Chapitre 9: Cymopolée

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Mémoire

Première partie

Faiblement, Cymopolée porta les mains à ses tempes. Elle avait l'impression que quelqu'un prenait un malin plaisir à appuyer sur son crâne à gros coups de marteau.

Elle ouvrit un œil hagard puis se redressa sur les coudes alors que ses tripes se tordaient. La jeune femme se tourna sur le côté avant de vomir dans un vieux sac tenu par un gentil et joli ... inconnu.

Rectification: Quelqu'un quelle devait connaître mais dont son cerveau noyé sous l'alcool n'arrivait pas à se souvenir.

Dès qu'elle eut recraché tout le (maigre) contenu de son estomac, l'homme retira le sac et le jeta par une petite fenêtre. L'esprit de la sorcière bouillonnait de questions mais loin de les poser, elle ne put que dire d'une voix avinée:

—N'aurait-il pas mieux valu jeter le sac dans un vide-ordure? Vous allez salir votre jardin!

Un rire lui répondit.

—C'est ce que j'ai toujours trouvé fou chez les aristocrates! Même saouls, vous continuez d'articuler parfaitement et d'utiliser des tournures de phrases bien trop compliquées! De plus vous pensez que tout le monde est aussi riche que vous. Ne vous inquiétez pas pour mon jardin, je n'en ai pas. Je suis hébergé chez mon maître avec les autres serviteurs. Oh, et actuellement nous sommes dans une auberge. Le propriétaire voit souvent des sacs tomber du ciel ne vous en faites pas.

La cadette des Ameryth se laissa retomber sur la couchette. L'inconnu était son seul espoir de savoir ce qui s'était passé durant la nuit. Il valait mieux éviter de le vexer. Elle réunit ses forces pour aligner deux pensées et former une phrase d'excuses correcte.

—Je suis désolée si je me suis montrée présomptueuse. Je ne voulais pas être désagréable, j'ai parlé sans réfléchir.

Les pas de son bienfaiteur firent grincer le plancher de l'auberge miteuse. Il s'approcha du lit et la jeune femme s'attarda sur son visage, qui se dressait désormais au-dessus d'elle, à la place du plafond couvert de toiles d'araignées. Ses profonds yeux marrons plongés dans les iris d'améthyste de la jolie brune, il la contempla durant un long moment. Elle commençait à être mal à l'aise. Enfin il soupira:

—J'imagine que vous ne vous souvenez pas de moi. C'est dommage nous avions passé de bons moments ensemble. Je me rappelle de nos fou rires d'hier, de votre interprétation douteuse d'une comptine pour enfant et de votre façon si particulière de danser dit-il avec un sourire ironique.

Gentille façon de lui signifier qu'elle s'était ridiculisée en beauté. Pourtant Cymopolée eut beau chercher dans ses souvenirs, elle ne se vit pas en train de chanter des berceuses. Qu'est-ce qu'elle avait fait la veille? Comme d'habitude elle s'était disputée avec sa sœur, puis la sorcière était allée chercher une robe dans le bâtiment où sa famille entreposait tout depuis des siècles. Enfin la soirée s'était terminée par le bal.

Elle s'essuya les yeux, alors qu'elle se remémorait la scène du balcon. En revoyant l'image de sa traîtresse de sœur, elle avait eu l'impression qu'on lui arrachait le cœur, ses sentiments et ses souvenirs. Sa Driss. Celle qui malgré toutes ses responsabilités, trouvait toujours le temps de s'occuper de ses cadettes. Elle ne pouvait pas partir. Elle n'avait pas le droit de se marier et de la laisser seule avec Vénus, deux âmes en peine, perdues dans leur grand château.

Elles étaient trois. Trois filles. Trois femmes. Trois sœurs. Cela ne pouvait pas changer. Zlendriss ne pouvait pas briser cet équilibre. Elles resteraient trois quoi qu'il en coûte.

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