Métamorphe {Terminée/Corrigée}

Chapitre 21. Louche (corrigé)

Pendant tout mon trajet jusqu'au réfectoire, je sentais une présence près de moi, mais à chaque fois que je me retournais, il n'y avait rien.

En entrant dans la salle, je balayais du regard les tables où les jeunes déjeunaient. Je veux dire, là où les quelques jeunes déjeunaient. Je ne vis pas d'Hunter, ni d'un de ses amis. En fait, je ne reconnus personne. Seulement des jeunes dont je n'avais jamais adressé la parole. Je pris un plateau et allais me servir à la cantine.

Assise seule à une table du fond, j'observais les autres qui étaient tous à la même table. Trois vampires et deux sorcières. J'allais devoir attendre qu'Hunter se manifeste pour que je puisse poser mes questions.

Je me suis mise à regarder par une fenêtre au hasard et vis deux hommes. Deux hommes qui ressemblaient énormément à ceux qui étaient venus dans le bureau de Mélissa pour se plaindre qu'ils avaient assisté à quelque chose hors du commun tout près de notre camp. Ils semblaient louches, très louches.

-Toi aussi, tu les as vu, fit une voix derrière moi.

Je m'étouffais avec ma bouchée. Je ne l'avais pas entendu arriver celui-là ! J'étais tellement concentrée sur les deux hommes de l'autre côté de la fenêtre. Je finis finalement par respirer à nouveau.

-Putain, j'ai failli crever ! Lui dis-je.

Hunter rit.

-Ça ne m'aurait pas dérangé.

Je lui fis un merveilleux doigt d'honneur en me levant pour aller porter mon cabaret près de la poubelle.

Il me suivit tout en gardant un œil sur les deux hommes dehors.

-Ils sont louches pas vrai ? Lui dis-je.

-Totalement. Je crois qu'ils essaient de trouver quelque chose d'anormal ici et de le dénoncer.

-Et tu crois qu'on est normal nous ? Ironisais-je.

Le regard qu'il jeta sur moi me fit taire pour tout le weekend.

-On devrait peut-être aller voir ce qu'ils cherchent exactement, lui proposais-je après un long silence.

-J'y vais, toi tu restes ici.

-Mais pourquoi ? Boudais-je.

-Tu ne sais pas encore maîtriser tes yeux. À moins que tu ne leur dises que tu adores porter des lentilles de couleurs, me dit-il en changeant la couleur de ses yeux.

-Je resterais loin.

Après un long regard suppliant, il finit par accepter. 

Nous marchions subtilement vers les deux hommes quand je vis une paire de lunettes de soleil traîner sur un banc. Je décidais donc de les enfiler. Personne ne pouvait voir mes magnifiques yeux roses et dorés. Je tournais la tête vers Hunter, fière de ma petite trouvaille.

-Finalement, je vais pouvoir être plus près, lui souriais-je.

Il hocha la tête et on poursuivit notre chemin. Une fois arrivés, assez éloignés pour ne pas qu'ils nous voient, nous nous glissions derrière une rangée d'arbres et avons tendu l'oreille.

-Ce n'était peut-être que du jus de tomate, dit l'un des deux hommes.

-Non, non ça n'avait pas la couleur de ça du tout, dit l'autre. En plus, il avait les yeux rouges !

-Et ça m'étonnerait que ce soit des lentilles de couleur. Qui s'amuserait à porter cette connerie ? Des ados cinglés ? Ce camp n'est pas normal du tout.

-C'est ce que je me dis depuis l'autre jour. Et depuis, ça me hante !

-Il nous faut plus de preuves pour porter plaintes.

Je ne pus continuer d'écouter leur conversation. Hunter venait de m'écraser le pied sans faire exprès et à cause de cela, je dû reprendre mon équilibre, mais je fis craquer une branche.

Les deux hommes se turent et se tournèrent vers la rangée d'arbres, là où on était caché.

-Hey, il y a quelqu'un ?

Hunter se tourna vers moi.

-Improvise, me chuchota-t-il.

Mais comment ? Que pouvais-je bien faire ?

Soudain, il me prit la main et sortit de notre cachette. Il ignora les deux hommes et continua de marcher comme si de rien n'était. Nous marchions main dans la main comme un... comme un couple ?

Puis Hunter tourna la tête en direction des deux hommes, sa main toujours dans la mienne. De mon côté, c'était l'apocalypse dans ma tête.

-On peut vous aider ? Demanda-t-il.

-Hey, ce ne serait pas le jeune qui avait un gros chien, ou plutôt un loup blanc ?

L'autre homme hocha la tête. Ils s'avancèrent vers nous. Un peu trop à mon goût, il ne faudrait pas qu'ils voient mes yeux à travers la mince vitre de mes lunettes.

-Pourquoi portes-tu des lunettes de soleil alors que le ciel est recouvert d'épais nuage gris ?

N'avais-je pas le droit d'avoir du style ?

L'autre homme s'avança un peu plus près de moi.

-C'est peut-être pour cacher un petit secret, des yeux colorés peut-être ? Dit ce dernier en avançant sa main vers mon visage.

-Ne la touchez pas, grogna Hunter.

-Je veux simplement voir ses yeux, crétin ! Pas la violer ! Cracha l'homme.

Que pouvais-je bien faire maintenant ? Ça serait louche de refuser d'enlever mes lunettes.

Sa main frôlait maintenant mes lunettes de soleil.