3. Ultimatum.

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3 décembre.

🎄

Harry.

Il faisait énormément chaud, l'air était lourd. Les lumières rouges me brûlaient la rétine.

Matt, l'autre guitariste, commençait à jouer les premières notes de notre nouvelle chanson. J'entendais la foule, qui hurlait de joie.

Neil se mit à scander les paroles que j'avais écrite, tout juste après m'être fait larguer par Beth. Ça faisait tout près d'un mois, aujourd'hui.

Et depuis cette journée affreuse où elle m'avait demandé de quitter son appartement, parce qu'elle était épuisée de mes comportements auto-destructeur, je me contentais de survivre.

Je buvais, je consommais et je jouais de la musique.

Mes doigts grattaient les cordes de la guitare, alors que je fixais la foule, la mâchoire serrée. Ce soir, le concert me donnait la gerbe. Le son était trop fort, les lumières étaient trop puissantes et l'air était trop rare. J'avais la nausée.

Je replaçai mes cheveux vers l'arrière, me foutant de la sueur qui imprégnait mes mains, avant de prendre ma bouteille d'eau, sur le sol. Elle ne contenait pas vraiment de l'eau, c'était de la vodka.

Je pris une bonne lampée, avant de fermer les yeux en avalant l'alcool fort. J'entendais les cris de la foule, mon nom qui sortait de la bouche de quelques filles, le nom de mes amis.

J'ouvris les yeux. Il y avait un nuage de fumée devant moi. Était-elle vraiment là, la fumée? Peut-être que c'était l'effet de la coke et de la vodka. Peut-être aussi que c'était les projecteurs. Je ne savais plus.

Je continuais de gratter ma guitare électrique, comme un malade, sentant les gouttes de sueurs qui traversaient mon dos.

Le dernier couplet de la chanson arrivait, celui qui me brisait le coeur à chaque fois. Quand j'entendais les paroles que j'avais écrite, j'avais toujours de la difficulté à continuer de jouer. C'était comme si je revivais la dispute, notre séparation, encore et encore.

Beth qui me criait des insultes, en pleurant. Beth qui lançait une assiette contre le mur. Beth qui me giflait.

Beth qui me disait mes quatre vérités, qui me jetait en plein visage que je n'étais qu'un minable alcoolo-drogué.

Je fixais la foule. Neil chantait le dernier couplet. J'avais arrêté de jouer. Et sans vraiment le vouloir, ça rendait la chanson encore plus douloureuse, il n'y avait que la voix de Neil, aucun autre instrument.

Je me sentais trembler. J'avais le tournis, les paroles de la chanson se mélangeaient dans ma tête. Je ne voyais plus clair, il y avait une épaisse fumée devant mes yeux. Le stroboscope me rendait fou, littéralement.

Rapidement, je quittai la scène, en courant. Me foutant des ingénieurs de son qui me demandaient ce que je foutais, je courus jusqu'à la loge. Je balançai ma guitare noire sur le canapé pourri, avant d'ouvrir la porte de la salle de bain. Je me plantai devant le miroir.

Mon visage était couvert de gouttelettes de sueurs. Mes cheveux étaient trempés. Mes muscles palpitaient, sous ma peau. Et je sentais des gouttes qui coulaient, contre mes joues. Mais c'était des larmes, cette fois-ci, pas de la sueur.

J'ouvris l'évier et m'aspergeai d'eau froide, avant de prendre une chemise carreauté qui traînait, sur le porte-serviette. Je l'enfilai et quittai rapidement l'endroit où notre groupe jouait, ce soir.

-Harry!

Je tournai rapidement la tête, avant de voir notre manager, un gars comme moi, un alcolo-drogué, comme Beth disait.

ParcellesWhere stories live. Discover now