Chapitre 78

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Le temps que le taxi me conduise au commissariat, je m'étais fait tous les films possibles et imaginables. Pour moi, il n'y avait pas le moindre doute, Charles faisait partie de l'affaire. Je ne pouvais pas croire qu'une telle coïncidence puisse se produire. Le Commissaire Rambouin n'avait pas voulu m'en dire plus au téléphone, mais j'avais le sentiment qu'il s'agissait de quelque chose de grave. À mon arrivée, je payai le taxi et rentrai à toute vitesse dans les locaux de la police.

- Bonjour, le commissaire Rambouin vient de m'appeler à propos de Monsieur Potens. C'est urgent !

- Ah Mademoiselle ! s'exclama le commissaire dans mon dos. Venez, il est par là, m'enjoigna-t-il à le suivre.

- Qu'est-ce qui se passe ? lui demandai-je en le suivant dans les couloirs.

- On a arrêté votre fiancé, ivre, à bord d'une voiture volée et sans permis.

- Pardon ? m'offusquai-je.

Il y avait plusieurs choses qui n'allaient pas dans ce qu'il venait de dire. Déjà, Charles ne buvait jamais, ensuite il avait largement de quoi s'offrir n'importe quelle voiture alors pourquoi en voler une ? En ce qui concernait son permis, ce n'était que parti remise. Depuis le temps que je craignais qu'il ne se fasse arrêter.

- Compte tenu de sa notoriété, je vais laisser passer pour cette fois. La voiture n'a rien et son propriétaire a décidé de ne pas porter plainte. En revanche, je l'ai gardé en cellule de dégrisement pour la nuit à cause du taux plus qu'élevé d'alcool qu'il avait dans le sang. Je passerai sous silence le fait qu'il conduisait sans permis. Voilà seulement qu'il revient à lui. Quand je lui ai demandé s'il voulait appeler quelqu'un c'est vous qu'il a demandé.

- Je vous remercie de m'avoir appelé !

- Tenez, il est là, me désigna-t-il la cellule de dégrisement dans laquelle Charles se tenait sagement assis. Prenez le temps qu'il vous faut et rejoignez-moi à l'accueil j'ai quelque chose pour vous.

- Entendu !

Je pénétrai dans la petite pièce vétuste et Charles se contenta de lever les yeux dans ma direction.

- Je suis désolé de t'avoir fait venir jusqu'ici, commença-t-il par s'excuser.

- Comment vas-tu ? m'assurai-je en venant m'asseoir à ses côtés.

- Mal ! Mais je n'ai pas à me plaindre.

- Il n'y aura aucune charge retenue contre toi.

- Tant mieux !

- Tu as eu beaucoup de chance surtout. Pourquoi tu as fait ça ? Qu'est-ce-qui t'a pris ? le sermonnai-je.

- Je ne sais pas.

- Tu as volé une voiture Charles ! Et tu étais ivre ? Mais comment c'est possible ? Tu ne bois jamais ! Tu n'aurais pas pu choisir un pire moment que celui-ci.

- Il y avait tellement de colère en moi, j'ai juste...

Il laissa sa phrase en suspens, laissant place à mon imagination débordante pour combler les vides. J'ai juste... voulu qu'il paie ce qu'il t'avait fait. J'ai juste... tué cet homme.

- Juste quoi ? le poussai-je à dire ce qu'il avait sur le cœur.

- Je n'ai pas supporté ce qu'il t'avait fait. Ça m'a rendu fou, s'expliqua-t-il.

- Le Docteur Magelan est mort ! lâchai-je soudainement pour voir sa réaction.

Il leva à peine les yeux, se contentant de me lancer le plus rapide des regards en biais qu'il m'ait été donné de voir. Je trouvai cela très suspect.

Cœur ArtificielOù les histoires vivent. Découvrez maintenant