Chapitre 27

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De retour chez moi ce jour-là, je ne pus m'empêcher de cogiter encore et encore sur l'être mystérieux qu'était Charles aux yeux de tous. Étrangement, bien que je ne sache absolument rien sur lui, je n'arrivais pas à m'en méfier et cette question m'avait hanté toute la journée. Pourtant, une fois à la maison, j'avais fait, un temps, comme si de rien n'était. Après avoir fait un gros câlin à squeezy et préparé mon dîner, je filais sous la douche et en ressortis vingt-cinq minutes plus tard.

Je refusais de l'admettre, mais j'étais plus perturbée que je ne voulais bien le croire. En enroulant ma serviette autour de ma taille, je pris mon téléphone pour y vérifier si Charles n'avait pas essayé de me contacter, auquel cas, j'allais avoir des problèmes. Voilà une chose que je savais sur lui, il détestait que je ne lui réponde pas quand il m'appelait. C'était une marque d'affection m'évertuai-je à penser tandis qu'une petite voix au fond de moi me hurlait "une marque de possession". Pas de message.

Mme Cheming avait réussi à semer le doute dans mon esprit et à cause d'elle je ne pus me retenir plus longtemps de me ruer sur mon ordinateur portable. Ce n'était pas dans mes habitudes de déambuler en serviette humide dans tout mon appartement. Je sortis de la salle de bains en trombe pour rejoindre mon salon et me jeter sur le canapé, mon ordinateur portable à la main. Je me félicitai de ne jamais l'éteindre car me rendre sur un moteur de recherche ne me prit que quelques secondes.

J'avais l'impression d'être Bella dans Twilight quand elle s'apprête à découvrir via internet que son bel Edward est un vampire. Pourvu que le mieux ne soit pas un serial killer c'est tout ce que je demandai.

En entrant le nom de Charles dans la barre de recherche je découvris bon nombre de choses à son sujet. Tout d'abord, et ça me surprit pour quelqu'un d'aussi médiatisé que lui, il ne semblait pas posséder de page sur les réseaux sociaux. Moi-même je n'en avais pas car je trouvais cet exercice et ce passe-temps très chronophage et tout bonnement inutile dans la construction de ma vie et de ma personne.

La première page sur laquelle je cliquai était une sorte de biographie très axée sur sa réussite professionnelle. Je découvris qu'avant cela, le très adulé et très énigmatique, Charles Potens était un parfait inconnu. Il était sorti de nulle part avec son cœur artificiel, avait révolutionné le monde de la médecine de nombreuses manières et présentait déjà sa énième version du cœur au grand public et à l'ensemble du monde médical. En dehors de cela, on pouvait bien entendu lire que Charles était un génie comme il en existera rarement sur terre, mais qu'il n'y avait que la médecine et surtout la biomécanique qui l'intéressait.

En ce qui concernait sa vie privée, son enfance, je n'y trouvai aucune mention nulle part, seul revenait continuellement à la charge les récits de ses frasques amoureuses. Certains s'étaient même amusés à les énumérer et le chiffre avait de quoi donner le tournis. Le récit des femmes éconduites se bousculait sur la toile où entre les pages des magazines. Elles faisaient de lui le portrait d'un homme tout à fait charmant au début puis froid, délaissant les pauvres échevelées aussi vite qu'elles étaient tombées dans ses filets. L'une d'elles disait "Charles Potens charme, prend et jette. C'est un maniaque du contrôle pour lequel le bonheur semble trop imprévisible pour qu'il y apporte le moindre intérêt. Il finira seul et malheureux."

Plusieurs fois le mot dominant, revint à la charge. Il était dépeint comme un chasseur émérite, un Casanova qui ne donnait jamais suite à la moindre nuit. S'ensuivait toujours le récit précis de leurs nuits de sexe que je ne pus me résoudre à lire. Je n'en avais pas vraiment envie et, surtout, je ne tenais pas à me laisser influencer par l'avis de quiconque. Pourtant, tout ce que j'avais déjà lu précédemment m'avait déjà plus ou moins influencé. Je n'étais plus vraiment rassurée.

Cœur ArtificielWhere stories live. Discover now