Chapitre 13 : Cassandre

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Visions 

Troisième partie 

Cassandre ouvrit les yeux, s'assit dans son lit et repoussa ses draps, essoufflée, en sueur et glacée en même temps. La jeune fille prit son visage entre ses mains et essuya les perles de transpiration dont il était couvert. Elle prit le temps de souffler et de se calmer avant de faire basculer ses jambes hors du lit et de marcher vers les fenêtres de sa chambre. Elle ouvrit tous les volets et laissa l'air frais pénétrer la pièce. Enfin, frais... l'hiver avait beau toucher à sa fin, dans ce paisible village au cœur des montagnes, il faisait toujours aussi froid. La devineresse n'essaya pas de se protéger de la brise glacée et laissa le gel fouetter sa peau. Depuis plus de dix ans qu'elle vivait ici, elle s'y était habituée et appréciait même ces réveils rudes, qui la faisaient durement revenir à la réalité, après ses visions.

Soudain, un bruit retentit dans la maison, un bruit de chute, suivi de cris aiguës. Cassandre ouvrit la porte de sa chambre, courut dans les escaliers, déclenchant une avalanche de craquements et grincements, et finit par arriver dans le salon où son demi-frère était en train de pleurer, allongé sur le sol, les genoux tout écorchés. Elle s'assit par terre et le prit dans ses bras en lui frictionnant le dos. Après une nouvelle série de grincements, sa mère apparut à son tour, les yeux fatigués et les cheveux tout emmêlés. Elle soupira de soulagement en voyant son fils dans les bras de sa sœur, avant de le récupérer dans les siens.

—Merci Cass, fit-elle en baillant, avant de froncer les sourcils. Qu'est-ce que tu as sur le front ?

Interloquée, la jeune sorcière se leva et se dirigea vers le grand miroir, pendant que sa mère câlinait, consolait et grondait son frère en même temps. La devineresse s'était toujours demandé comment sa maternelle faisait pour être aussi ferme et douce. Sûrement un pouvoir unique aux mamans.

—Cass, j'attends une réponse, réclama sa génitrice, le bambin toujours dans les bras.

Brusquement rappelée à l'ordre, Cassandre se tourna vers le miroir. On lui disait toujours qu'elle était trop rêveuse, qu'elle perdait du temps, ou qu'elle en faisait perdre aux autres. Et sa mère n'était pas patiente.

La jeune fille regarda son reflet dans le miroir, elle était toujours la même que celle dans l'acier, à part que ses cheveux coupés à la garçonne étaient trempés de sueur. Elle mit du temps à comprendre ce qui était de trop. Justement, elle était la même que celle dans l'acier, avec le tatouage d'œil sur le front.

Encore une fois, elle paniqua, encore une fois elle essaya de l'effacer et encore une fois, elle échoua.

Elle frotta jusqu'à ce que sa peau devienne rouge, et frotta encore. Un sanglot lui échappa, suivi d'un autre et encore un autre... et malgré les larmes qui maculaient son visage, elle frotta.

—Cass, tout va bien ? fit sa mère, inquiète. Cass ! Cassandre !

Sa maternelle lâcha son bambin, et sans prêter attention à ses pleurs, se précipita vers sa fille. Elle lui tira les bras en arrière pour l'empêcher de frotter et la serra contre son cœur.

—Cass, arrête, tu ne fais que t'abîmer la peau. Dis-moi juste pourquoi tu as cette marque.

—Je... je ne sais pas, maman. Je suis désolée, mais je ne sais pas, fit la jeune fille en se blottissant dans les bras de sa mère.

—D'accord, ce n'est pas grave, poussinette. Calme-toi. Tu veux t'asseoir ? Je vais aller chez la boulangère, je vous ramènerais du pain, tu veux quelque chose en particulier ? Oh, je sais ! Quand tu étais petite, tu adorais les chouquettes, ces gourmandises te remontaient le moral. Je vais t'en prendre, d'accord poussinette ?

MagissaWhere stories live. Discover now