22. Pitié.

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22 décembre.

Afraid - The Neighbourhood

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3 février 2015, 19h38.

Assis dans mon coin du salon, à même le sol, je regardais la scène, devant mes yeux.

Angela, celle qui s'occupait de nous, le jour, était assise près de Tim, un petit de douze ans, bipolaire et battu par ses parents, selon ce qu'il racontait.

Et Matt, un autre éducateur, était assis au coin opposé de la pièce, un oeil sur nous tous. Particulièrement sur moi.

Il était bien, Matt. Mais il me faisait chier.

Il me fit un petit signe de tête, se demandant probablement pourquoi je n'écoutais pas le film à chier qui jouait à la télévision.

J'haussai les épaules.

Je laissais les canapés paumés pour ceux qui voulait vraiment écouter le film. Les plus petits étaient assis sur le sol, pour être plus proche de la télévision. Les plus grands étaient assis sur les divers canapés. Moi, je m'assoyais dans le coin du salon.

Des bols de croustilles et des boîtes de jus traînaient sur la petite table.

L'autre éducateur, Oliver, traînait dans la salle de repos, avec Mady, qui avait piquée une crise, tout à l'heure.

Nous étions dix, ici. De jeunes paumés fouteurs de troubles, laissés libre par leurs géniteurs.

Le plus jeune avait onze ans. Le plus vieux avait dix-huit ans.

Moi.

Je pouvais me barrer aujourd'hui. Partir.

J'avais dix-huit ans. J'étais libre. Majeur, selon l'état de Camden, du New Jersey.

Le seul truc, c'est que j'avais caché deux rasoirs et quelques cachets, le mois dernier. Et j'en avais maintenant jusqu'à mes dix-neuf ans, ici.

Matt étant mon allier, d'une certaine façon, il n'en avait pas glissé un mot aux directeurs. Il avait simplement demander à ce qu'on me garde jusqu'à mes dix-neufs ans, pour que je devienne un peu plus mature. Enfin, un truc du genre.

Encore 365 jours.

Je sentais encore son regard sur moi. Rapidement, je me levai, pointant le couloir, là où se trouvait ma chambre.

Il hocha la tête. Je jetai un dernier coup d'oeil derrière moi, avant de rentrer dans mon cachot sans porte.

Les murs étaient vides, contrairement aux chambres des autres. Il n'y avait qu'une photo de Matt et moi, en haut de mon lit, lorsqu'on était allé à la fête foraine, avec le groupe de paumés, y'a deux ans et demi.

Il était le seul qui avait voulu faire l'Orbite géant, avec moi. Un genre de truc qui tourne en rond.

Et je me souviens que c'était bien, ce manège. On tournait et on tournait et on tournait.

Et je gardais les yeux ouverts, pour bien voir ce tourbillon de vie.

Je baissai le regard sur mon lit, avant de soulever mon matelas. J'avais glissé, dans la couture, les billets d'argent que j'avais.

Je les pris, avant de me rendre à la petite commode qui contenait les quelques vêtements que j'avais. Je glissai mon chandail chaud sur moi et mit le capuchon sur ma tête. Je fourrai la liasse d'argent dans ma poche et prit mon lecteur de musique, que j'avais eu durant un de mes Noël passé ici, le seul cadeau que j'avais eu de toute ma minable vie.

ParcellesWhere stories live. Discover now