[CETTE HISTOIRE EST LE TOME 2 DE DUMB BITCH MERCI]
En continuant de se convaincre qu'il détient un contrôle inébranlable sur sa vie, Jisung risque très vite d'atteindre ses limites. Il garde cette attitude posée, qui frôle le détachement, et qui par...
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God I wish I never spoke.
Jisung n'est pas totalement sûr de ce qu'il doit faire à cet instant. Rien n'est cohésif dans sa tête, il se sait en équilibre sur un fil pendu au-dessus du vide. Après s'être éclipsé du brouaha insupportable de la cafétéria, il arrive enfin à souffler un peu. La réclamation, pourtant toute innocente de Felix lui passe en travers du gosier, c'est plus virulent qu'il ne voulait le laisser paraitre, et là, Jisung a une douloureuse envie de vomir.
Rien ne va. Il se voile la face, d'un instant à l'autre, il va craquer et s'il craque, le monde va se briser en deux.
Comme s'il reprenait tout juste ses esprits, il abaisse sa capuche et inspire de grandes goulées d'air. Maintenant seul à la sortie des bâtiments, pieds sur le bitume du parking de la fac, il passe une main sur son visage et lance un regard éreinté derrière, retraçant de ses prunelles les pas précipités qui l'ont mené jusqu'à là. La réalisation lui vient entre la nonchalance et l'embarras.
Je viens de faire une crise d'anxiété.
Ça ne lui était jamais arrivé, pas devant les gens du moins. Jisung fait toujours son possible pour ne pas laisser de pensées trop intrusives se glisser dans sa tête quand il est avec ses amis, il les chasse au loin, les renie. Il a toujours réussi, même si éventuellement, la réalité le frappait du coup plus fort quand il rentrait chez lui.
Le fait que Felix parle si ouvertement de projets, le fait que les gens, les autres gens, arrivent encore à se voir des mois, des années dans le futur lui a juste donné une grosse claque et Jisung a sombré en une seconde dans ses plus noirs scénarios. Son petit-ami, Wooyoung, ne terminera sûrement même pas l'année, et si Jisung le sait depuis longtemps, maintenant, il ne sait plus accorder aucune pensée sans qu'elle ne finisse reliée à cette fatalité.
Sans filtre et sans censure, voilà ce qu'il se passe : pendant que son groupe d'amis se préoccupe de la réussite d'un camp d'initiation, Jisung devra songer à quelles fleurs il déposera sur la tombe du garçon qu'il aime. Cette simple différence, cette dichotomie entre deux réalités fait qu'il n'arrive plus à complètement rationaliser.
« T'es pas obligé de garder la tête haute »
Jisung a détesté que Changbin lui reproche ça. Jisung ne joue pas les forts car il craint de paraitre faible ; il se ferme aux éventualités car quelque chose bloque encore, il est déjà dans le processus de deuil mais le déni est une phase de laquelle il ne parvient pas à s'extirper. Jisung n'essaye pas d'avoir l'air d'un héros qui tient debout malgré les emmerdes, le problème, c'est qu'il sait très bien que d'un instant à l'autre, il va s'effondrer. Dans sa tête, c'est comme si un interrupteur était maintenu sur off, et qu'à côté de cet interrupteur, un homme avait le bras tendu, lassement, que d'un simple mouvement, il pourra tout faire disjoncter.
