Chapitre 19: Léonora

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La bravoure au coeur du trouble 

En cette fin d'Irae, le printemps continuait d'étendre ses merveilles. Le sol de la forêt était recouvert d'une couche de boue issue des dernières intempéries qui avaient frappées la capitale et ses alentours, et nourrit la terre. Les pluies avaient permis aux plantes de se développer, aux bourgeons de pointer le bout de leur nez.

Léonora en attrapa un et le fit rouler entre ses doigts avant de le broyer. Il dégagea une bonne odeur, une odeur de fleurs et de douceurs, une odeur de tendresse et de jeunesse. L'odeur de la renaissance. C'était comme cela qu'on surnommait cette période, l'ananéosis. La résurrection de la terre et de la nature, le chant de la faune et la flore réveillées d'un trop long sommeil.

Germinaret, le mois des naissances arrivait. Germinaret, qui clôturait définitivement les temps gris arrivait. Pourtant, à l'horizon, Léonora ne voyait que de sombres nuages. Des nuages chargés de sang.

Voilà près d'un mois que les négociations avaient pris fin. Voilà près d'un mois que le pays avait cessé de tourner. Les ambassadeurs auraient dû partir deux semaines auparavant. Ils n'avaient toujours pas quitté le sol argentin.

Le roi avait besoin de tous ses guerriers. D'ici cinq jours, ce serait le temps de la confrontation.

Deux jours après les négociations, un conseil d'urgence avait été organisé. Mais seuls les ducs y ayant participé étaient convié. Ni comtes ni barons ne furent acceptés, même Léonora ne put y assister. On avait considéré qu'elle était trop impliquée dans cette histoire, qu'il valait mieux qu'elle reste en retrait. Les soupçons qui pesaient sur elle ne s'étaient pas tus, on la considérait toujours comme une traîtresse.

Mais nul besoin de participer à la réunion pour savoir ce qui s'y était déroulé. Le lendemain, des affiches avaient décoré Sylvertown tout entière. En grosse lettres noires étaient tracés les mots suivants :

Sorcières, sorciers.

Par votre faute, la guerre civile détruit notre contrée. Mais en est-ce vraiment une ?

Admettons que cela est faux. Le peuple des Vallées d'Argent est en guerre contre les sorciers, qui n'en font point partie. Nous sommes en guerre, une guerre simple, entre deux peuples rivaux et qui ne mérite pas le titre de civile.

Alors faites nous le plaisir d'un affrontement loyal. Un face à face entre deux armées, comme durant n'importe quelle guerre. Sortez des bois où vous vous terrez. Nous vous attendons.

Quand les cloches sonneront le troisième jour de Germinaret, nous nous affronterons enfin. Loyalement. Et le glas argentin s'abattra sur ses ennemis.

Et les voilà à cinq jour de la date. Et toujours aucun plan du côté des sorciers. Léonora avait été conviée à une énième décision pour décider que faire. Continuer à se cacher entre les arbres jusqu'à ce qu'il vienne les chercher ? Les affronter avec la certitude d'y laisser la vie ?

Ils ne savaient pas. Personne ne savait. Tous étaient terrifiés. Certains avait essayé de quitter le pays mais pour aller où et comment ? Le transport était cher et long. S'établir autre part aurait signé aussi sûrement leur arrêt de mort, s'ils quittaient une activité de paysan ou de vente de potion déjà précaire.

Personne ne savait où aller, où se diriger. Personne ne savait que faire. Et les réunions se multipliaient, sans avancées. C'en était d'autant plus désolant que la jeune femme voyait les armées s'organiser, des troupes arriver de tout le pays. L'ennemi était prêt, quand les sorcières n'avaient aucune organisation.

MagissaDär berättelser lever. Upptäck nu