Chapitre 41. Un deuxième (corrigé)

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-Ruby ? Fit la voix du conducteur.

J'ouvris grands les yeux.

-Papa !? M'exclamais-je.

-Qu'est-ce que tu fais ici ? Me demanda-t-il.

-Et toi, qu'est-ce que tu fous là !?

Il éteignit son moteur et reposa son regard sur moi.

-Ça faisait une dizaine de fois que j'essayais de t'appeler sur ton téléphone, mais tu ne répondais toujours pas. Alors j'ai appelé à Forest Dawn et on m'a dit que tu étais à l'hôpital.

-Et tu as quitté ton congrès simplement pour ça ? Demandais-je.

-Un peu, oui. Je croyais que c'était toi qui était blessée, me dit-il en regardant Vincent. C'est qui lui ?

-Le blessé, répondis-je.

-Que lui est-il arrivé ?

-Je croyais que tu voulais me parler, lançais-je.

-Oui, c'est vrai, mais pas ici, dit mon père. Tu viens probablement du camp de Forest Dawn aussi, non ? Dit-il en s'adressant à Vincent.

-Euh...

-Oui, dis-je en empêchant Vincent de répondre. Mais c'est si important que ça ce que tu dois me dire ?

-En quelques sortes...

Il nous fit signe d'embarquer et on s'exécuta. Je pris la place du passager en avant et Vincent s'installa en arrière. Mon père démarra pour nous reconduire au camp et on resta silencieux tout le long du trajet.

En arrivant, il déposa Vincent qui ne savait pas trop quoi faire à l'entrée du camp et mon père repartit aussitôt sur la route, moi toujours assise dans la voiture.

-Bon, de quoi tu voulais me parler ? Lui dis-je en me tournant vers lui.

Il ne répondit pas, il se concentrait sur la route. Je laissais le silence s'installer. Le décor ne changea pas, il n'y avait que des arbres à perte de vue. Après de longues minutes, je vis une longue clôture métallique noire et bientôt un portail sur lequel y était inscrit « Cimetière ». Mon père gara sa voiture sur le bord de la route et sortit de son auto. Après quelques secondes d'hésitation, je le suivis. Il passa le grand portail et continua sa marche alors que moi je me posais plein de questions. Pourquoi étions-nous ici ? Il y avait quelqu'un de mort dans la famille et je ne le savais pas ?

-Papa, explique-moi.

Il resta silencieux, mais cette fois-ci il me regarda. Il semblait chercher les bons mots à dire.

-Je sais que tu ne l'as pas vraiment connue...

-Ne me parle pas de maman, le coupais-je.

Pourquoi voulait-il me parler d'elle ? Elle était morte à ma naissance, c'était moi la responsable. Le sujet était clos, il n'y avait plus rien à savoir sur elle...

-Je sais que tu n'aimes pas ça quand on parle de ta mère, mais il y a quelques petites choses que je ne t'ai pas encore dites, déclara mon père.

On arriva dans un coin du cimetière où les tombes n'étaient pas les plus belles. Je reconnus très rapidement celle de maman, « Julia Anderson, 13 juillet 1998 ». Sa date de décès était aussi celle de ma naissance. Imaginez le jour de mon anniversaire, joie et tristesse se croisaient.

Je m'en voulais tellement, elle était décédée par ma faute. Elle avait accouché naturellement et elle avait trop souffert en plus d'avoir perdu trop de sang. Elle ne pouvait plus tenir. Tout était de ma faute, mais les autres me disaient que je n'y étais pour rien.

Mon père cessa de fixer la tombe de sa femme et me regarda. J'eus une envie de pleurer, mais je retins une larme car je ne voulais pas avoir l'air faible.

-Il n'y a plus rien à savoir, papa.

-Lors de son accouchement, tout a viré à l'envers. Tout se passait très bien au début, mais lorsque tu es sortie, ça n'a pas été chose facile.

-Tu me l'as déjà dit.

-Écoute jusqu'à la fin, dit mon père en me fixant droit dans les yeux.

Je m'assis sur l'herbe et l'écoutais attentivement, les larmes menaçant de se verser.

-Tu as toujours cru que c'était à cause de toi que ta mère était morte, mais tu te trompais. Tout a viré à l'envers juste après que tu sois sortie. Tu étais dans un petit berceau quand tout le reste s'est produit. Ta mère croyait avoir fini le travail, mais les médecins percevaient encore des battements de cœur dans son ventre, et ce n'était pas les siens. Ils ont alors passé une rapide échographie et ont été très surpris. Ta mère et moi voulions garder la surprise jusqu'à la fin de sa grossesse, ne pas tout de suite savoir ce qui se trouvait là-dedans...

Il s'arrêta et repris avoir fixé l'horizon, quelques secondes.

-Il y avait un deuxième bébé, finit-il.

J'écarquillais les yeux. Quoi ? J'avais une sœur ou un frère ? Jumeau ou jumelle en plus ?

-Que s'est-il passé ensuite ? Lui demandais-je avec curiosité.

-Les médecins ont dû le sortir par césarienne, et c'est pour cela que ta mère n'a pas survécu. Elle était beaucoup trop faible pour continuer. Ils ont tout tenté...

Je versais une larme. Finalement, ce n'était pas ma faute. Mais où était l'autre bébé désormais...

-Et où est le second bébé à présent ?

-Après avoir appris le décès de Julia, j'ai très vite su que je n'allais pas être capable de prendre soin de deux bébés. J'ai décidé de l'envoyer en adoption. Ça m'a brisé le cœur, mais je n'avais pas le choix.

-C'était un garçon ou une fille ?

-Un garçon, mais je ne lui ai pas donné de nom. J'ai laissé le choix à sa famille adoptive.

-Donc, j'ai un frère jumeau en vie en ce moment même ?

Il hocha la tête, l'air de se sentir mal.

-Mais j'aimerais que tu gardes ça pour toi.

-Ne t'en fait pas, le rassurais-je.

J'étais à la fois contente, mais en même temps j'étais, comment dire ? Perturbée ? Je ne savais pas trop quel mot pouvait me qualifier en ce moment.

Une fois retournée à Forest Dawn, mon père se gara près du portail pour que je puisse sortir, mais je lui posais une toute dernière question avant qu'il ne reparte.

-Sais-tu où il est ?


Métamorphe {Terminée/Corrigée}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant