Chapitre 28

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Après un vendredi bien chargé en cours, la journée était enfin terminée et je rêvais déjà de rentrer chez moi, de me faire une grande tasse de thé bien chaude, de mettre mes chaussettes les plus douces et de me mettre en boule sur mon canapé en attendant de revoir Charles. J'étais un peu épuisée de ma nuit et comptais bien me reposer un peu avant de l'affronter le lendemain. Malheureusement pour moi, je fus surprise de découvrir l'Audi noire de Charles garée devant l'université, tous les regards braqués sur elle, avec Paul attendant patiemment debout à côté de la portière.

Je voulus me faire aussi petite qu'une fourmi et réussir à me faufiler discrètement sans être aperçu. Je ne tenais absolument pas à monter dans la voiture que tout le monde avait identifiée depuis longtemps comme étant celle du chauffeur de Charles Potens. Je pris donc les grands escaliers à l'extrême gauche, rasant littéralement la rambarde. Avec un peu de chance, le flot d'étudiants me rendrait peut-être invisible.

Cela ne fonctionna pas vraiment et en y réfléchissant bien, c'était peut-être même pire. Si je m'étais glissé discrètement dans la voiture comme une anguille, on ne m'aurait certainement pas remarqué. Paul m'aperçut malgré la foule et vint à ma rencontre avec son long manteau noir, ses gants de cuir et sa coupe de cheveux impeccable.

- Mademoiselle Margaret ! me héla-t-il en se dirigeant vers moi.

Je bouillonnai de l'intérieur. Absolument tous les étudiants alentours se retournèrent pour nous toiser, surtout moi. Prise au piège, je n'eus d'autres choix que de m'arrêter et de lui faire face.

- Appelez-moi Maggie ! lui demandai-je pour la deuxième fois.

- Impossible Mademoiselle, Monsieur Potens ne veut pas que je vous nomme ainsi, se défendit-il.

- Ce n'est pas lui qui décide de tout ici.

- J'ai bien peur que ce soit le cas pour moi. Je viens vous chercher pour vous conduire à Monsieur, la voiture est juste là.

Il la désigna du doigt, cherchant poliment à ne pas me faire remarquer qu'il m'avait vu l'éviter. J'avoue que la situation m'échappa un peu. Charles m'avait pourtant bien prévenu qu'il enverrait Paul me chercher, mais je pensais que ce serait demain et dans l'intimité de ma rue, pas devant tout le campus. J'avais le sentiment qu'on me forçait la main et je n'étais pas très à l'aise avec ça.

Je montai dans la voiture sans protester, la tête baissée pour ne pas subir les centaines d'yeux braqués sur moi. Paul m'ouvrit la portière passager arrière et je me glissai à l'intérieur comme une anguille. Une fois à l'abri derrière les vitres teintées ma tension retomba légèrement et la joie de revoir Charles l'emporta sur ma colère et ma méfiance.

Durant le trajet, plusieurs questions me vinrent à l'esprit et je profitai de l'absence de mon nouveau petit ami pour les poser en toute discrétion.

- Paul !

- Oui Mademoiselle !

- La première fois que vous êtes venus chez moi je ne vous ai pas demandé comment vous aviez su où j'habitais.

- C'est Monsieur Potens qui m'a donné votre adresse.

Il me jetait de petits regards dans le rétroviseur pour juger de ma réaction. Il vit que celle-ci ne me satisfaisait pas alors il enchaîna rapidement avant que je ne proteste.

- Pourquoi toutes ces questions Mademoiselle Margaret ?

- Maggie, rectifiai-je sans répondre à sa question.

- Cela ne me regarde sans doute pas, mais vous vous méfiez beaucoup de lui.

- J'ai des raisons de le faire non ?

Cœur ArtificielWhere stories live. Discover now