13. Jeune homme, nous vous demanderions de descendre du bus...

87 9 0
                                    

Harry.

-Et pourquoi c'est moi qui transporte le sac? murmurais-je en jetant ma cigarette dans la ruelle.

-Parce qu'avec mes dreads, c'est clair que je suis plus louche que toi, lâcha Tak. Tu te souviens du plan?

J'hochai la tête en tapotant rapidement du pied, parce que c'était toujours un peu angoissant, transporter un sac à dos remplis de drogue, dans New-York.

-Quand tu sors de la voiture, tu te diriges au banc près de l'arrêt de bus. J'attends quelques secondes, je t'y rejoins et je dépose mon sac sur le sol. Quand le bus arrive, je prend ton sac et je me dirige dans le fond du bus et toi, au début, expliquais-je encore, parce que ça faisait trois fois que Tak me demandait de tout redire pour que je m'en souvienne parfaitement.

-Parfait, parfait. L'auto de Hutch est devant le pressing, je prend le sac et il se met à rouler en direction de la 16ième, il s'arrête trois portes avant l'arrêt de bus et je sors en faisant semblant de le remercier. Okay. Okay, j'y vais.

Il sourit en faisant le signe de la croix, sur son corps, avant de se mettre à marcher, de manière nonchalante, vers le pressing.

Pour l'occasion, nous avions revêtis nos vêtements les plus normaux. Tak avait enfilé son jean noir avec un pull vert forêt, contrairement à ses pantalons larges à motifs et ses chandails à l'effigie de certains états du pays. Quant à moi, j'avais opté pour un jean bleu et une chemise, que j'avais boutonné, alors que je la portais toujours détachée, normalement.

J'avais même attaché mes cheveux et mis un jet de parfum que j'avais vu en tester, dans une pharmacie.

On ne fonctionnait pas souvent de cette façon parce qu'ordinairement, c'était des petites commandes que nous faisions, à Hutch. Sauf que là, il avait fallu renfloué les réserves de secours et Tak et moi en avions profité pour passer nos petites commandes personnelles, étant donné que nous avions beaucoup travaillé sur le chantier, ces derniers jours.

Je m'étais contenté de deux cachets de MDMA, d'un peu de morphine, de quelques grammes de cocaïne et j'avais rajouté des buvards d'acide, lorsque Hutch m'avait informé qu'il allait en recevoir beaucoup plus souvent, maintenant, et qu'ils étaient cent pour cent pure, que c'était du vrai LSD digne des années 70 et non pas une merde chimique.

J'avais consommé de l'acide rien que deux fois, quand j'étais plus jeune. Et c'était magique, j'avais eu cette genre d'ouverture qui m'avait fait comprendre le Monde entier, le temps de quelques jours. J'avais vraiment aimé mes soirées sous LSD et si je n'avais pas recommencé, depuis, c'est seulement parce que le LSD était de plus en plus difficile à trouver. La plupart du temps, c'était un mélange de pleins de trucs chimiques et non-identifiés et tout ça, ça rendait plus à risque de faire de gros badtrip.

Je me mis à marcher lentement vers la rue principale, voyant que la voiture grise de Hutch se mit à rouler. Le plan commençait.

J'essayais de faire comme si j'étais un citoyen simplet, qui marchait lentement pour aller vers l'arrêt du bus de la ville, mais c'était un peu difficile parce qu'il y avait une manifestation pour l'augmentation du salaire minimum, en face d'un bureau du gouvernement. Et il y avait des policiers, qui s'assuraient qu'il n'y ait pas de débordement et que tout se déroule bien.

Le truc, c'est qu'ils regardaient un peu partout, ils faisaient des rondes. Je l'avais mentionné à Tak, mais il avait rouspété en disant que tout irait bien et qu'habillé de cette façon, nous n'allions pas attirer l'attention.

Du coin de l'oeil, je remarquai Tak, qui sortait de la voiture en souriant, remerciant Hutch et enfilant le sac à dos noir sur l'épaule droite. Je fis semblant de lire un panneau publicitaire, dans la vitrine d'un petit restaurant, pour laisser à Tak le temps d'aller s'asseoir et de déposer le sac noir sur le sol, près de ses pieds.

ParcellesWhere stories live. Discover now