USA, juin 1960. Dans une petite ville de Louisiane, le jeune Daniel Spillman étouffe, couvé par une mère possessive et un père l'accablant de brimades et de coups. Un jour, une jeune missionnaire, prénommée Madeleine, frappe à la porte de cette fami...
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LORSQUE DANIEL SPILLMAN SE RÉVEILLE, le masque à gaz est toujours sur son visage. L'arôme de la marijuana imprègne l'air. Il se redresse, mais il lui faut un moment pour comprendre où il se trouve.
Il est dans sa chambre, en Louisiane.
Récemment, le jeune homme fait des rêves bizarres. Il imagine des endroits qu'il n'a jamais visités. C'est sa manière d'échapper à la maison et à ses atrocités.
Sa mère s'approche et lui pose une main sur l'épaule, souriante. Daniel distingue son visage dans la pénombre. Elle porte une longue chemise de nuit et tient quelque chose entre ses bras. Il enlève son masque à gaz pour mieux voir, mais elle se détourne.
— Dani, murmure-t-elle, nous avons besoin de toi en bas.
Le jeune homme suit sa mère dans le couloir. La radio diffuse un air classique. Quand ils arrivent au sous-sol, Jessica disparaît dans l'obscurité. Daniel respire l'humidité et l'eau de Cologne de son père. La voix de celui-ci résonne pendant qu'il traverse la cave. Une lanterne brûle et éclaire la dernière cage où sa mère fredonne. Elle se tourne vers lui, souriante, tenant le nouveau-né. Le jeune homme inspire profondément, puis Jessica dépose le bébé dans ses bras. Celui-ci pleure et lui griffe le cou.
— Il est affamé, explique madame Spillman. Cette garce refuse de l'allaiter.
Albert se tient près de la cage, fusil à la hanche, scrutant son successeur. Daniel entre et calme le bébé. « Tu feras un bon fils, n'est-ce pas ? » murmure-t-il. Il observe la nourriture et la jeune femme enchaînée au mur. Elle pleure, tenant sa tête entre ses mains.
— Tu dois allaiter mon... notre garçon, dit-il. Tu dois manger, toi aussi.
Madeleine lève les yeux alors qu'il se penche sur elle.
— Tu as été une brave fille, Maddie. Sois une bonne mère, maintenant.
— Tu es un monstre, sanglote-t-elle. Un monstre !
Daniel prend un morceau de viande et l'oblige à ouvrir la bouche. Il la regarde se débattre, puis avaler. Les lèvres de la jeune femme sont tuméfiées, son chemisier est déchiré.
— Ne pleure pas. Tu sais ce qui arrive, quand tu pleures. Tu vas pleurer à en mourir...
— Pourquoi me fais-tu ça ? s'écrie-t-elle. Que t'ai-je fait ?
Il pose une main sur son épaule, percevant ses tremblements.
— Tu vas allaiter notre fils, maintenant ? demande-t-il froidement. Nourris-le.
Madeleine ignore l'enfant.
— Nourris-le ! s'emporte-t-il.
Daniel la saisit par la gorge et la secoue jusqu'à ce qu'elle prenne le petit sur ses genoux. La jeune femme est terrifiée alors qu'il cherche à téter, mais ne parvient pas à satisfaire ses besoins. Il s'étrangle, puis se remet à pleurer.
— Tu ne veux pas être une bonne mère ? Quel genre de femme es-tu ?
Le bébé hurle de plus belle.
— Ce n'est pas ma faute, se lamente Madeleine. Il boit trop vite ! S'il te plaît, laisse-moi réessayer.
— Tu ne sers à rien, maugrée le jeune homme.
Il reprend le petit et le confie à sa mère.
– Pas besoin de te garder en vie si tu ne peux même pas allaiter, lâche-t-il.
— Non ! s'époumone Madeleine, tendant les mains vers lui. Je vais essayer, Daniel. Je vais le nourrir. Rends-le-moi, je t'en supplie !
Le fils Spillman l'ignore et se tourne vers son père.
— Elle est toute à toi, papa. Je n'en veux plus.
Il remonte dans le foyer avec sa mère tandis que les cris de Madeleine retentissent.
