Chapitre 43. Larmes (corrigé)

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Je me levais précipitamment et regardais qui était dehors. Je ne vis qu'une silhouette alors j'allumais la petite lumière de la pièce puis je reposais mon regard sur la personne de l'autre côté de la fenêtre.

Hunter était là et cette fois-ci, il avait l'air zen. J'ouvris discrètement ma fenêtre et passais ma tête au travers de cette dernière.

-Qu'est-ce qu'il y a ? Lui demandais-je.

-Vient.

-Euh... Où ça ?

-Vient, insista-t-il.

-Bon, d'accord.

Je passais mon corps au travers de la fenêtre et la refermais avant d'atterrir au sol. Cette fois-ci, il n'y eut pas de planche incarnée pour me faire tomber dans les bras de la personne. Hunter commença à marcher vers le sentier alors je le suivis sans le questionner dans l'immédiat. Il prit le chemin du lac et je restais toujours silencieuse.

En arrivant là-bas, je m'arrêtais, mais repris tout de suite ma marche en voyant qu'Hunter continuait encore son chemin directement dans la forêt. Je le suivis encore en silence pendant de longues minutes. Ça m'avait tout de même permis d'admirer le magnifique ciel étoilé. Aucun nuage, c'était magnifique, magique.

Après cette longue marche, il s'arrêta net et, moi qui était juste derrière lui, je lui fonçais maladroitement dedans. Je me ressaisis rapidement et m'excusais.

Un rocher se dressa devant nous. Hunter grimpa habilement jusqu'au sommet et moi je le regardais faire. J'étais une patate en escalade...

Ne voulant pas me casser un membre en escaladant cet obstacle, je me transformais encore une fois en corneille et je volais jusqu'en haut. Reprenant ma forme initiale, je questionnais Hunter du regard.

-Ça ne va pas très bien chez moi, commença-t-il.

-Comment ça ? Lui demandais-je en m'assoyant sur le gros rocher pour être plus attentive.

-L'autre jour, tu m'as demandé pourquoi je n'allais pas chez mes parents. C'est devenu de la merde là-bas. Tout le monde s'engueule et souvent, quand ça n'allait pas très bien, je me confiais à ma grand-mère, mais elle n'est plus de ce monde depuis quelques semaines. Alors c'est pourquoi je deviens bête, dit-il en s'assoyant à son tour.

Sa situation était loin d'être amusante. Entendre ses parents s'engueuler et ne plus pouvoir se confier à la personne à qui on tenait le plus. Je me sentais très mal pour lui en apprenant cela.

-Ne te retient pas pour te vider, enlève le gros poids que tu as sur le cœur, lui dis-je en faisant une mimique qui le fit légèrement sourire.

Il me raconta tout. Je faisais la psy et lui était mon patient. Les longues secondes devinrent des minutes qui passèrent vite. Je sentis qu'après cette séance, il était plus léger. Après avoir terminé, il lâcha un grand soupir. Il pouvait enfin respirer.

-Ma grand-mère m'écoutait toujours jusqu'à la fin, elle ne m'interrompait jamais. Un peu comme tu viens de faire, tu n'as même pas parlé. Elle avait un grand cœur et j'étais la raison de son grand bonheur.

-Et si j'ai bien compris, tes parents se disputent pour savoir qui va récolter l'argent de ta grand-mère ?

Il hocha la tête.

-Et ils pensent même au divorce, souffla-t-il.

-C'est carrément n'importe quoi, m'énervais-je. Ce n'est pas l'argent qui fait le bonheur, loin de là. Regarde ce que ça entraîne.

Les personnes qui ne pensaient qu'à l'argent me décourageaient tellement.

Hunter sourit de plus belle suite ma remarque. J'étais contente de voir que je le faisais sourire. Je ne m'attendais pas du tout à ce qu'il change subitement d'humeur. Son visage devint triste et je pus même voir une larme qui menaçait de couler. Sans trop réfléchir, je m'approchais de lui et lui fis un énorme câlin. Toujours en silence. Il me serra finalement et je crus percevoir un sanglot.

-Elle me manque tellement, dit-il dans un murmure quasi inaudible.

Je le resserrais plus fort comme si j'allais guérir toute cette tristesse en un câlin et je lui flattai le dos. Je sentis quelques larmes tomber sur mon épaule.

Il pleurait.

Derrière ce garçon ayant l'apparence d'une personne froide, distante et dure, jamais je n'aurais pensé y découvrir un garçon sensible, fragile et émotif.

Je versais une larme moi aussi. J'étais comme ça, quand quelqu'un pleurait, je pleurais avec. C'était contagieux pour moi, mais cela rassurait aussi l'autre personne.

Je lui tapotais doucement l'épaule, tout ce que je voulais pour l'instant, c'était le consoler comme une mère consolait son enfant.

Mais pourquoi avait-il raconté tout cela à moi ? Pourquoi pas à une autre personne du camp, il me connaissait encore à peine. Melissa l'aurait bien écouté, elle était là pour tout le monde.

-Tout va bien aller, commençais-je, mais là, je ne voudrais pas que tu morves sur mon magnifique pyjama.

Il rit encore une fois et je pus voir son visage humide de larmes. Jamais je n'aurais pensé voir un garçon pleurer. Encore moins Hunter.

-Tu n'en parle à personne, dit-il.

-Juré, lui promis-je.

-Je suis sérieux, tu n'en parles même pas à ta licorne imaginaire, ou peu importe de ce qu'il s'agit.

-Même pas à elle ? Mais elle ne dira rien. Et comment tu as fait pour deviner que j'avais une licorne imaginaire ? Rigolais-je.

Quoi de mieux que de lui remonter le morale en disant des conneries.

Il insista encore, cette fois-ci avec un sourire sur les lèvres.

-Bon d'accord, je ne dirais à personne que tu es venu pleurer dans mes bras.

Il afficha un sourire, heureux. Il était pour descendre du rocher, mais il se retourna rapidement vers moi et s'approcha de mon oreille.

-Je t'ai laissé un cadeau sur ton épaule car tu as été gentille avec moi.

Ne comprenant pas ce qu'il venait de dire immédiatement, je déposais mon regard sur mon épaule.

Quelques résidus de morve gluante trônaient mon épaule.

-Beurk ! Hunter, t'es répugnant ! Criais-je dans le silence de la nuit.


Métamorphe {Terminée/Corrigée}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant