Chapitre 3

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3.





What a shame

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What a shame.




Jisung passe la porte d'entrée silencieusement, comme s'il n'était même pas là. Sa silhouette reste un instant sur le seuil, lorsqu'il se penche pour retirer ses chaussures et les placer sur le côté, de façon à ce qu'elles n'obstruent pas le passage. C'est cette dilatation de secondes qui fait que sa mère tourne la tête depuis le canapé, elle se rend compte de sa présence.

—      Mon chéri, tu n'es pas allé à ton cours ?

Le roux ne lui répond pas tout de suite, il a une sorte de lourdeur dans le dos, qu'elle perçoit lorsqu'il se présente devant elle. Il est bientôt midi, il est trop tard pour que Jisung rejoigne Hyunjin et monsieur Choi en ville.

Cette fin de matinée, en plein samedi, était juste censée se dérouler comme toutes les autres. Mais aujourd'hui, Jisung en a un tout petit plus sur les épaules.

Il secoue la tête de gauche à droite, sans véritable expression. Il regarde sa maman, qui elle, depuis longtemps, n'arrive plus à savoir ce qui grouille dans la petite caboche de son garçon.

—      Viens-là.

Elle tapote ses genoux, avec un sourire doux. Jisung soupire, comme dans une tentative vaine de lui dire qu'il ne vient pas quémander d'affection. Pourtant, il avance à petits pas, s'allongeant sur le canapé, sa tête tranquillement posée contre le tissu de sa robe quand la dame glisse ses doigts dans ses cheveux.

—      Tu reviens de l'hôpital ? lui demande-t-elle avec une certaine retenue.

Elle a l'impression qu'il la regarde, mais les yeux de Jisung sont plutôt sur le plafond, y découvrant une tache d'humidité qui le fait froncer le nez.

—      Ouais.

—      Tu veux en parler ?

—      Pas spécialement.

Jisung ne sait pas vraiment quand c'est devenu comme ça, à quel moment il a commencé à autant s'impliquer dans les problèmes des autres et devenir aussi passif face à ce qui se déroule dans sa propre vie. Parfois il oublie même, comment sa routine, elle lui fout un coup de massue quand il se pense tranquille.

—      Ça va, Jisung ?

—      Ouais.

Il ferme les yeux, appréciant les caresses de sa mère dans ses cheveux roux.

—      Tu devrais revenir à une couleur plus naturelle, le conseille-t-elle. Tu vas devenir chauve à force d'entretenir celle-là.

Il a une sorte de ricanement. C'est comme ça qu'ils font, ils changent de sujet quand l'un des deux se ferme au dialogue. Ce n'est pas la meilleure façon d'opérer pour pousser quelqu'un à se confier, mais Jisung n'a pas besoin de se confier sur quoi que ce soit. Sa mère a tendance à dire qu'il est comme son père, le genre à rester dans son coin et régler les choses tout seul. Et ce genre de constat n'est pas là pour la rassurer. Beaucoup oublient que les parents, ce sont juste des enfants un peu cassés.

—      Je suis désolé de pas y être allé, lui murmure-t-il, parlant à demi-mots.

—      C'est pas grave, tu demanderas à ton camarade de t'aider à rattraper ton retard.

Jisung a du mal à camoufler sa grimace. Il est persuadé que dès lundi, Hyunjin lui fera une remarque sur son absence, peut-être même qu'il se moquera de lui en pensant qu'il a fait ça pour l'éviter.

C'est vrai que Hyunjin, il a tendance à croire qu'il est le nombril du monde, surtout quand personne n'ose lui rappeler qu'il vaut autant qu'un caillou ou qu'un arbre. Ce n'est pas une insulte, Jisung tire ce mantra d'un de ses exposés sur les croyances amérindiennes, les autochtones qui disaient que chaque homme était une unité de chose, et que chaque unité de chose dans l'univers avait une importance égale. Donc, si la prestance de quelqu'un commence à l'intimider, suivant sa notoriété ou son comportement, Jisung s'amuse à le comparer à un ver de terre, et ça va mieux.

Il ricane sous l'œil attentif de sa mère.

—      Tu veux qu'on aille voir un film au cinéma ? Manger une glace ?

Ses yeux se rouvrent, se plantant dans ceux de la femme. Il tient beaucoup d'elle, certains de ses tics de langage, son envie de s'occuper des autres plus que de lui-même, la couleur assez particulière de ses yeux, plus foncée que le noisette mais qui tend un peu vers le nacré.

Il lui sourit.

—      Une prochaine fois, je vais monter dans ma chambre.

Jisung se redresse, et il marche jusqu'aux escaliers pour monter en silence. Il n'essaye pas vraiment d'être silencieux, c'est sa démarche qui depuis le temps, a arrêté de faire du bruit. Par moment, Jisung se demande s'il n'est pas juste quelque chose qui erre, s'il est vraiment ici.

C'est ce genre de pensée qui devrait lui provoquer quelque chose, lui faire se rendre compte de l'aspect monotone que sa vie est en train de prendre.

Mais c'est lui qui ne veut pas. C'est lui qui n'arrive pas à accueillir de changement.

Il y a quelques années, le rôle principal lui a été donné.

Et il a détruit son personnage.

Il a peur de recommencer.

***

En vrai je respecte grave pas mes dates d'updates (après c'est moi, qui ça étonne ?)

Après c'est surtout que même si ce chapitre est important, il n'y a pas encore assez de matière autour pour que vous sachiez pourquoi, donc je le publie en avance parce qu'il est encore « creux ».

"Cool Kids are Messed up" 🔚 HyunsungWhere stories live. Discover now