Chapitre 2: Léonora

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Petite sorcière perdue

Une jeune fille courait entre les arbres, elle serpenta entre les troncs, évitait les branches dressés, sautait par-dessus les rochers, elle ne pouvait pas s'arrêter, elle ne devait pas s'arrêter. Son cœur tambourinait dans sa poitrine, il s'accordait avec les bruits de pas de ses chasseurs.

Pourquoi avait-il fallu qu'elle s'éloigne ? Si seulement elle avait écouté sa mère ... Elle l'avait prévenue pourtant, les patrouilles sont plus nombreuses un jour de fête. Mais elle n'en avait fait qu'à sa tête comme toujours. Aussi loin qu'elle se souvienne on lui avait toujours dit d'obéir, d'être prudente, mais elle adorait les défis, il suffisait qu'on lui dise que c'était dangereux pour qu'elle tente. "Ne grimpe pas aux arbres, tu risques de tomber !" lui avait dit un jour son père et le lendemain il l'appelait son petit singe. Enfin, elle adorait sentir le sang battre à ses tempes, sa gorge se nouer, mobiliser ses jambes pourtant tremblantes. Et voilà où son amour de l'adrénaline l'avait menée. Poursuivie comme un lapin.

Elle évita les branches qui se tendaient devant elle comme des mains griffues. Dans sa précipitation elle en rata une qui lui fouetta le visage, elle glissa sur les feuilles mortes humides des dernières pluies et tomba.

Ses poursuivants la rattrapèrent. La brunette essaya de se relever mais c'était peine perdue, un rideau de sang couvrait ses yeux, elle s'essuya juste à temps pour voir la lumière des flambeaux se rapprocher. Elle regarda les hommes. Debout ils se dressaient de toute leur taille et les flammes éclairaient leur visage. Leurs yeux luisaient d'un air cruel dans l'obscurité. L'un des chasseurs s'avança, la lumière du feu faisait ressortir sa peau pâle d'argentin pur, et donnait des reflets roux à ses cheveux blonds. Elle l'avait déjà vu.

Sir Waymard, jeune homme talentueux ce paysan juvénile avait grimpé les échelons de l'armée jusqu'à intégrer les brigades de chasseurs de sorcières, là il s'était encore hissé au rang de colonel et avait pu accéder à la cour que fréquentaient les parents de la jeune fille. C'était sans aucun doute le plus haut classé et donc le chef de la troupe, il s'approcha et lui releva le menton. Il traça le contour de son visage et s'adressa à ses collègues d'un air pensif:

-Si jeune.... Encore une enfant.... On dirait bien que les sorcières préparent la nouvelle génération ! Enfin à cet âge on est influençable... J'imagine qu'on peut lui pardonner, si elle gagne sa rédemption. 

Son regard se durcit et il tira ses cheveux en arrière pour lui faire lever la tête. Il continua :

 -Tu étais au Sabbat ce soir, non? C'était sûrement ton premier, mais tu dois connaître certaines personnes, nons? Dis-nous leur nom et nous t'épargnerons.

La fillette le regarda dans les yeux.  Ses prunelles améthyste luisaient d'intelligence et alors qu'elle était par terre dans les bois, entourée d'ennemis, reflétaient le plus grand calme. C'est avec ce même calme qu'elle répondit froidement :

-Je ne vendrai pas mes sœurs.

Son adversaire ricana:

-C'est vrai que vous autres, sorcières vous considérez comme une grande famille !

Ses hommes renchérirent d'un rire gras. Il fixa ses yeux dans les siens. Les iris bleus et violets s'affrontèrent dans un duel silencieux. Sans lâcher son regard il enchaîna :

-Écoute petite je suis sûr que tu n'es pas bête, je vais te parler sans détour, c'est soit toi, soit elles, tu ne risqueraient pas ta peau pour des inconnues ?

-Qui a parlé de risquer sa peau?

La petite brune dégagea violemment son visage de la main de son ennemi, un peu sonnée elle trouva néanmoins la force de se relever. Mais les soldats avaient déjà pris leur arbalète. Le sang se remit à couler sur son front. Ses adversaires lachèrent un par un la corde de leur arme, une vague de flèches se précipita sur elle. Malgré le rideau écarlate sur ses yeux la sorcière réussit à incanter un bouclier magique. La jeune fille tenait à peine sur ses jambes tremblantes, un goût de bile envahit sa gorge, elle n'entendait rien d'autre que les battements de son cœur qui, ruant dans sa poitrine, semblait être pris de folie. Elle qui voulait de l'adrénaline....

MagissaWhere stories live. Discover now