USA, juin 1960. Dans une petite ville de Louisiane, le jeune Daniel Spillman étouffe, couvé par une mère possessive et un père l'accablant de brimades et de coups. Un jour, une jeune missionnaire, prénommée Madeleine, frappe à la porte de cette fami...
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DANIEL OBSERVE LA CHAMBRE. Il songe à la façon dont un enfer peut devenir un lieu confortable, comment une personne peut retrouver sa vie dans les cendres de son passé, comment un être humain peut devenir un monstre en quelques secondes.
Il se redresse sur le lit et fixe la porte, le verrou et la chaîne. Il sent les yeux de Madeleine posés sur lui alors qu'elle se tient près de la télévision, étalant une couverture sur le canapé. Elle balaye la pièce du regard, s'assurant que tout est prêt pour la nuit, que la porte est fermée, et qu'elle a les clés en sa possession.
Même après deux semaines, elle craint qu'il ne parte en douce se procurer de la drogue pendant qu'elle dort.
— Je ne vais nulle part, murmure-t-il. Je te le promets.
La jeune femme prend une grande inspiration.
— La dernière fois que tu as fait des promesses, tu les as brisées.
C'est une erreur que Daniel ne peut pas répéter. Il doit lui prouver qu'il peut être différent, qu'il ne lui fera plus jamais de mal. Ces derniers jours, il a essayé de la faire sourire. Cela a parfois fonctionné, mais pas aussi bien qu'il l'aurait souhaité.
— Qu'est-ce que tu fais ? Tu vas encore dormir sur ce vieux sofa délabré ? demande-t-il, mais la jeune femme lui tourne le dos. Laisse-moi au moins dormir dessus.
Madeleine l'observe, un coussin entre les bras.
— Je dors très bien sur le sofa. Je ne suis pas en sucre.
— Je ne te toucherai pas si tu ne veux plus. Dors près de moi... Tu me manques.
Madeleine est visitée par cette réminiscence : « Ne t'allonge pas à côté de moi. Ne t'endors pas surtout. Parce que je te jure... je n'hésiterai pas à t'étrangler. »
Daniel la regarde disparaître dans la salle de bains. Il allume la télévision et repose sa tête sur l'oreiller. Lorsque la jeune femme revient, elle approche, puis s'arrête près de lui. Elle a les yeux brillants et serre les poings contre ses flancs. Daniel attend, n'osant pas espérer.
— Maddie, finit-il par dire, on dirait que tu es sur le point de me foutre une raclée. Tu veux me frapper ? Je pourrais bien te laisser faire.
Elle se crispe, et il sait pertinemment que ça ne l'amuse pas.
— Si je me mets à te frapper, réplique-t-elle, j'ai peur de ne jamais pouvoir m'arrêter.
— Alors, tu sais ce que je ressens, parfois.
— Peut-être que je te cognerai quand tu iras mieux. Tu as raison, tu le mérites.
Daniel rit doucement, ravivant la douleur dans son épaule comme une onde électrique.
