1. Je vais te garder en sécurité.

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Goodbye - Apparat.

Harry.

J'étais assis devant la fille, sur une vieille caisse de lait. Et elle était couchée sur le canapé, sous une montagne de draps, de serviettes et de couvertures de laine.

Sa peau était pâle et elle regardait le sol de béton et mes bottes, les yeux perdus et vides, comme si elle n'était plus trop consciente de ce qui était en train de se passer.

-Tu as encore froid? murmurais-je en me penchant vers elle, légèrement.

Je n'étais pas en état d'hypothermie, comme elle, mais j'avais quand même mon manteau sur le dos. L'électricité ne passait pas, dans ce petit garage merdique, mais c'est tout ce qu'on avait trouvé, pour l'instant. Et c'était mieux ça que la rue.

-Un peu, chuchota-t'elle en levant les yeux, vers moi. Mais ça va.

Hochant la tête en la fixant, je déglutis. Elle était dans un sale état. La peau sous ses yeux était légèrement rougie, tirant un peu vers le mauve. Ses lèvres étaient en sang, grugées par le froid.

-Ça fait longtemps que tu es dans la rue? Tu as de la famille, tu veux qu'on appelle quelqu'un?

Elle me zieuta quelques instants. Ses pupilles bougeaient lentement.

-Je suis partie y'a deux jours, répondit-elle en me fixant toujours.

Elle ne voulait visiblement pas y retourner.

-Tu as fuguée? Tu penses que des gens te cherchent, en ce moment? La police, peut-être, interrompit Tak en s'approchant de nous, s'assoyant directement sur le sol de béton, près de moi.

-Tak, marmonnais-je en voyant qu'il posait ce genre de questions.

D'accord, elle avait l'air jeune, mais ce n'était pas une fugueuse en manque d'attention ou un truc du genre.

Une fugueuse n'aurait pas fuguée la veille de la plus grosse tempête hivernale de la saison. C'était dangereux, à moins d'avoir quelqu'un chez qui aller se réfugier. Or, je l'avais retrouvé sur un coin de rue, à moitié morte. Elle n'avait personne et était visiblement novice en matière de survie. Et comme elle était restée sur la rue, quitte à mourir de froid, ça voulait dire un truc: elle ne voulait pas aller dans un refuge où quelqu'un aurait probablement réalisé qu'elle était mineure et aurait appelé la police.

-En fait, tout ce qu'on veut savoir, c'est si tu veux retourner chez toi, si tu veux qu'on t'apporte dans un centre de jeunes, au poste de police, n'importe où, dis-je en la fixant bien dans les yeux.

Elle avait le droit, de retourner chez elle, de réaliser qu'elle avait fait une erreur et qu'elle s'ennuyait un peu de ses parents. Ça arrivait à tout le monde, de craquer et de vouloir partir, quelques instants. Mais ce n'était pas tout le monde qui était prêt à vivre dans la rue.

La fille jeta un coup d'oeil à Tak, puis à moi, avant de secouer la tête.

-Je ne veux pas retourner chez moi, chuchota-t'elle, la voix tremblotante. Je ne sais pas où je veux aller, mais...

Elle larmoyait. Elle se retenait pour ne pas pleurer.

-Ça va, ne t'inquiète pas. Je vais te garder en sécurité, okay? murmurais-je en me penchant vers elle. Tu es en sécurité, ici, avec Tak et moi et tous les autres.

Elle hochait la tête rapidement et déglutissait souvent, ne réussissant pas à contrôler ses larmes. Son visage était complètement trempé.

-Je vais aller chercher des vêtements pour qu'elle se change et de quoi à manger, dit Tak en se levant.

ParcellesWhere stories live. Discover now