Métamorphe {Terminée/Corrigée}

Chapitre 33. Fuite (corrigé)

Je ne parlais plus. Je restais silencieuse sur le dos de Vincent qui avait maintenant l'apparence d'un taureau. Ouais un taureau, la grosse bête menaçante avec ses deux grosses cornes qui entaillent facilement la peau des gens. Pratique pour défoncer les portes qui nous barraient le chemin et faire peur aux hommes qui osaient se mettre dans nos jambes.

Je dus mieux m'accrocher à ses cornes car je ne faisais que rebondir sur son dos. Il courait alors ça me faisait rebondir de tous les côtés.

En tournant un coin, on vit un groupe d'hommes qui ne faisait que nous attendre. Et ils avaient malheureusement des bâtons et pistolets électriques dans leurs mains, prêt à frapper.

-On fait demi-tour ou on leur fonce dedans ? Demandais-je à Vincent rapidement.

-On leur fonce dedans, ils ont prévu nous faire faire demi-tour alors on va les surprendre.

Il y avait un tout petit quelque chose qui me fit crier de rage intérieurement. C'était le fait que Vincent aussi pouvait parler quand il était sous forme animale. Moi j'y suis arrivée une fois seulement mais depuis, ça n'a jamais marché.

Je levais la tête vers la foule en délire. Non pas la foule, simplement le groupe d'homme qui brandissait leurs armes. Je n'était pas certaine si le plan de Vincent allait fonctionner, ils n'avaient pas l'air d'avoir peur. Au contraire, c'est moi qui avait peur.

Je baissais la tête et m'accrochais du mieux que je pouvais lorsque nous étions à une plus courte distance du groupe. Cinq mètres, quatre mètres, trois mètres, deux mètres, un mètre, les hommes s'écartèrent à la dernière seconde, nous laissant la voie libre. Au-delà de ce groupe, il y avait la porte de sortie, enfin ! Le taureau fonça dans la porte, la mettant en pièce, et il continuait à courir même si on était à l'extérieur. Il fallait mettre le plus de distance entre l'ennemi et nous. Rappelez-moi qu'il fallait que je me mette au sport un jour.

Après une bonne dizaine de minutes à courir dans une forêt lugubre et sombre, je tapotais le dos de Vincent pour qu'il s'arrête. Je commençais à avoir mal au cœur. Il s'arrêta et je descendis de son dos. Je me précipitais vers le buisson le plus proche et régurgitais tout mon dernier repas au grand complet, à vrai dire je ne savais même pas il remontait à quand. Combien de temps on avait passé dans cet endroit ?

-Ça va ? Me demanda Vincent en tapotant mon dos après avoir repris sa forme initiale.

-Maintenant oui, lui dis-je en m'essuyant la bouche avec ma manche, ce n'était pas très chic mais bref, je n'avais rien d'autre.

Je reculais de mon buisson puant et je regardais les alentours. Je ne reconnaissais rien, il n'y avait que de la forêt à perte de vue.

-Il faut sortir de cette forêt, elle me donne la chair de poule.

-Tu ne m'interroges même pas au sujet de ce que j'ai fait pour nous sortir de ce pétrin ? Me demanda Vincent, surpris.

-Bah non, je suis comme toi aussi, alors je sais c'est quoi d'être un métamorphe.

Sa bouche touchait le sol tellement il était surpris.

-Enfin quelqu'un comme moi ! Dit-il en faisant une danse de la joie comme un enfant de cinq ans.

Son sourire enfantin lui allait à merveille, mais il s'arrêta net.

-Prouve-le moi, dit-il sur un ton plus sérieux.

Je me concentrais du mieux que je pouvais et m'imaginais une magnifique biche. Quatre pattes, museau et pelage doré. J'ouvris les yeux après avoir sentis le petit chatouillement de la brume et je me vis en chevreuil. Un autre de réussi.

-C'est le plus beau jour de ma vie, si on exclut tout à l'heure bien sûr. Dis-moi, il y en a d'autres comme nous ?

-Un autre comme nous et pleins d'autre ayant des dons différents. Forest Dawn, là où tu m'as embarqué, c'est un camp pour surnaturels. Je ne sais pas si tu pourrais te joindre à nous, mais ça serait cool ! Dis-je après avoir repris ma forme humaine.

-Je ne suis pas trop sûr là.

-On en reparlera plus tard, j'ai une petite idée de comment nous sortir de cette forêt.

-Et comment ? Me demanda-t-il.

Joli oiseau, grandes ailes, bec doré, adepte du vol. Je réussis à me transformer en un aigle. Enfin un bel oiseau, pour une fois que je n'était pas une corneille. Vincent comprit aussitôt et il prit l'apparence d'un faucon pèlerin.

Nous nous sommes envolés, moi qui manquais de pratique et lui qui semblait avoir appris à voler avant même de savoir marcher. Je devins finalement stable et on passa au travers des épaisses feuilles pour ensuite voir le ciel étoilé. Heureusement pour nous, je reconnus une route au loin, et elle menait à Forest Dawn.

Il ne manquait plus qu'à se rendre là-bas et trouver une bonne excuse de mon absence.