse à présent, j'ai vécu beaucoup trop d'épreuves en si peu de temps.

"Je voudrais juste savoir s'il est en vie, tu sais ? Il n'était– n'est pas une mauvaise personne. Il ne mérite pas ça. Il essayait juste d'aller mieux," dit Chuck.

"Je sais, je suis désolé."

"Il savait que rien n'allait pour lui ici. Ils refusaient de lui donner assez de ce dont il avait besoin, alors il..." Chuck se tait, les yeux rivés sur le sol.

"Je suis désolé," dis-je à nouveau. C'est tout ce que je peux faire. Etre désolé pour Chuck, pour Winston, pour tout le monde ici.

"Je veux juste dormir."

"Alors dors, la journée a été longue pour tout le monde." Chuck secoue négativement la tête.

"Si quelqu'un a des nouvelles de Winston, je dois être réveillé." Je pose ma main sur son épaule, en espérant que ça le réconfortera.

"Je te le dirai si c'est le cas. Moi je reste éveillé, et toi tu dors. S'il y a quoi que ce soit, je te réveillerai pour te prévenir," je lui dis. Chuck relève la tête vers moi, une lueur dans les yeux.

"Vraiment ?" Je lui souris faiblement, du mieux que je peux.

"Bien sûr." Il sourit légèrement et va se coucher dans son lit en s'enfonçant sous les couvertures.

Ten | Newtmas FROù les histoires vivent. Découvrez maintenant