Chapitre 53

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En pénétrant dans le bureau de Charles, je savais que je n'en avais pas terminé avec les explications. J'avais passé un moment avec Gab dans le couloir et je savais que ce temps lui avait été propice à l'auto bourrage de crâne et effectivement, assis derrière son bureau, il avait l'air furieux. Je ne lui laissai pas la chance de prendre l'avantage en commençant les hostilités et pris les devants.

- Pourquoi es-tu énervé comme ça ?

- Ce garçon ! débuta-t-il la mâchoire serrée sans me quitter du regard. Est-ce que c'est toujours comme ça avec toi ?

- Quoi ? Bien sûr que non, me défendis-je vexée. Crois-moi, en général je suis totalement transparente et puis là n'est même pas la question. Il cherchait simplement à m'aider.

- À t'aider ? Ça ne serait pas arrivé si tu m'avais attendu.

- Je te l'ai déjà dit tout à l'heure. Tout le monde m'observait de manière bizarre.

- Pourquoi tu te préoccupes du regard des autres ? railla-t-il.

- Oui, j'ai bien vu que tu avais cette capacité extraordinaire à occulter le monde autour de toi, mais tout ça c'est nouveau pour moi.

Le visage de Charles se radoucit et il donna même l'impression de comprendre mon point de vue. Je me rapprochai du bureau et m'assis dessus pour lui faire face.

- Tu le sais, tu es un homme désiré de nombreuses manières et ma présence à tes côtés attise la convoitise de certaines femmes.

- Et celle de certains hommes, prêts à tout pour prouver qu'ils sont à la hauteur. Ce n'est pas la première fois que je te trouve en compagnie d'un homme. Si ma mémoire est bonne, un soir j'ai même dû intervenir dans un bar pour te venir en aide, alors ne me fais pas croire qu'aucun d'entre eux ne te désire.

- Me désire ? redis-je. Qu'est-ce qui te fais croire que ces hommes me désirent ? Et puis la question n'est même pas là, tu t'en es pris à ce garçon pour rien. Parfois les gens agissent sans rien attendre en retour tu sais...

- Je ne supporte pas l'idée qu'un autre homme puisse posséder ce que je ne possède pas.

- Je croyais que nous étions d'accord pour une union libre, le taquinai-je en sachant très bien que j'allais le mettre en colère.

- Moi, gronda-t-il. Pas toi !

- Tu n'as pas de soucis à te faire. Moi je n'ai pas besoin d'aller voir ailleurs pour t'aimer.

Je descendis du bureau et fis un petit tour dans la pièce, l'âme mélancolique pour voir si Charles s'engouffrait dans la brèche et allait se confesser auprès de moi. Il n'en fut rien. Il se leva et vint se poster devant moi, l'air très sérieux.

- Tu désires revenir sur notre accord ? me demanda-t-il.

- Non, répondis-je sans avoir à y réfléchir. Parce que sinon je sais que je te perds à tout jamais.

Il déposa un baiser sur mon front et murmura au creux de mon oreille.

- Tu es à moi !

Dans la bouche de Charles cette phrase souffla comme un "je t'aime". Peut-être bien que ce n'en était pas du tout un, peut-être allait-il trop loin, mais je m'en moquais complètement. Je voulais bien être à lui si c'est tout ce qu'il attendait de moi.

Le reste de la journée se déroula sans encombre. J'accompagnai Charles lors de son premier cours et eus le bonheur de découvrir un homme totalement différent de celui que je connaissais. Il me rappela la première fois que je l'avais vu. Lorsqu'il transmettait son savoir, son visage resplendissait d'une lueur que je n'avais que très rarement l'honneur d'observer chez lui.

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