Chapitre 61

223 16 0
                                    


Le lendemain matin, je fus brutalement arrachée de mes rêves par un son très désagréable. Visiblement, quelqu'un en voulait à mon sommeil. La sonnette de l'entrée résonnait si fort et avec tant d'insistance dans mon appartement, que je ne pouvais m'imaginer qu'il puisse s'agir d'une simple visite de courtoisie. Je mettais n'importe qui au défi d'être de bonne humeur après un réveil pareil. Mes frasques de la veille rendaient le son encore plus insoutenable qu'à l'accoutumée.

Malgré l'obstination de mon visiteur, je pris tout de même le temps de vérifier une chose qui me tenait à cœur. Je saisis mon téléphone portable et vérifiai si je n'avais pas eu de nouvelles de Charles. Combien de matins similaires à celui-ci avais-je déjà vécus depuis que je l'avais rencontré ? Mis à part le coup de la sonnette bien entendu. Combien de temps étais-je restée suspendu à l'écran de mon téléphone en espérant qu'il m'écrive ? Sûrement beaucoup trop longtemps et, comme toutes les autres fois, mon portable était resté muet. Aucun message de Charles n'illuminait à la fois mon écran et mon réveil.

Je jetai par dépit mon téléphone sur l'édredon et me forçai enfin à quitter mon lit pour faire cesser cette sonnerie abrutissante. Sur le chemin qui me séparait de la porte d'entrée je me demandais bien quel pouvait être l'idiot qui s'évertuait ainsi à vouloir gâcher ma matinée. Je me mis en condition, prête à recevoir ce crétin comme il se devait. Je portais encore mon pyjama en coton finement rayé noir et blanc, mais ça ne m'empêcherait pas de botter les fesses de cet idiot. J'ouvris enfin la porte et découvris avec stupéfaction Paul sur le palier, impassible.

- Et merde ! jurai-je en me remémorant mon rendez-vous chez le médecin prit par Charles.

- Soirée agitée ? se permit-il de me demander.

Je devais avoir une mine affreuse tant sa question semblait ne pas avoir été posée à la légère. Quoi ? Ça aussi il avait l'intention d'aller le cafter à Charles ? Je fus assez bien élevée pour ne pas lui faire la remarque, quand bien même ça me démangeait les zygomatiques.

- Laissez-moi dix minutes et je suis prête, l'informai-je en l'invitant à entrer.

- Je doute que ça puisse suffire !

Qu'est-ce qui lui prenait ? Monsieur était fâché ? Et bien j'avais un scoop pour lui, moi aussi j'étais hors de moi après qu'il m'ait quasiment séquestré au manoir. Depuis quand était-il si insultant ? J'en restai bouche bée.

Paul n'attendit pas que je rétorque quoi que ce soit et me tendit mes clés de voiture. Je fus si surprise que je mis un moment avant de m'en saisir. Je compris que Paul n'était absolument pas là pour me conduire, mais uniquement pour me rendre mes clés.

- Votre voiture est en bas et j'imagine qu'elle vous conduira là où vous le souhaiterez ! dit-il d'un ton monocorde.

C'en était trop pour moi.

- Pourquoi avez-vous dit à Charles que j'étais partie ? Je vous avais pourtant dit de ne rien dire, explosai-je.

- Vous ne méritez pas toute l'attention qu'il vous porte ! enchaîna Paul sans se démonter.

- Vous appelez ça de l'attention ? Vous m'avez presque séquestré hier.

- Ne soyez pas sotte Mademoiselle, je vous aurais emmenés où bon vous aurait semblé.

- Pour pouvoir rapporter à Charles la moindre seconde de ma journée ? raillai-je. Non merci.

Il eut un petit rire sarcastique qui ne me plut pas du tout et que je perçus comme extrêmement insultant venant de lui.

- Si vous pensez que Monsieur Potens n'a que ça à faire de ses journées vous vous méprenez. Il a bien plus important à penser en ce moment. Il souhaite simplement que vous soyez bien et que vous ne manquiez de rien, mais vraisemblablement vous vous rebellez contre toute forme de possession parce que vous avez peur.

Cœur ArtificielWhere stories live. Discover now