Chapitre 26

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26.

What about all the broken happy ever afters?

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What about all the broken happy ever afters?







La première nuit est passée difficilement. Jisung est resté encore une heure avec la famille de Wooyoung, ces derniers continuant de pleurer le départ de leur fils et frère, ils laissaient le chagrin accompagner la fin de leur nuit. C'était déchirant à voir pour Changbin, mais c'était sûrement la réaction la plus saine à avoir, elle démontrait que le deuil faisait son travail, et que la douleur, si elle était déjà là, ne les prendrait pas par surprise au beau milieu du soir.

Puis après de dernières embrassades fatiguées, Jisung leur a dit au revoir. La veillée et les funérailles devaient déjà être anticipées, même avec un cerveau encore dans le brouillard. Il a cru comprendre que Sounji s'occuperait de tout. A ce moment, Changbin a pu voir que Jisung n'écoutait pas vraiment. Les deux meilleurs amis ont quitté l'hôpital, et dépourvu des sanglots et des cris, la bâtisse avait tout à coup quelque chose de spectral, comme un édifice hanté.

Changbin a dormi chez Jisung cette nuit-là, quand après avoir appelé un taxi pour les ramener à la maison, ils ont fait face à ses parents morts d'inquiétude. Sa mère a voulu se jeter sur son fils pour le protéger, mais Jisung s'est juste tenu face à eux. L'issue n'avait pas changé, Wooyoung ne se réveillera plus jamais.

Il aurait eu un rire amer, trouvant la situation ironique. A cet instant, ses parents avaient l'air profondément démunis, impuissants car c'était un combat qui n'était pas le leur. Jisung a toujours aimé ses parents, mais il se souvenait aussi de l'époque où ces derniers n'étaient pas prêts à accepter sa relation avec un autre garçon. Ils se souvenait des tensions et de leurs mots parfois blessants. Ça avait commencé avec Changbin, parce que Changbin l'avait avoué aux siens en premier, qu'il ne trouvait pas que les filles attirantes.

Pourtant, un jour, ils ont ouvert les yeux. Ça n'a jamais effacé ce par quoi il avait dû passer, des regards creux et incompris de ses propres géniteurs, une profonde confusion, de la réticence. Il n'a jamais vu de dégoût dans leurs yeux, néanmoins, ce temps de latence durant lequel il se voyait comme un inconnu dans leur maison l'a marqué. Le temps qu'ils comprennent que Jisung était toujours Jisung, et que peu importait s'il tenait la main d'un ou d'une camarade de lycée.

Wooyoung l'avait aidé. Il avait débarqué chez lui en furie, par surprise et sans prévenir personne. Il s'était planté dans la cour comme un parfait imbécile, mains en porte-voix, et il leur avait crié, le souffle court et les yeux pleins d'étoiles : Lui là, votre fils putain, c'est l'homme de ma vie !

Jisung n'a jamais été un grand fan des gens qui se montraient de la sorte en spectacle, mais il n'a jamais oublié la chaleur qu'il a ressenti quand Wooyoung a fait ça.

Ils étaient jeunes, et peut-être que c'étaient des paroles un peu trop enthousiastes pour leur âge, mais elles avaient eu leur impact.

Ça aussi, c'était ironique. Aussi étrange que cela ait pu paraitre, peu à peu, ils avaient appris à aimer Wooyoung, son caractère solaire et avenant, il était bruyant et parfois maladroit, mais il avait toujours un geste tendre sur le bout des doigts. Il prenait soin de Jisung, comme personne ne l'avait jamais fait. Alors, de retour au moment présent, cette perte d'un être cher était aussi devenue la leur. Wooyoung allait leur manquer, des morceaux de leur propre fils manquaient.

Tout ça pour ça.

Toute idylle a ses failles.

Jisung n'était pas encore prêt à se remémorer le reste, à se demander pourquoi un soir son copain avait pris ses clés et sa voiture après avoir un peu trop bu. Tout s'était produit trop vite, c'était la partie de la théorie du chaos qui plaisait à tout le monde : l'effet papillon. Un battement d'aile, et la tempête se déchaine à l'autre bout du monde.

Un an plus tard, Wooyoung est mort.

Changbin s'est réveillé sous le hurlement soudain de Jisung. Il n'avait plus fait de cauchemars depuis longtemps, mais cette nuit avait débloqué beaucoup de choses. Même s'il le vivait différemment des autres, le roux aussi entamait un deuil douloureux, plus silencieux en surface, plus houleux en-dessous. Changbin l'a bordé au pied du lit, car pendant les jours qui allaient suivre, Jisung ne serait qu'une poupée de chiffon.

Le lendemain, ils ne sont pas allés en cours. Ils sont restés ensemble, Changbin a téléphoné à Seungmin pour brièvement lui expliquer la situation. Il n'y avait que peu de personnes qui connaissaient cette histoire, et Seungmin en faisait partie.

Le surlendemain, Changbin est retourné en cours seul. Hyunjin était là aussi, il ne parlait pas beaucoup.

Trois jours plus tard, avec l'accord de Jisung qui se faisait toujours désirer, le noiraud a finalement lâché le morceau : il a tout raconté à la bande. Ce fut une sacrée claque, et face au manque de réaction de Hyunjin, créant un puissant contraste avec le visage éberlué de Felix, ils ont demandé -sauf Hyunjin qui ne disait encore rien- s'il allait bien.

Pas de réponse, mais Changbin leur a souri. Pour le moment, il ne pouvait pas dire qu'il « allait bien », mais il pouvait garder un espoir un peu plus grand et dire qu'il « irait mieux ».

Felix a demandé à parler à Changbin. Ils se sont éclipsés dans un couloir et Hyunjin les a juste observés partir, sachant ce que le blond allait aborder comme sujet pour le cas de son ami.

— T'arrives à y croire Hyun ?

Minhee passe son bras sur ses épaules, la mine attristée et compatissante. Comment font-ils pour montrer du soutien pour quelque chose dont ils ne savent rien ? Lui-même a été tenu au courant de l'histoire, mais il n'arrive pas à exprimer autre chose qu'un profond sentiment de flotter dans le vide.

Tu le savais Hanbyun ? demande-t-il alors à son autre ami, lui aussi silencieux.

Ce dernier semble perdu dans ses pensées. La nouvelle le laisse encore sous le choc.

Il a toujours été discret quand on parlait de relations, partage-t-il, j'avais juste l'impression qu'il était pas à l'aise avec le sujet. Je comprends pourquoi, c'était déjà le bordel de ce côté.

Hyunjin écoute les mots qui sont déblatérés. C'est étrangement difficile de prétendre ne rien savoir.

Par la suite, Jisung a obtenu une dispense d'assiduité, ce qui signifiait qu'il ne viendrait plus en cours jusqu'à la fin de l'année. Leur semestre prendrait fin dans un peu moins de deux mois, ils ne verraient de nouveau leur ami dans le cadre scolaire qu'une fois arrivés à la semaine de partiels.

Mais si Jisung avait pu obtenir sa dérogation, cela voulait sûrement dire qu'il voyait un psy.

C'était au moins un bon point, non ?

Hyunjin ne savait pas quoi penser.

Du jour au lendemain, Jisung s'est donc volatilisé.


***


On entame un nouvel arc de l'histoire, c'est donc une transition et le chapitre est court. Les éléments ici s'enchainent du coup assez rapidement.

Qu'est-ce que vous pensez de la longueur des chapitres précédents ? (pas celui-là c'est l'un des plus courts)

Allez plein de bisous et d'amour !

"Cool Kids are Messed up" 🔚 HyunsungOù les histoires vivent. Découvrez maintenant