Chapitre 12: Zackaria

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En terre inconnue

Cinquième partie

Quand les représentants dragariens arrivèrent au palais d'Iréal, le soleil se couchait. Gendric et Armelle, arrivés juste avant eux, demandèrent aux palefreniers et aux serviteurs de prendre soin d'eux et de leurs chevaux, pendant que les dirigeants allaient chercher leurs meilleurs guérisseurs.

Ils réapparurent quelques minutes plus tard, accompagnés de trois érudits. Zackaria les salua brièvement, remercia les souverains et refusa l'offre d'Armelle, de les accueillir pour la nuit. S'ils voulaient sauver le prince, il fallait qu'ils partent au plus tôt.

Juste avant de partir, il se rappela de quelque chose et se retourna afin d'apostropher les souverains :

—Vos Majestés, je suis désolé de vous déranger à nouveau, mais j'ai une question à vous poser.

D'un signe de la tête, ils l'encouragèrent à continuer.

—Lors des six dernières années, vous n'auriez pas aperçus ou entendu parler, ou du moins reçu signe de vie d'Ophélie et Tékanéra Lasso ? Ce sont les descendants d'un comte des Vallées d'Argent. Tékanéra est un jeune homme qui doit avoir dix-sept ans, maintenant, blond aux yeux bleus et Ophélie doit avoir douze ans, c'est fille avec d'épaisses boucles noires et de grands yeux indigo.

—Je suis désolé, jeune homme, mais vos descriptions ne sont pas très précises, ce pourrait-être n'importe qui. Enfin, s'ils sont nobles, j'imagine que nous aurions eu vent de leur passage, répondit Gendric.

Zackaria soupira, depuis six ans, alors que Léonora apparaissait dans de nombreux articles de presse des Vallées d'Argent, Tékanéra et Ophélie semblaient avoir disparu, totalement, comme si on avait gommé leur existence. Il se faisait sûrement des idées. Peut-être qu'ils étaient encore au château des Lasso, s'efforçant de ne pas faire trop de bruit, de ne pas alimenter de rumeurs. Néanmoins, toujours soucieux, il continua :

—Très bien. Merci. Si jamais vous les recevez dans votre pays, vous pourrez m'envoyer une lettre, s'il vous plaît ?

—Bien sûr, fit Armelle avec un sourire compatissant, bien qu'elle ne connaisse pas le lien qui unissait le prince dragarien avec ces seigneurs des Vallées d'Argent.

Il les salua une dernière fois puis rejoint Keng-Hïung et les médecins, déjà prêts à partir.

Alors qu'ils montaient à nouveau en selle, le jeune homme pria pour qu'ils arrivent à temps pour guérir Taong. Evidemment, si l'enfant survivait, il n'aurait jamais la place de premier héritier de la couronne, mais est-ce que le pouvoir valait véritablement une vie ? De plus, il freinerait les plans de son beau-père, qui après cela, serait bien obligé d'accorder un armistice à Iréal.

Oui, il valait mieux faire cela. Sauver un innocent et arrêter un massacre, plutôt que de continuer ces luttes de pouvoir.

Fort d'une détermination nouvelle, il harnacha son cheval et fila vers l'horizon.

***

Alors que les représentants dragariens s'éloignaient, points noirs sur le disque de feu du soleil couchant, Gendric se tourna vers son épouse.

—Tu as été fabuleuse, murmura-t-il avant de l'embrasser dans le cou.

—Je n'ai fait qu'être sincère, répondit-elle en souriant.

Armelle se mit sur la pointe des pieds, tentant d'atteindre les lèvres de son mari.

—Baisse-toi, ordonna-t-elle.

MagissaWhere stories live. Discover now