another story - The head and the heart.
Fiona.
J'étais assise dans le petit café près de mon appartement, là où nous avions convenu de nous rencontrer pour tout mettre au clair et discuter de l'avenir.
J'avais fait exprès de ne pas choisir le café de l'autre côté de la rue, celui où nous passions nos vendredi soir à boire une bière et s'engouffrer de tapas, en écoutant les groupes de musique qui étaient invités. Ça aurait fait trop mal.
Je n'avais pas vu Harry depuis trois semaines. Il m'avait écrit quelques fois, pour prendre de mes nouvelles et je lui avait répondu poliment, sans plus, parce que j'étais encore en train de tout clarifier, dans ma tête. La première semaine, je voulais simplement qu'il foute le camp de Chicago, qu'il foute le camp de tout l'Illinois, même! Puis, ma mère m'avait convaincu qu'au fond, c'était peut-être une mauvaise idée, de lui demander de sortir complètement de ma vie. Harry, malgré qu'il soit un connard de première classe depuis un mois, il restait Harry, il restait celui que j'avais aimé pendant cinq ans. Et je n'aurais pas aimé un connard de première classe pendant cinq ans, j'étais une fille sensée et intelligente.
-Tu es là! dit-il en entrant dans mon champ de vision, pour la première fois depuis près d'un mois.
Merde, il était toujours aussi beau. Je pense qu'il était encore plus beau que depuis que je lui avais demandé de foutre de la camp du studio. Et il portait le chandail que je lui avais offert, à Noël dernier.
-Je suis là, marmonnais-je en voyant sa main droite, qui s'approchait de mon ventre.
Avant qu'elle ne me touche, je la retirai rapidement, déglutissant en sentant tout mon intérieur qui chavirait. Harry toussota, comme pour se donner une constance et se dirigea vers la chaise de l'autre côté de la petite table de bois.
-Tu... vous allez bien, tous les deux? demanda-t'il en fixant le menu, comme s'il hésitait vraiment à commander un différent café.
Harry ne buvait que du café noir. Pas de trucs à la chantilly, pas d'espresso ou de café aromatisés. Juste du café noir, corsé.
-Je vais bien et le bébé aussi, marmonnais-je en prenant une gorgée d'eau glacée. Tout le monde va extrêmement bien.
-Bien... Je vais prendre un café noir, dit-il pour lui-même en fermant le menu, cherchant le serveur du regard.
Ce fut silence jusqu'à ce que le serveur arrive près de nous (et il avait pris beaucoup trop de temps). Harry commanda son café noir, je me contentai de ma tisane que j'avais commandé dès mon arrivée et de mon verre d'eau glacée.
-Alors, chuchota Harry en me fixant.
-Tu as gâché mon idéal familial et le rêve dont je rêvais depuis toute petite. Et tu as brisé ma confiance. Et tu as brisé notre famille, commençais-je en le regardant dans les yeux. Tu as brisé tout ça pour une baise avec Maisie.
Maisie. Le nom me donnait envie de vomir. Ou de battre Harry et elle avec une gigantesque massue brûlante et remplie de pics. Un truc bien violent, quoi.
Harry baissa la tête quelques instants, avant de ramener ses cheveux vers l'arrière.
-Et tu es probablement la personne que je déteste le plus, en ce moment. Après Maisie. Maisie est la personne que je déteste le plus au monde, toi, tu viens tout juste après. Vous devez avoir 0.7 point d'écart. Et si je te déteste un peu moins qu'elle, c'est parce que tu es le père du bébé et que...
Je croisai mes bras sous ma poitrine, jetant un coup d'oeil à travers la fenêtre, parce que la gorge me brûlait et que j'avais l'impression que j'allais éclater. De tristesse ou de rage, je ne savais pas, mais j'allais éclater.
