Chapitre 15

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Charles s'essaya à la place fraîchement libérée de Robin et m'offrit le sourire le plus malicieux qui soit. À tomber à la renverse.

- Bonsoir Margaret ! roucoula-t-il doucement pour me faire la cour.

- Tu n'avais pas d'autres idées ? Je suis extrêmement gênée, chuchotai-je.

- Si, mais elles étaient beaucoup moins drôles. Ce qui compte c'est le résultat non ? Tu m'as enfin pour toi toute seule.

Je ne réagis pas comme il l'aurait espéré. À vrai dire, je ne réagis pas du tout et restais impassible. Il était absolument hors de question qu'il s'imagine quoi que ce soit entre nous. Je venais de me débarrasser d'un boulet, je n'allais pas en supporter un deuxième le même soir.

- Tu es toujours comme ça ? lui demandai-je agacée.

- Comment ? enchaîna-t-il en levant la main pour appeler le serveur.

- Tu es terriblement lourd et agaçant.

- Ah oui ? s'étonna-t-il. Ce n'est pas le portrait que l'on fait de moi d'habitude.

- J'aimerais bien savoir ce qu'on dit de toi alors !

- La plupart du temps on me trouve plutôt irrésistible et très distant.

- Distant ? À d'autres ! grognai-je.

Je n'arrivais pas à comprendre, c'était plus fort que tout. Quand il n'était pas là, je mourais d'envie de le voir, d'entendre le son de sa voix et d'autres choses plus niaises les unes que les autres. Et puis, quand il était devant moi, je ne le supportais pas. Son air suffisant me donnait de l'urticaire, mes gènes étaient pré programmé pour remettre en place ce genre d'hommes trop sûrs d'eux.

Le serveur arriva, les lèvres pincées et les oreilles tendues afin de ne rien perdre de notre conversation, des fois qu'une miette de notre dispute fictive nous échappe. Bien entendu, ni Charles ni moi ne lui donnions ce plaisir, interrompant notre conversation sur-le-champ. Il m'observa comme si j'étais un monstre, jugeant mes actes sans aucune réserve.

- Je vais prendre un whisky ! Tu prends quelque chose ? me proposa-t-il.

- Non merci !

Le serveur repartit avec sa commande et Charles s'avança, coudes posés sur la table pour se rapprocher davantage de mon visage. Mon premier réflexe fut de me caler le plus loin possible dans ma chaise.

- Pourquoi tu m'as appelé Margaret ?

- Pourquoi tu m'appelles tout le temps Margaret ? grognai-je.

- Parce que tu m'as dit que tout le monde t'appelait Maggie !

- Oui c'est exact et ça veut bien dire ce que ça veut dire.

- Je ne suis pas tout le monde, trancha-t-il très sérieux tout à coup.

- Comme tu voudras CHA ! insistai-je bien sur le dernier mot.

Je n'allais quand même pas me laisser faire. Au début, ça eut l'aire de lui déplaire, ce qui me fit plutôt sourire, mais ensuite, il se redressa et arbora une mine plus espiègle. Je fus terriblement déçu que le petit surnom que je lui avais trouvé ne le défrise pas autant que le fait qu'il m'appelle Margaret.

- Pourquoi tu m'as appelée ? reposa-t-il sa question pour la deuxième fois.

- Et toi pourquoi es-tu venu ?

Aucun de nous deux ne voulut répondre à l'autre. Nous nous jaugeâmes un moment, comme deux chiens de faïence, sans dire un mot, à essayer de nous convaincre que les réponses à ces deux questions n'avaient aucunes importances.

Cœur ArtificielWhere stories live. Discover now