5 décembre.
Twer Nyame de la soundtrack du film Beast of no nation.
🎄
Harry.
Thaïlande, 3 heures du matin.
Je regardais Siri, qui était en sueur, sur notre petit lit. Elle ne portait que sa petite culotte. Son ventre rond était dur, il se contractait souvent.
Bapit et sa femme Tharu étaient allés chercher une bassine d'eau, avec des linges, pour aider Siri.
-J'espère que tout se déroulera bien, Harry. S'il y a des complications...
Je déglutis en prenant sa main dans la mienne. S'il y avait des complications, nous étions dans la merde.
Depuis trois ans maintenant, nous vivions en Thaïlande, en région éloignée des grands centre. Ici, c'était un des derniers endroits où les éléphants étaient en liberté, élevés avec douceur et compassion. Chaque jour, je m'assurais que la colonie soit bien en forme, qu'aucun ne soit blessé et que la grossesse de Fha, une jeune femelle, se déroule bien.
Fha, c'était l'éléphante préférée d'Siri. Elle s'en occupait comme la prunelle de ses yeux et lorsque Fha devrait accoucher, c'est Siri qui s'en chargerait.
-Il n'y aura pas de complications. Bapit a déjà apporté le camion près du campement, Siri. Je te promet que tout ira bien, comme le reste de ta grossesse.
Elle me regarda avec ses yeux bleus incertains, avant d'hocher la tête.
Quatre ans plus tôt, j'étais venu ici pour travailler, en échange d'un endroit où dormir. Bapit m'avait accepté dans son antre paradisiaque. Au début, je me chargeais des corvées moins amusantes. Je ramassais la merde des éléphants, littéralement. Mais à chaque jour, il me montrait comment prendre soin de ces grandes bêtes.
Cet endroit, c'était un peu comme un petit village. Il y avait une lagune, où les éléphants s'abreuvaient chaque jour. Des petits bâtiments, pour les visiteurs et les permanents, comme Siri et moi. Et la jungle à l'infinie.
Six mois après mon arrivée, un groupe de Norvégien était débarqué ici, pour faire du volontariat auprès des éléphants. Et Siri faisait partie du groupe. Sa peau pâle frappait avec ma peau bronzée. Ses cheveux blonds scandinave détonnaient, parmis le feuillage vert qui nous entourait constamment.
Je passais mes journées avec elle. C'est moi qui lui avait présenté Fha, alors qu'elle n'était qu'une jeune éléphante.
Et au fil des jours, nous nous étions liés, d'une quelconque façon. Et elle n'était pas retournée en Norvège.
On vivait un peu illégalement. Je n'avais pas renouvelé mon passeport pour demander une citoyenneté thaïlandaise. C'était la même chose pour Siri. Un soir, après avoir fait l'amour, tout près de la lagune, Siri m'avait demandé de brûler nos passeports. D'une certaine façon, c'était la dernière chose officielle qui nous restait. Et si nous allions en grande ville, avec nos passeports et qu'un policier nous arrêtait, nous étions dans la merde, puisque nous avions largement dépassé la limite permise de temps à l'étranger.
Il n'y avait plus rien qui nous retenait, dans la société. Et nous vivions ici depuis trois ans, sans téléphoner à nos proches, pour ne pas être retracé.
Une chose en amenant une autre, Siri était tombée enceinte. Elle avait accueillie la nouvelle avec joie, comme moi. Parce que ce bébé, c'était un bébé d'amour. J'adorais Siri, je l'adorais tellement que je m'étais exilé avec elle, en coupant tout contact avec le reste du monde.
