Partie VI - 11 : Les Vagues

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LES MALHEURS S'ABATTENT parfois sur nous en une succession implacable. Avez-vous déjà remarqué ce phénomène ? C'est comme si une spirale infernale s'enclenchait alors que tout allait bien, lorsque nous nous sentions les plus heureux et les plus confiants. Tout parait se liguer contre nous, comme si nous nagions en pleine tempête, dépassés par les vagues qui ne cessent de se succéder. Pourtant, nous sentons que l'épreuve n'est pas terminée, que le pire est encore à venir.

Durant la semaine du 8 mai 1961, Daniel et Levy perdirent leur emploi. Levy, plongé dans les affres de la drogue, ne se présentait plus à son poste et ne donnait plus de nouvelles. Daniel, quant à lui, ne voulait pas recroiser Tab et ne rendait plus visite à son ami. Madeleine, inquiète, décida de se rendre chez Levy pour prendre de ses nouvelles.

C'est alors que Daniel dut lui avouer la vérité.

La jeune femme ne sembla pas en colère, seulement peinée pour leur ami. Trois jours plus tard, Daniel se blessa de nouveau à l'épaule durant son service. Cette semaine-là, monsieur Beeson avait vendu l'entreprise à un concurrent, sans juger bon d'en informer ses ouvriers. Le nouveau patron se fichait de la blessure de Daniel. Tout ce qu'il voyait, c'était un gars qui aurait besoin de plusieurs semaines pour se rétablir. Bien que le jeune homme lui ait assuré qu'il ne prendrait pas une journée et serait en mesure de faire son travail, l'autre comprit rapidement que ce gamin était désormais de la marchandise endommagée. Le nouveau chef avait pris sa décision, et Daniel n'avait pas son mot à dire.

Il reçut quelques indemnités de licenciement, et ce fut tout.

Daniel, qui n'avait jamais étudié, devait trouver un nouvel emploi. Sa seule expérience était en Louisiane, dans la ferme de sa tante et l'épicerie de ses parents. Il était doté d'une imagination débordante et était doué pour découper les corps avec une habileté effrayante, faisant disparaître les preuves avec une précision méthodique. Mais, c'était loin d'être une référence que l'on souhaiterait voir sur son curriculum vitae.

Après une semaine de recherche infructueuse, le propriétaire d'une station-service le recruta pour travailler, y compris les week-ends. Daniel était déterminé à faire ce travail, quel qu'il soit, pour s'assurer que Madeleine et le bébé n'aient à s'inquiéter de rien. Le propriétaire, d'une quarantaine d'années, avait l'air d'un ancien lutteur shooté au crack. Avec sa moustache épaisse et son corps musclé, petit, mais impressionnant, il ressemblait un peu au père de Daniel. Il utilisait ce dernier pour accomplir toutes les tâches ingrates qu'il refusait de faire lui-même. Il exploitait sans scrupules un jeune homme prêt à tout pour conserver son emploi.

* * *

L'AUBE EST RADIEUSE, bien que la tempête fasse rage. La pluie qui martèle les vitres ne fait que renforcer la quiétude de Madeleine, heureuse d'être à l'abri avec celui qu'elle aime. Le couple s'éveille paisiblement, prêt à affronter une nouvelle journée.

KuklosWhere stories live. Discover now