Chapitre 52

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Nous arrivâmes enfin sur le campus. Paul nous déposa juste devant la fac de médecine et, instinctivement, de nombreux étudiants, principalement des étudiantes, s'arrêtèrent pour voir descendre l'homme le plus beau et le plus riche du 21e siècle, se mouvoir devant elle. Charles se tenait déjà dehors tandis que je prenais auprès de Paul son numéro de téléphone pour qu'il vienne me chercher plus tard dans la journée. Je trouvais tout ça ridicule, voilà que j'avais maintenant un chauffeur.

- Margaret dépêche-toi, je dois encore passer à mon bureau avant d'aller en cours, me prévint-il en frappant sur le toit de la voiture du plat de la main pour montrer son impatience.

Je sortis enfin et dus faire face aux regards outrés et assassins des filles présentes à l'arrivée de leur Dieu. J'étais terriblement mal à l'aise devant autant de malveillance. Tandis que nous progressions jusqu'à la porte du hall (à faible allure étant donné mon pied) je vis ces filles me juger sans me connaître, comme des groupies lorsque leur star préférée sort avec une femme et qu'elles espèrent secrètement la mort de cette dernière. J'entendis même l'une d'elles dire : "Mais qu'est-ce qu'il fout avec une meuf comme elle ?".

Charles, lui, semblait totalement hermétique à ce qui se déroulait autour de lui. Il prit un peu d'avance sur moi pour me tenir la porte et m'invita à entrer. Ce fut à mon tour de prendre de l'avance sur lui. Malgré mes béquilles, je mis les bouchées doubles pour faire des pas de plus en plus amples et ainsi éviter d'être à ses côtés et d'avoir à supporter le regard malsain de toutes ses femmes sur moi. Je réussis à traverser le hall sans encombre et me dirigeais sans ménagement jusqu'à son bureau et pour ça nous dûmes prendre les escaliers. Je ne l'attendis par pour autant et commençais mon ascension au milieu d'étudiants médusés que je parvienne à me hisser sur les marches.

À cette heure, les escaliers, comme tout le campus, n'était qu'une immense fourmilière. Je tournais la tête pour apprécier la distance qui me séparait de Charles et vis qu'il était bloqué avec l'un de ses confrères ce qui me laissa le champ libre pour continuer à progresser seule. Je voyais gros comme une maison la réaction de mon petit ami. Il allait se précipiter sur moi et me porter jusqu'au sommet des marches, comme il l'avait fait chez lui or, je ne tenais pas à subir ce genre d'humiliation ici et devant tout le monde.

Alors que je tentais de gravir les marches sans risquer de me rompre le cou, ce qui aurait tout à fait été mon genre, un charmant jeune homme se précipita sur moi pour me venir en aide.

- Je peux vous aider ? se proposa-t-il un large sourire sur son visage.

Jamais aucun homme ne m'avait abordé de la sorte. D'habitude, j'étais si renfermée que les hommes sentaient bien qu'ils étaient indésirables au point de ne jamais s'aventurer à m'approcher. J'avais conscience d'être différente depuis Charles, j'étais plus épanouie et donc plus accessible. J'acceptais donc l'aide de ce charmant jeune homme avec grand plaisir et lui confiais mes béquilles. Je m'agrippais de ma main droite à la rambarde tandis que l'inconnu glissa sa main sur mon coude pour m'aider à me hisser de marche en marche.

Cet élan de générosité, malheureusement, ne dura que quelques secondes car Charles déboula comme une furie. Il s'empara de mon coude, forçant le jeune homme à lâcher prise. Charles le toisa droit dans les yeux dans un combat de supériorité très humiliant pour moi et grotesque.

- Je vais prendre le relais, gronda-t-il à l'intention de l'étudiant.

Le garçon passa rapidement de Charles à moi, soudainement paralysé et s'excusa mille fois.

- Je ... Je suis désolé... Je ne savais pas... Je..., bégaya-t-il en me rendant mes béquilles avant de s'éloigner.

- Merci quand même ! hurlai-je à son intention tandis qu'il s'enfuyait loin de nous, surtout de moi. Qu'est-ce qui te prends ? rabrouai-je Charles tandis qu'il s'emparait de mes béquilles.

Cœur ArtificielWhere stories live. Discover now