Chapitre 4: Zackaria

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Nouvelle vie

Deuxième partie

Sans laisser au monstre le temps de réagir, il se transforma en lion et bondit hors du champ de vision de la bête. De ses pattes agiles et vigoureuses, il courut jusqu'à apercevoir le bout de la queue du démon. Il mordit sauvagement le point sensible où les écailles s'arrêtaient de pousser, laissant la peau nue.

Hurlant de douleur, le serpent voulut se retourner pour mordre l'insolent qui osait s'en prendre à lui, mais son mouvement brusque lui fit oublier toute prudence et il s'assoma contre la paroi. Le jeune homme avait tout prévu et profita du bref moment d'inconscience de son ennemi pour se métamorphoser en dragon.

Il vola le long du corps sinueux, pour se retrouver nez à nez avec la créature. Celle-ci était sortit de sa torpeur et ouvrit la gueule pour projeter son liquide verdâtre. Mais le métamorphe, avait déjà préparé son attaque, un sortilège puissant, unique aux Lasso. Un sortilège qu'il n'avait jamais réussi à maîtriser.

Il se rappela de son père, quand il l'aidait à maîtriser ses transformations. Il rabachait à son fils de rassembler sa colère de ne faire qu'un avec elle. Mais l'enfant ne produisait que quelques petites flammèches.

Mais les temps avaient changé. Désormais le petit garçon était devenu un homme. Il était prêt.

Il pensa à son paternel, à sa mère qui l'avait tué sans remord. À l'injustice du monde, aux réprimandes de sa génitrice, à tous ceux qui l'avaient abandonné, laissé se débrouiller seul. Il sentit la chaleur envahir son corps, des flammes avides le dévorer, prendre tous ses sentiments, son bonheur, son empathie, et même sa tristesse, ses peines, sa douleur. Le feu avala tout ne laissant que la fureur, brasier destructeur qui n'aspirait qu'à s'exprimer.

Le liquide verdâtre se dissolut dès qu'il toucha la peau incandescente de Zackaria. Ce dernier ouvrit la gueule à son tour et libéra sa rage. Pendant un instant l'espace qui l'entourait ne fut qu'un torrent de flammes rouges, dorées et orangées. Le brasier qui avait quitté son corps s'était propagé et détruisait désormais tout.

Aussi soudainement qu'il était apparu, le feu s'estompa. Le grand blond tomba au sol et redevint humain. Il lui semblait que les flammes brûlaient toujours en lui, il suffoquait sous la chaleur, ses poumons n'avalait que de la fumée âcre, des gouttes de sueur glissaient le long de sa peau rougie.

Au bout de ce qui lui sembla une éternité, la fumée s'échappa laissant la place à l'air frais. Le jeune homme s'adossa au squelette du démon, la seule chose qui n'avait pas brûlé, ferma les yeux et souffla de soulagement.

Il était épuisé et se mit à somnoler, dès que ses paupières furent closes. Il entendit un grognement hésitant:

-Hum, Hum...

À moitié endormit, Zackaria repensa à une scène qui s'était déroulée un an auparavant. Des petits poings potelés, des boucles d'ébènes, d'énormes iris indigo, un rire qui tintait comme des clochettes. Il murmura dans son sommeil:

-Hélie, pousse-toi. Laisse moi dormir.

Le grognement se fit à nouveau entendre, plus fort, moins hésitant:

-Hum... Hum... Sir?

Le voyageur ouvrit brusquement les yeux. Il se retrouva face à une dizaine de personnes aux regards fuyants, qui semblaient hésiter entre le rire et les larmes. Leurs vêtements étaient maculés d'un liquide verdâtre. Les gens des coques.

Le brasier avait dû dissoudre leur prison et les avaient libérés désormais ils apercevaient leur sauveur. Pourquoi semblaient-ils aussi gênés? Le vent n'était-il pas un peu trop frais sur sa peau?

MagissaWhere stories live. Discover now