Chapitre 12: Zackaria

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En terre inconnue

Huitième partie

Schanzaa en avait marre, vraiment marre. Ils parcouraient la région la plus au Nord de l'Empire du Cobra, là où les terres étaient irriguées par les différents affluents du lac qui les séparaient de l'Empire du Dragon. Donc, ils voyageaient sur de grandes prairies, avec des points d'eau. Dooonc, ils auraient pu utiliser des chevaux, des fougueux et rapides étalons. Alors, pourquoi se trouvait-elle sur un dromadaire qui faisait trois pas par heure ?!

La générale retint un grognement et secoua la tête en arrière. Enfin, elle voyait le palais de Sytis, capitale de l'empire. Elle n'aurait pas supporté de passer un jour de plus sur cette bestiole bossue. Rien que le trajet du retour lui avait pris un mois et ça l'enrageait de savoir qu'en prenant un cheval, elle aurait fait ce voyage en moitié moins de temps. Quant au temps mis si elle était montée sur une pirogue pour traverser le lac, n'en parlons même pas, l'affaire aurait été réglée en moins d'une semaine.

Schanzaa ne descendit de son dromadaire que quelques minutes plus tard, quand ils arrivèrent à l'entrée de la ville. Elle parcourut les ruelles en tenant les rênes de son chameau, la tête baissée et elle pria pour que personne ne la reconnaisse. Peine perdue, elle n'avait pas fait trois pas qu'une femme cria :

—Schanzaa ! C'est Schanzaa ! Elle est revenue !

—Schanzaa la panthère est là ? demanda une marchande en retour.

—La deuxième tête de l'hydre ? Elle est là ? hurla quelqu'un.

Et ainsi de suite... d'étal en étal, marchands et clients se passaient le mot, et un par un, ils se retournaient et criaient son nom ou l'un de ses surnoms. La générale soupira. Elle n'aimait pas particulièrement être le centre de l'attention, mais aujourd'hui, elle s'en tirait bien. Les citoyens l'accueillaient chaleureusement et célébraient son retour, que pouvait-elle rêver de mieux ?

La grande femme salua ses admirateurs, un sourire crispé aux lèvres. Elle continuait de marcher vers le palais, quand quelqu'un lui envoya une poignée de poussière dans les yeux.

—Panthère ou pas, t'as rien à faire là ! Retourne dans le désert !

Schanzaa eut à peine le temps de cligner les paupières pour se débarrasser de la terre, qu'elle reçut des projectiles de toutes parts. Dans l'empire du Cobra, personne n'était assez bête pour lancer de l'eau ou des aliments, choses qui, même au nord du pays, restaient précieuses. Alors, ses agresseurs jetaient la seule chose qu'il ne manquerait jamais dans ces terres : du sable.

La générale toussa pour essayer de dégager la poussière qui avait envahi ses poumons et tendit son bras devant ses yeux, pour les protéger. Ses gardes levèrent leurs lances vers ceux qui osaient s'en prendre à leur maîtresse, et ses admirateurs huèrent ses ennemis et leur lancèrent de la terre.

Schanzaa attrapa les rênes de son chameau et s'enfuit en courant, escortée par les deux soldats. Voilà pourquoi elle détestait être reconnue. En tant que personne la plus aimée et la plus détestée de l'Empire du Cobra, elle déclenchait du grabuge à chaque endroit où elle mettait les pieds.

Quand la générale arriva enfin devant le palais, essoufflée et couverte de poussière, elle se sentit pathétique. Elle était Schanzaa la panthère, capable de battre un homme à main nue, de détruire une armée, d'inventer les stratégies les plus ingénieuses... et elle devait fuir devant des citoyens mécontents. Pathétique.

Enfin, voilà que les grandes portes s'ouvraient. Schéen et les vizirs allaient l'accueillir. Elle se redressa et calma sa respiration, tentant d'être présentable.

MagissaWhere stories live. Discover now