Chapitre 79

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Nous rentrâmes le jour même et arrivâmes au manoir en seulement deux heures, vol et voiture confondu. Je fus dans mon lit quelques minutes plus tard, tirai les lourdes tentures devant les fenêtres et me plongeai dans une nuit artificielle salvatrice. Je ne me sentis même pas m'endormir. Je n'eus le temps de penser à rien. J'eus un sommeil profond et sans rêves, mon corps se contentant de réparer les dégâts émotionnels que mon cerveau avait pu avoir sur lui. Vers vingt-trois heures, après plus de quinze heures de ce que j'avais vécu comme une sorte de mini-coma, j'en fus tirée de force par un rayon de lumière désagréable sur mon visage.

- Je t'ai réveillé ? s'inquiéta Charles qui m'observait sur le pas de ma porte.

- Ça ne fait rien ! Je pourrais encore dormir des heures. Je suis tellement fatiguée.

- J'en ai parlé à George, il dit que c'est à cause du stress que tu as subi. Il passera voir demain comment tu vas.

- Charles ! le hélai-je.

- Oui ?

- Viens avec moi !

- Tu dois te reposer !

- J'ai besoin de toi, le suppliai-je.

Il ne se laissa pas prier plus longtemps et vint se blottir délicatement contre moi, laissant le rayon de lumière illuminer légèrement la chambre. Il me prit dans ses bras et je vins coller mon oreille contre son torse, me laissant bercer par le mouvement de sa respiration.

- J'entends ton cœur battre, soufflai-je si doucement qu'on aurait pu croire que je craignais d'effrayer la nuit.

Il eut un petit rire et déposa son fameux baiser sur mon front.

- Je crois que j'ai mérité bien plus qu'un baiser sur le front tu ne crois pas ?

Il plongea son regard incandescent dans le mieux et observa ma bouche avec envie sans oser s'en approcher. Je fis le premier pas et scellai mes lèvres aux siennes avec passion. Je le sentis respirer de plus en plus fort sans pour autant rien tenter. Il ne me laissa pas d'autres choix que de prendre les devants.

Ce soir je n'avais pas envie de penser à l'abominable éventualité que Charles ait commis l'irréparable, un meurtre. Je n'avais pas envie d'imaginer ce qu'il était capable de faire.

Je lui empoignai la main qu'il avait innocemment posée sur ma taille et la fis remonter sous mon T-Shirt jusqu'à atteindre ma poitrine. Le frisson qui me parcourut quand ses doigts entrèrent en contact avec le bout de mes seins me fit l'effet d'une grande décharge électrique.

Me sentant aussi prête que jamais, je pressai un peu plus mon corps contre le sien, l'invitant à continuer ses caresses bien au-delà des zones où je l'avais guidé. Je voyais bien que Charles tentait de se maîtriser. Si ça n'avait tenu qu'à lui, il n'aurait fait de moi qu'une bouchée. Je me redressai et ôtai mon T-Shirt que je laissai glisser sur le sol.

- Tu es sûre ? demanda Charles mal à l'aise. Je ne veux pas donner l'impression de profiter de la situation.

- C'est ce que je veux, murmurai-je.

Après mon feu vert des plus explicite, Charles se débarrassa de son jean tandis que je faisais de même avec le dernier sous vêtement qu'il me restait. Je pouvais sentir chaque parcelle de son corps contre le mien ou presque. Dans l'empressement, il oublia d'ôter son T-Shirt, oublie que j'entrepris tout de suite de réparer. Je le voulais tout entier, sans compromis. J'agrippai le bas du tissu mais ne parvins pas à mes fins car il reprit rapidement le dessus, me plaquant contre le matelas avec puissance et possession.

Il y avait quelques jours, ce geste dominateur aurait pu littéralement provoquer un vent de panique en moi. Aujourd'hui, j'étais presque quelqu'un de nouveau, sans secret sur les épaules, sans personnes à convaincre, sans faux-semblants. Il m'observa un instant en silence, le souffle court, l'envie à portée de main. Je vis devant moi, un homme totalement différent de celui que je connaissais et, pour la première fois, je commençais à déceler une once de bonheur dans son regard. Je ne dis pas que Charles n'était pas quelqu'un d'heureux, mais toutes les émotions positives qu'il pouvait ressentir, si tant est qu'il en ressente, avaient bien du mal à atteindre la surface jusqu'à se refléter sur les traits de son visage et dans ses yeux.

Il se pencha légèrement sur moi et souleva l'une de mes jambes. Il usa d'abord d'une extrême délicatesse, contraire à tous ce que j'avais pu entendre dire sur lui et ça manière de faire l'amour. Était-ce parce qu'il s'agissait de moi ou parce qu'il ne voulait pas me brusquer, quoi qu'il en soit, il fut absolument parfait. Il se fraya un chemin vers son but ultime et attendit encore un peu.

- Tu es prête ? me demanda-t-il confirmation une dernière fois.

Je lui fis un signe de tête positif et il prit possession de moi. Je n'avais jamais rien ressenti d'aussi fort, d'aussi bon, de toute ma vie. Chaque coup de reins de mon bel Apollon déclenchait en moi un tsunami de désir et, quand enfin lui et moi nous abandonnâmes dans un seul et dernier cri, je sus que j'étais enfin libérée et que ma nouvelle vie commençait. Ici et maintenant.

A suivre... Tome 2 (terminé)

Cœur ArtificielDove le storie prendono vita. Scoprilo ora