USA, juin 1960. Dans une petite ville de Louisiane, le jeune Daniel Spillman étouffe, couvé par une mère possessive et un père l'accablant de brimades et de coups. Un jour, une jeune missionnaire, prénommée Madeleine, frappe à la porte de cette fami...
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LE CHAOS RÉGNAIT DANS LA TÊTE de Daniel Spillman. Des bribes de son enfance lui parvenaient, des souvenirs, qui semblaient appartenir à un autre.
Il se demandait parfois si c'était le cas, s'il devenait fou.
Son père ne méritait rien de mieux, pensait-il. Il méritait son sort, car il n'avait jamais montré de remords. Sinon aurait-il ressenti une once d'humanité, quelque chose, qui l'aurait empêché de faire ce qu'il faisait.
— Papa... chuchote le jeune homme.
Monsieur Spillman l'observe, le visage déformé par la douleur.
Daniel est un enfant qui grandit enfin et pense pouvoir apprendre une chose ou deux à son père. Il veut lui montrer qu'il n'est pas invincible, pas si spécial, si supérieur.
Les poils bruns qui parsèment le corps de son géniteur sont imbibés de sang.
— Tu t'es amusé à violer ces femmes ? Tu t'es amusé en les torturant ?
Albert regarde son fils, et tout ce qu'il voit, c'est le gamin qu'il a maltraité et qui a appris à le détester. Son fils retient son âme entre ses mains.
— Arrête ! supplie-t-il. Arrête !
Monsieur Spillman souffre à cause d'un enfant qui a enfin le contrôle et compte en faire bon usage.
* * *
JESSICA DESCEND AVEC UNE BOUTEILLE DE BOURBON. Elle est déjà ivre lorsqu'elle s'assoit devant ce poste de télévision dont elle est si fière. Elle attend jusqu'à sombrer, tellement ivre, qu'elle ne se soucie plus des hurlements de son époux.
Au bout d'un moment, Daniel remonte toujours de la cave. Sa mère est si saoule, qu'elle ne le reconnait plus. Elle pense qu'il est l'homme du crédit bancaire ou son mari. Elle l'injurie, lui dit qu'il a tout gâché, qu'il a détruit sa vie.
Daniel ignore ce qu'il ressent pour cette femme – sa « mère » – comme il l'a appelée durant des années. Il ne sait pas s'il l'aime encore ou s'il la déteste. Jessica ne peut pas vivre sans lui. Il n'y a plus rien pour elle dans cette vie-là, rien que lui.
Madeleine avait compris cela ; elle se souvient de son enlèvement comme si c'était hier. Tout dans le moindre détail, la clé dans la serrure, la porte qui s'ouvre en haut des marches, l'odeur de la cave. Aussi étrange que cela puisse paraître, Daniel avait été la seule personne qui lui avait offert un peu de sécurité.
Le quatre juillet résonnait autour d'eux, et Madeleine décida que ce serait le jour parfait pour tuer Albert Spillman.
