Chapitre 48

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De retour au manoir, j'avais été m'allonger un peu dans ma chambre, laissant Charles s'occuper de quelques affaires urgentes avant son grand dîner de ce soir. A mon réveil, il était déjà six heures, mais j'étais encore aussi fatiguée que si je n'avais pas dormi. Ma cheville me lançait tellement que je dus me résoudre à prendre le comprimé laissé un peu plus tôt par Charles sur ma table de chevet. Squeezy déboula dans la chambre en miaulant tout ce qu'il pouvait, avant de finalement quitter la pièce. Ce chat était une vraie pipelette et réclamait constamment mon attention.

Je pris mes béquilles et partis à la recherche de ce coquin de chat. J'avais beau l'appeler, il ne faisait que courir partout. Le manoir était un véritable terrain de jeu pour lui et j'avais peur qu'il ne se perde ou pire, qu'il entre dans une pièce que Paul se serait empressé de refermer sans vérifier que Squeezy ne se trouve pas à l'intérieur, peu habitué à ce genre de réflexe. Après l'avoir suivi sur presque tout le rez-de-chaussée, il se rua dans les escaliers et gravit les marches en courant.

J'avais vu plusieurs choses de valeurs à l'étage, un peu plus tôt dans l'après-midi, et connaissant la fâcheuse tendance qu'avait mon félin pour monter sur les meubles, je ne souhaitais pas qu'il casse quoi que ce soit que je ne sois en mesure de rembourser, ou de recoller, sans que ça ne se remarque.

Autant être honnête, gravir cet escalier avec mes béquilles me demanda beaucoup d'énergie et d'équilibre. Je ne tenais pas à dégringoler jusqu'en bas comme j'avais pu le faire croire à Gab. Peut-être serait-ce ma punition pour lui avoir menti. Je tentais de faire en sorte de ne pas laisser cette vilaine prophétie se réaliser et réussis enfin à atteindre le palier sans encombre. Bien évidemment ce petit chat malicieux s'était déjà envolé et n'avait pas attendu que je claudique jusqu'en haut des marches pour s'enfuir.

Je pris le premier couloir à ma gauche et pénétrais dans toutes les pièces dont les portes étaient ouvertes à la recherche de Squeezy, sans succès. Notre petite partie de cache-cache cache m'entraîna jusqu'à la salle de bains de Charles, d'où un bruit d'eau s'échappait. La porte étant grande ouverte, le félin n'avait pas hésité à se faufiler à l'intérieur et à s'installer paisiblement sur le tapis de bain. Je m'arrêtai net, soudainement attirée par la silhouette de mon hôte, de dos, sous la douche. Je fus immédiatement happée par la beauté de son corps à travers la vitre légèrement embuée de la douche et qui m'offrit la liberté de découvrir le moindre méandre de son anatomie.

Il était d'une beauté à couper le souffle et pour la première fois, je vis mon homme nu. Il n'avait absolument rien à envier aux athlètes de hauts niveaux, les contours de son corps, les muscles saillants de son dos, ses fesses incroyablement bien dessinées, tout était parfait. On aurait dit une copie parfaite d'une statue grecque. Il était beau et malgré toute sa nudité, je n'arrivais pas à détourner mon regard de la perfection qu'il incarnait. Soudainement, Squeezy se prit d'une envie de miauler, trop heureux que je l'ai retrouvé. Immédiatement, Charles tourna la tête dans ma direction ainsi que légèrement le buste. D'abord surpris, il resta un moment à me toiser, ses magnifiques cils perlés de gouttes d'eau. Après de longues secondes où je ne pus détourner mon regard du sien, je pris conscience de l'impertinence de mon comportement et fis demi-tour à la hâte.

Je claudiquai à nouveau en direction des escaliers et me donnai une minute en haut des marches pour réfléchir à la manière dont j'allais m'y prendre pour redescendre. Je n'eus pas à réfléchir très longtemps à la question. Charles sortit de nulle part et, pour la deuxième fois de la journée, ses bras puissants m'arrachèrent du sol. Encore tout dégoulinant, il me fit descendre les marches comme le font traditionnellement les jeunes mariés quand ils rentrent chez eux pour la première fois en tant que mari et femme. Il ne portait autour de ses hanches rien d'autre qu'une serviette ainsi qu'une autre posée en travers d'une de ses épaules et recouvrant son torse. De fines gouttelettes d'eau ruisselaient de ses petites boucles dans ses cheveux jusque sur son visage. Il descendit prudemment les escaliers, laissant mes béquilles au seuil des marches, à l'étage.

Cœur ArtificielWhere stories live. Discover now