Chapitre 47

246 18 0
                                    


J'étais installée à l'avant et Charles conduisait, bien que Monsieur n'ait pas le permis. Pour lui il ne s'agissait que d'un détail, un bout de papier rose disait-il. À sa place, la culpabilité se lirait si facilement sur mon visage que je réussirais à me faire arrêter pour un contrôle de police une dizaine de minutes après mon départ. Quoi qu'il en soit, quelque chose me disait que ce n'était pas un problème pour lui.

Nous parcourions les quelques centaines de mètres nous menant au portail de la propriété de Charles quand je vis ma voiture. J'avais complètement oublié que je l'avais laissé là. Charles s'arrêta et les grilles s'ouvrirent.

- Je suis désolée ! Ça m'était complètement sorti de la tête que je l'avais laissé là.

- Comment as-tu fait pour rentrer ? s'étonna-t-il en voyant ma voiture devant l'entrée de la propriété.

- J'ai escaladé les grilles, ça ne voulait pas s'ouvrir.

- Très bien jeune fille, fit-il mine de se fâcher. Vous avez escaladé assez de choses pour le restant de votre vie. Que je ne vous vois plus jamais faire ça !

- Sauf pour vous rejoindre, le défiais-je.

Il sourit, tout à coup conscient de ce que j'étais capable de faire pour ne jamais être éloignée de lui, puis il secoua la tête pour retrouver son sérieux.

- Donne-moi tes clés, je vais la bouger, m'ordonna-t-il en me tendant la main.

Je les lui donnai et il sortit de la voiture pour pénétrer dans la mienne. Il fit marche arrière pour la garer sur le bord du chemin afin de nous permettre de passer et revint sans mes clés.

- Qu'est-ce que tu as fait de mes clés ?

- Je les ai laissées sur le contact, dit-il simplement.

J'étais sur le point de protester quand la voix de Paul retentit dans l'habitacle aussi clair que s'il s'était trouvé avec nous.

- Oui Monsieur ?

- La voiture de Margaret est garée devant le portail. Pouvez-vous la mettre au garage je vous prie ? Les clés sont sur le contact.

- Très bien Monsieur, je m'en occupe tout de suite.

Après cela, nous continuions notre route jusqu'à chez moi, mes béquilles posées sur le siège arrière, dans le plus grand silence. La pluie avait cessé et les nuages avaient laissé place à un beau ciel bleu, pourtant, je tremblais encore de froid. Charles augmenta le chauffage, attentif à la moindre de mes réactions. Un simple frisson, à peine décelable avait suffi. Nous aurions pu poursuivre notre route dans ce même silence, mais c'était sans compter sur Charles.

- Tu t'es disputée avec ton amie Gabrielle ? lâcha-t-il.

Je ne savais pas trop quoi répondre à ça. Je ne savais même pas si c'était une question ou bien une affirmation. Je ne répondis rien et fis mine de réfléchir. Et puis, il ajouta quelque chose.

- C'est à cause de moi ?

- Tu m'as entendu ? le questionnai-je à mon tour.

- Pas vraiment, mais je vois bien que ça ne va pas !

- Elle s'inquiète pour moi ! avouai-je en choisissant mes mots pour ne pas le blesser.

- Ta cheville va bien se remettre. Elle n'a pas à s'inquiéter. J'imagine qu'elle n'apprécie pas vraiment les risques que tu as pris cet après-midi pour moi ?

- Je ne lui ai pas dit ! répondis-je en tournant mon regard vers la fenêtre pour voir le paysage défiler et ainsi pouvoir éviter le regard de Charles. Elle ne comprendrait pas.

Cœur ArtificielOù les histoires vivent. Découvrez maintenant