Chapitre 71

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Quelques heures plus tard, Charles et moi nous rendions en ville à bord de ma voiture car, rappelons-le, mon bel Apollon n'avait pas le permis, ce qui par ailleurs ne l'avait jamais empêché de conduire malgré tout. En ce bel été, le temps était splendide. Pour mettre Charles de bonne humeur, j'avais mis toutes les chances de mon côté. J'avais revêtu une petite robe vaporeuse blanche recouverte d'oiseux ainsi qu'une épaisse ceinture en cuir noir nouée autour de la taille. Durant le trajet, et à force de jouer avec les pédales, celle-ci se mit doucement à glisser le long de mes cuisses jusqu'à mon bas-ventre. Plusieurs fois, je sentis le regard de Charles se poser sur moi, mais fis comme si je n'avais rien remarqué. Je ne voulais pas qu'il pense que je l'aguichais après ce qui nous était arrivé. Il m'aurait trouvé sacrément gonflée.

Arrivé à destination, Charles sortit le premier et vissa sur son beau visage ses lunettes de soleil. En ce moment, il ne supportait plus les paparazzis et les inconnus qui nous prenaient en photo au coin des rues. Ces derniers temps, avec notre brouille et la vie tumultueuse qu'il menait, d'horribles histoires circulaient dans les tabloïds. Bien évidemment, toutes celles relatant sa double vie de culbuteur en chef n'étaient pas totalement fausses, mais elles prenaient de drôles de proportions. C'était fou comment une histoire pouvait trouver toutes sortes d'échos différents. La réalité ne valait guère mieux.

À notre arrivée, ma mère se jeta littéralement en l'air pour nous faire de grand signe. Question discrétion on pouvait faire beaucoup mieux. Je rangeai mes clefs dans mon sac et inspirai profondément. Charles eut un petit rire amusé.

- Je suis désolée, m'excusai-je. Je lui avais dit d'être discrète.

J'avais été obligé de dire à ma mère que je sortais avec Charles Potens et qui il était avant que nous la rencontrions. Je ne tenais pas à ce qu'elle le mitraille de questions toutes aussi embarrassantes les unes que les autres et je voulais surtout qu'elle respecte le souhait de Charles de passer plus ou moins inaperçu. C'était loupé.

- Aucune importance, viens ! m'ordonna-t-il en m'attrapant la main.

Le premier contact entre nous depuis des semaines. C'était bon de sentir son corps chaud à nouveau. Nous nous frayâmes un chemin entre les tables et soudain, un doux souvenir me revint en mémoire.

- Charles, l'interpellai-je en le stoppant.

- Quoi ? s'enquit-il en m'adressant un regard inquiet et plein de bienveillance.

- C'est le bar dans lequel nous avons eu notre premier rendez-vous. Tu t'en souviens ?

Il hocha positivement la tête, trop pudique pour en dire plus. Il se contenta de serrer ma main un peu plus fort pour me montrer qu'il partageait mon émotion. Bon, j'avoue, j'avais choisi cet endroit en tout état de cause même si, ce soir-là, je l'avais aussi giflé n'oublions pas.

Ma mère nous accueillit aussi chaleureusement que si Charles était son fils. Elle lui claqua de bruyants baisers sur la joue, chose que même moi je ne m'étais pas encore autorisé à faire. Mon compagnon n'était pas tellement tactile sauf quand il en avait décidé autrement et que la situation virait à son sport favori. Je roulai des yeux pleins de gênes et d'excuses à Charles qui parut un moment désorienté avant de finalement trouver le personnage qu'était ma mère assez comique.

Lorsque nous nous installâmes sur nos chaises Charles en profita pour glisser quelques mots à mon oreille.

- Détends-toi, tout va bien, je suis en vie, me souffla-t-il doucement.

Charles faisait de l'humour, ça avait l'air de bien se passer. Ma mère fut tout de suite lancée comme un cheval au galop sur une plaine.

- Oh mes chéris ce que je suis heureuse de vous voir, s'exclama-t-elle. Je suis réellement ravie de faire votre connaissance Charles.

Cœur ArtificielWhere stories live. Discover now