Chapitre 75

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Nous partîmes aux premières lueurs du jour, le lendemain matin. Paul nous conduisit jusqu'à l'aéroport d'où nous prîmes un petit jet privé. Je ne sais même pas pourquoi je m'étais attendue à voyager en classe éco. Parfois, j'oubliais que Charles possédait un empire. C'était comme être une grande star internationale. Sur le tarmac, pendant que mon homme discutait avec le pilote, j'observai les gens dans les salles d'embarquements, collés à la vitre, dans l'espoir de déceler quelle personne célèbre s'apprêtait à s'envoyer en l'air.

Une fois tous les détails réglés, Charles m'entraîna à l'intérieur. Notre vol ne dura pas très longtemps et nous arrivâmes à destination en moins d'une heure. Une voiture aux vitres teintées comme celle de Paul, nous attendait juste au pied de l'appareil. Nos valises furent chargées dans le coffre et nous prîmes la direction de notre hôtel. Là non plus pas de surprise. J'aurais pu m'en douter.

Il s'agissait d'un quatre-étoiles, absolument fabuleux, avec un hall dont la voûte donnait le tournis. Je faillis perdre réellement l'équilibre quand je ne pus m'empêcher d'admirer la superbe verrière à plus de huit mètres au-dessus de nos têtes. Le directeur du palace vint nous saluer en personne et chargea l'un de ses employés de nous conduire dans nos appartements.

Notre chambre était somptueuse, dans les tons de blanc de noir et de gris et d'un modernisme totalement différent du style habituel de Charles. Quelque chose me laissait penser que Paul était derrière tout ça. Si ça n'avait tenu qu'à lui, Charles aurait très bien été capable de dormir dans un "formule 1", du moment qu'il disposait d'un lit pour se reposer.

Face à un lit King size, le plus gros qu'il m'ait été donné de voir de ma vie, s'étendait dans la pièce comme un tableau une baie vitrée donnant sur toute la ville. Je m'imaginais déjà le spectacle magnifique que cela devait être la nuit, lorsque toutes les lumières des immeubles scintillaient ensemble. Sur la gauche, tout de suite en entrant, se trouvait la salle de bains et un peu plus loin un salon et un bureau.

Le valet de chambre déposa nos valises et repartit sans doute avec le plus gros pourboire qu'il n'avait jamais eu. Faisant le tour du propriétaire à la recherche d'une éventuelle seconde chambre que je ne trouvai pas, je revins dans la première où Charles m'attendait patiemment.

- Il n'y a qu'un lit ? fis-je mine de m'en étonner.

- Oui, mais il est très grand, se justifia-t-il.

- Ça me va ! répondis-je du tac au tac.

Je vis dans le regard de Charles qu'il était un peu perdu. Devait-il prendre mes signaux pour ce qu'ils étaient ou devait-il être prudent face à une éventuelle mauvaise interprétation de sa part. Il ne se démonta pas, s'approcha de moi, m'empoigna les hanches et me jeta sur le lit pour venir se mettre à califourchon au-dessus de moi les yeux avides d'envie.

- Ne me tentez pas Mademoiselle ! me supplia-t-il presque.

- Et pourquoi pas ? susurrai-je.

Je ne me reconnaissais plus. Était-ce bien moi qui lui faisais du rentre-dedans ? C'était à peine croyable, même Charles ne savait plus vraiment quoi faire. Il se releva subitement et partit dans la salle de bain où il s'aspergea le visage d'eau à pleine main. Je le suivis, inquiète.

- Est-ce que ça va ? J'ai fait quelque chose de mal ?

- À quoi tu joues Margaret ? se fâcha-t-il. Non, parce que si ce n'est qu'un jeu dit le moi.

- Non pas du tout ! me défendis-je. Je sais que je suis parfois difficile à suivre, mais et si tu me faisais confiance ?

- Je ne demande que ça et j'adorerais me rouler avec toi entre ses draps maintenant, avoua-t-il en se mordant la lèvre de désir. Malheureusement tu choisis bien mal ton moment. Nous devons partir.

- Oh, je suis désolée, m'excusai-je en gloussant devant un Charles que je venais de mettre à bout de nerfs.

Il avait bien du mal à faire redescendre l'excitation qui s'était emparée de lui en quelques secondes. Il passa plusieurs minutes sous la douche et en ressortit, les cheveux encore tout ruisselant, fraîchement changé. Visiblement, il n'avait pas l'intention de faire le moindre effort. Il avait revêtu un jean noir délavé, ses vieilles baskets et un T-Shirt basic noir lui aussi.

De mon côté, j'en avais fait un peu plus. J'avais mis une jupe crayon noire, absolument divine, qui remontait jusqu'à ma taille avec une blouse en soie blanche à fine brettelle. Charles ne sut plus où donner de la tête. Il se rapprocha de moi tel un chat et saisit mes hanches avec une envie de possession bien réelle. Le pire dans tout ça, c'est que ça ne me déplut pas.

- Et dire que je viens de passer cinq minutes sous la douche pour me calmer alors que c'est plus de temps qu'il ne m'en aurait fallu pour te faire jouir. Qu'est-ce que tu m'as fait ?

Qu'il admette avoir pris une douche plutôt que de me culbuter vite fait sur le bord du lit me rassura grandement. Je constatais avec plaisir que, si je faisais des efforts, il en faisait aussi. Je partis dans un rire nerveux car, mine de rien, tout cela était nouveau pour moi. Je lui déposai un léger baiser au coin des lèvres après quoi il prit une grande inspiration.

- Quand il faut y aller, faut y aller, déclara-t-il en me soulevant du sol pour me porter comme une jeune mariée.

Bizarrement, il avait toujours adoré faire ça. Chaque fois qu'il en avait l'occasion, il le faisait. Il m'entraîna hors de notre chambre d'hôtel et me reposa dans le couloir où nous partîmes pour la grande conférence de Charles.

Il était le premier à faire une allocution. Assise dans les gradins d'un amphithéâtre de plus de 1 000 personnes, je l'observais expliquer en détail les avancées spectaculaires de son invention, reconstitution numérique en 3D à l'appuie. Dans l'assistance, j'entendais les commentaires tous plus élogieux les uns les autres à son sujet de même que certaines réserves. Cependant, lorsque Charles eut fini sa présentation, tout le monde se leva pour l'applaudir. Le pauvre vieillard qui passa derrière lui n'eut pas cet honneur. Au bout de trois heures de conférences intéressantes, mais barbantes, une pause fut déclarée.

Certains sortirent pour fumer, d'autres en profitèrent pour vider leur vessie et la dernière catégorie se réunit en petit groupe afin de discuter entre confrères. Bien évidemment, Charles était le centre de toutes les attentions. Quand je réussis enfin à le trouver au milieu de toute cette foule, il était inaccessible. Je dus attendre bien une bonne dizaine de minutes pour que la cour du roi ne se disperse, me laissant ainsi le champ libre. Je vins me blottir contre lui et le félicitai pour cette allocution incroyable.

- C'est toujours comme ça ? m'enquis-je.

- Oui ! leva-t-il les épaules un peu blasé.

- Est-ce que tu te rends compte que tous ces gens t'admirent alors que tu n'es même pas médecin ?

- Qu'est-ce que ça change ? balaya-t-il. Médecin, pas médecin, ce qui compte ce sont les résultats.

- Tu es mon héros !

- Ah Monsieur Potens ! Je vous cherchais partout, le héla une voix familière à mon oreille. Je me présente, Docteur Magelan ! J'ai adoré votre prise de parole.

- Merci beaucoup ! le remercia l'intéressé.

Dîtes moi que c'est un cauchemar !

Cœur ArtificielWhere stories live. Discover now