Magissa

Chapitre 8: Zackaria

Deuxième partie

Un nuage noir qui imitait une silhouette humaine grogna, avant de reculer, dévoilant la jeune femme qui s'était blottie dans ses nuées vaporeuses. Après un mouvement d'épaule paresseux, celle-ci se tourna vers les nouveaux venus. Elle n'eut pas le temps d'entrouvrir les lèvres que l'enfant à la cape s'écriait déjà:

—Olda, tu as enfin quitté le lac! Quelle surprise!

La fillette encapuchonnée se tourna vers le brouillard sombre, comme si elle venait de le remarquer. Elle recula d'un pas puis, avec un jeu d'acteur exagéré, fit mine d'être gênée.

—Oh, pardon je dérange?

Olda soupira et posa la main sur ce qui tenait lieu de torse à son compagnon vaporeux.

—Non, tu peux rester, fit la déesse d'un ton résigné.

De tout façon, son interlocutrice n'avait pas besoin de sa permission pour s'imposer. La petite fille gambada d'un pas léger avant de sauter sur le tronc d'un arbre mort. Le nuage sombre se tourna vers elle. Zackaria remarqua alors les deux lueurs rouges qui lui servaient d'yeux.

—Que veux‐tu, Séresmé? dit-il d'une voix sépulcrale.

L'enfant balança nonchalamment ses jambes au bord du tronc.

—Oh, rien d'important, juste discuter un peu, répondit-elle en sifflotant.

La femme aux yeux millénaires s'avança dans un bruissement de toge. Chacun de ses gestes étaient exécutés avec une lenteur extraordinaire, elle semblait avoir tout son temps. Après quelques pas, elle replaça une à une ses mèches de cheveux puis s'adressa à sa compagne divine.

—Arrête ta comédie, tu ne serais pas venue juste pour discuter.

La petite fille releva fièrement sa tête encapuchonnée et s'écria:

—Je suis bien venue te voir la dernière fois au lac. D'ailleurs pourquoi t'y es pas?

—J'ai le droit de venir voir mon mari tout de même! rétorqua Olda, outrée.

Le prince dragarien, qui, toujours à l'entrée de la clairière, regardait la scène, sursauta. La déesse avait eu un mouvement d'agacement si rapide... c'était très surprenant.

—Rhooo.... Je te taquine. C'est tellement drôle de t'énerver! répondit l'enfant hilare.

Le nuage sombre flotta jusqu'à Olda et matérialisa une main afin de pouvoir la prendre par la taille. Celle-ci se laissa aller contre lui et le brouillard noir rendit ses traits incertains. La créature vaporeuse fixa ses lueurs rouges sur Séresmé jusqu'à ce qu'elle finisse par soupirer.

—D'accord, vous avez raison j'ai bien une requête, fit-elle, tout en descendant de son tronc.

Elle marcha lentement jusqu'à la nuée obscure, elle semblait prendre un malin plaisir à jouer avec sa patience. La fillette s'arrêta juste devant lui.

—Nirvanaaa, je m'ennuiiiiiie, fit-elle d'une voix traînante.

En entendant ce nom, Zackaria eut un mouvement de recul. Était-il bel et bien face au dieu de la mort? Le maître de toutes les autres divinités? Il ne put s'empêcher de trembler face à un être aussi puissant.

Olda grogna et s'écarta de son époux, avant de répondre à la déesse de la maladie:

—Et alors? Qu'es ce qu'on peut faire pour toi?