Chapitre 6: Cymopolée

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Rêves d'outre-mer

Première partie

An 383 A.L

Un grand château de pierres noires hântait la capitale des Terres d'Hémoglobine. Du haut de ses tours obsidiennes, il l'écrasait, contrôlait toute la région. Et, entre ses murs, vestiges d'une époque oubliée, dormait trois jeunes filles, dernières dirigeantes de la région, héritière d'une famille de légende, qui ferait toujours trembler les iridiens. 

Le visage submergé par une tempête de boucles sombres,  Cymopolée Ameryth se réveilla. Elle se leva aussitôt, malgré sa vision encore troublée par le sommeil et sa démarche hésitante. Pesamment, elle descendit les escaliers. La dernière marche franchie, elle arriva directement dans la salle à manger, où assises à une table, ses deux sœurs déjà habillées et coiffées finissaient leur petit-déjeuner.

Elle se sentait un peu intruse, avec ses cheveux en bataille et comme seul vêtement, la chemise courte qu'elle portait la nuit. Elle se laissa tomber sur une chaise et grogna d'une voix encore ensomeillée:

-B'jour. Il se passe quelque chose aujourd'hui?

Ce fût la benjamine qui lui répondit d'une voix excitée:

- Oui, il y a le bal du comte d'Anchénaïe, le jeune héritier fait une petite fête de routine. Du moins c'est ce qu'il dit, elle baissa la voix et continua sur le ton de la confidence, la rumeur veut qu'il se cherche une fiancée.

L'aînée enchaîna:

-Peu importe les commérages, ce qui est sûr c'est que nous sommes toutes les trois invitées, Vénus ayant désormais l'âge requis pour ce genre de cérémonie. Aussi l'entourage du jeune seigneur, est riche en nobles juvéniles et célibataires, encore dénués de fiancé, une opportunité en or pour vous deux.

Zlendriss semblait ravie, depuis la mort de leurs parents, elle s'était toujours occupée de ses cadettes et, à vingt ans passés, elle aurait dû célébrer ses noces depuis longtemps. Mais ne voulant pas négliger ses devoirs de première-née, elle avait refusé toutes les offres proposées par les courtisans. Or si ses sœurs trouvaient un fiancé, cela lui permettrait de quitter enfin le bercail.

Avec un sourire de chat ayant attrapé une souris, elle continua, tournée vers la nouvelle venue:

-Cymy, fit-elle d'une voix mielleuse, as-tu une robe pour ce soir? Tu dois choisir ta tenue avec le plus grand soin. 

 Elle jugea son épaisse tignasse qui descendait jusqu'en bas de son dos en une cascade de boucles désordonnées et enchaîna d'un ton aussi sec que les pointes de la jeune fille:

- Et coiffe tes cheveux, par tous les dieux!

-Oui, oui je les brosserai... répondit nonchalamment son interlocutrice.

-Il ne faut pas seulement les brosser, c'est un cauchemar! Il faut les couper d'au moins dix centimètres! Et ordonne les mieux ! Fais des anglaises! Lisse les ! elle reprit un ton doux. Cymy chérie, te rends- tu compte de l'importance de ce bal?

-Moui, moui, fit la cadette en baissant les yeux.

Son aînée s'énerva franchement:

MagissaWhere stories live. Discover now