Chapitre 15 :Léonora

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Négociations 

Quatrième partie 

Le dirigeant scruta l'homme qui venait de parler. Ses boucles blondes empiétaient sur son masque et cachait une partie de ses yeux. Consciencieusement, il faisait craquer ses phalanges, une par une. Ce n'était pas vraiment menaçant, plutôt méthodique, comme une habitude qu'on répète. Mais dans le mouvement des muscles qui remontaient, dans le claquement des doigts, Daniel ne put s'empêcher de sentir un danger.

Le souverain reconnu ainsi le sorcier au sourire sournois, le suivant d'Alphonso, dont il ne parvenait pas à se souvenir le nom. Il en aurait besoin, pourtant. Quelque chose lui disait qu'il valait mieux surveiller le jeune homme.

Le roi se tourna vers ses conseillers. Les paroles de l'enchanteur les avaient gelés jusqu'à les paralyser. Même Luxenia était silencieuse, une main soucieuse agrippée sur sa robe, au point que ses phalanges en devenaient blanches. Il en fallait beaucoup pour impressionner une Snow, et c'est en voyant sa terreur que Daniel comprit ce qui allait se passer.

L'épée du duc de Lowbear siffla dans l'air alors que son propriétaire reprenait le contrôle de ses membres. D'un geste si rapide que son léger tremblement ne s'aperçut pas, il pointa la lame vers Arabella, puis la dirigea sur Paul. Ainsi, il désigna ses deux cibles privilégiés.

D'une voix encore un peu serrée par la peur ressentie lors de l'illusion et des reproches du sorcier aux boucles blondes, il déclara :

—Vous... vous deux... vous qui êtes censés représenter le peuple sorcier, avez défié le roi et ses plus hauts seigneurs. Vous nous avez menacé. Et par vous, tous les sorciers nous ont déclaré la guerre ! Ainsi, les dés sont jetés. Nous vous avons donné une chance et vous en avez profité pour nous attaquer. Ne nous reprochez pas de riposter.

Sir Lowbear eut un sourire sournois, ses yeux brillèrent d'une flamme vindicative et dangereuse, d'un plaisir mesquin et il articula avec soin, profitant de chaque mot, comme s'il était empli d'une saveur exquise. La saveur du conflit qu'il allait créer et du sang qui allait en couler.

—Archer... FEU !

Une fois cet ordre prononcé, une myriade de flèches volèrent au-dessus de la tête de Daniel. Elles sifflèrent dans l'air, puis finirent leurs courses au sol, après un claquement sec. Elles venaient de heurter le bouclier que la Mama Sorcera venait de créer à l'instant. Derrière ce voile magique, celle-ci tenta d'intervenir :

—Je vous en prie messires... nous venions pour discuter. Je cherche la paix. Ecoutez-nous, je vous en prie, nous pouvons encore trouver un terrain d'entente. Arabella est une enfant, vous ne pouvez pas lui reprocher de... ne pas s'être contrôler. D'avoir eu une poussée de fureur. C'est normal, à son âge.

Mais elle eut à peine fini sa phrase qu'une nouvelle volée de flèches atterrit au bas de son bouclier.

—Sir Lowbear, cessez donc... voulut intervenir Daniel.

Mais, avant le fin de son intervention, le souverain aperçut du mouvement du côté des sorciers. Après un regard pour sa mère et Paul, Alice abandonna tout courage et fuit à toutes jambes, sa chevelure doré ondulant dans son dos. Arabella hésita un instant, puis la rejoignit dans les bois.

Le souverain sentit le désespoir noyer sa peine. Les enchanteurs prenaient peur. Loin d'amener la paix, cette réunion était en train d'empirer la situation. Et voilà que le duc de Lowbear souriait à nouveau.

—Mes très chers sorciers... oh, excusez-moi, citoyens, comme dirait notre trop bon roi. Je constate que vos cris de terreur font réagir notre belle endormie. Ne voulez-vous pas gémir un peu plus fort, pour la réveiller ? Oh, ayez cette bonté d'âmes je vous en prie. Hurlez, agonisez, et mourrez.

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